Mercredi dernier le géant Africain a lancé de nouveaux billets de banque dans le but de réduire l’inflation et le risque de blanchiment d’argent au sein du pays.

Ce 23 novembre les nouveaux billets de banque en Naira produits par la Nigerian Security Printing and Minting (NSPM) PLC, ont été lancés à Abuja.

 Au cours du lancement, le président Muhammadu Buhari a expliqué en détail la base de son approbation à la Banque Centrale du Nigéria (CBN) pour reconcevoir les ₦ 200, ₦ 500 et ₦ 1000 billets de banque.

Selon lui, les meilleures pratiques internationales exigent que la Banque centrale et les autorités émettent de nouveaux billets tous les cinq à huit ans. Pourtant, il y a déjà près d’une vingtaine d’années que ces changements n’ont pas été exécutés.

“Les nouveaux billets contribueront à la lutte contre la corruption. Ils permettront de réduire les grosses coupures utilisées pour la corruption et les mouvements de ces fonds à partir des systèmes bancaires seront facilement suivis par les agences de sécurité compétentes” a-t-il renchéri.

Le gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria (CBN), Godwin Emefiele pour sa part a déclaré que plus de 80 % des 3,2 trillions de naira (7,2 milliards de dollars) en circulation au Nigeria se trouvent hors des coffres des banques commerciales et dans des mains privées. Par conséquent, ces nouveaux billets, dotés d’une sécurité renforcée, aideront son institution à mettre en œuvre de meilleures stratégies pour la politique monétaire.

Notons qu’un cycle de reconception des billets vise généralement à atteindre des objectifs spécifiques, y compris, mais sans s’y limiter : l’amélioration de la sécurité des billets, l’atténuation de la contrefaçon, la préservation du patrimoine national collectif, le contrôle de la monnaie en circulation et la réduction du coût global de la gestion de la monnaie.

D’ici Décembre 2022, l’utilisation des nouveaux billets de 200, 500 et 1000 Naira sera enclenchée. Il faut rappeler que le mois dernier, les régulateurs ont annoncé que le 31 janvier prochain, les anciens billets devraient être utilisés ou déposés dans les banques.

Pour M. Emefiele, ces nouvelles coupures favoriseront l’inclusion financière et la croissance économique. Après avoir lancé le e-naira, il y a plus d’une année, la nouvelle initiative est la dernière en date introduite par les autorités bancaires dans leur quête d’une économie sans numéraire et plus inclusive.

Cependant, M. Adedayo Bakare, analyste de Money Africa basé à Lagos ne partage pas l’avis des décideurs. Pour lui, la conception de nouveaux billets ne fournira pas de résultats escomptés.

“Si vous voulez réduire le blanchiment d’argent, votre système financier doit être amélioré ; si vous voulez réduire le paiement de rançons, la sécurité doit être améliorée ; si vous voulez réduire l’inflation, le niveau auquel la masse monétaire totale dans l’économie augmente doit ralentir. Il ne s’agit donc pas d’argent liquide”, a-t-il affirmé.

Pour M. Bakare cette décision de la CBN est au mieux un processus coûteux qui coûterait beaucoup de peine au public en raison de la courte période nécessaire pour utiliser ou déposer des espèces en circulation.

Selon les statistiques gouvernementales, au moins 133 millions de personnes, soit 63 % des citoyens nigérians, sont multidimensionnellement pauvres.
Cette décision pourrait potentiellement ralentir l’économie si les gens n’ont pas d’argent liquide et que les gens ne peuvent pas échanger leur argent contre de nouveaux billets à un rythme rapide.

Avec une inflation de 21,09 %, son plus haut niveau depuis 17 ans, liée à la flambée des prix alimentaires, M. Emefiele a déclaré que les nouveaux billets ramèneront les devises thésaurisées dans le système bancaire et aideront la banque centrale à reprendre le contrôle de l’argent utilisé dans le pays.
Cependant, les experts restent sceptiques quant à de tels résultats dans un pays qui lutte contre la corruption chronique depuis fort longtemps.

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