L’Etat malgache s’oppose fermement au projet de création d’une « réserve naturelle nationale » sur l’archipel des Glorieuses par le gouvernement français et il en est de même de tout autre acte unilatéral susceptible de porter atteinte de manière directe ou indirecte au droit souverain de Madagascar sur ces îles.

Madagascar a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur de France hier à Antananarivo pour lui signifier son opposition au projet français d’installation d’une réserve naturelle nationale sur les îles Eparses, dont les deux pays se disputent la souveraineté.

Au même moment où le président Andry Rajoelina rejette l’idée d’une co-gestion sur les îles Eparses dans une interview accordée à RFI et France 24 la semaine dernière, le gouvernement français a lancé le lundi 11 mai une consultation publique en vue de concrétiser ce projet. Coïncidence ou non, l’annonce a été prise comme une offense sur la Grande Ile.

Ce projet de la France passe très mal à Madagascar et ce d’autant plus que des négociations sont en cours pour résoudre la question de la souveraineté de ces îles, havres de biodiversité et potentiellement riches en hydrocarbures. Chapelet d’îlots qui entoure Madagascar, les îles Éparses sont sous souveraineté française mais revendiquées par la Grande Île depuis le début des années 1970.  Une résolution des Nations unies qui date de 1979 demande à la France de rétrocéder ces îles à Madagascar.

Le projet qui fait monter la tension d’un cran en la France et Madagascar

L’an dernier, le président français Emmanuel Macron a suscité la colère des Malgaches en annonçant, lors d’une visite inédite sur ces îles, que l’une d’elles, Grande glorieuse, serait classée en réserve naturelle nationale en 2020; car situé dans le canal du Mozambique, cet archipel microscopique et désert de l’océan Indien est considéré comme un haut-lieu de la biodiversité marine et supposé riche en hydrocarbures.

La tension monte d’un cran entre Madagascar et la France à propos de la gestion des Îles Eparses et par conséquent, hier, le ministre des Affaires Étrangères, Tehindrazanarivelo Djacoba a convoqué dans son bureau à Anosy, l’Ambassadeur de France, Christophe Bouchard. Une occasion d’exprimer la position de Madagascar par rapport à cette initiative. En effet, le Gouvernement malgache s’oppose fermement à ce projet et affirme que cette décision est «de nature arbitraire et non respectueuse du processus de négociation en cours entre les deux pays ». C’est également une violation manifeste des résolutions 34/91 et 35/123 de l’Assemblée générale des Nations-Unies, en date du 12 décembre 1979.

La résolution 34/91 “invite le Gouvernement français à entamer sans tarder des négociations avec le Gouvernement malgache en vue de la réintégration de ces îles précitées qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar”  et “demande au Gouvernement français de rapporter les mesures portant atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de Madagascar et de s’abstenir d’en prendre d’autres qui auraient le même effet et pourraient affecter la recherche d’une solution juste au présent différend”.

Un acte de défiance?

Le Gouvernement malgache considère les actions actuelles de la France comme un acte de défiance envers Madagascar qui va à l’encontre de l’engagement des deux parties qui se sont convenues à poursuivre le dialogue dans un “esprit positif”. Et ce, conformément à ce qui est indiqué dans le communiqué conjoint publié à l’issue de la première rencontre qui s’est déroulée à Antananarivo le 18 novembre 2019.

Ainsi, lors de cette entrevue qui s’est tenue au MAE Anosy hier, le ministre Tehindrazanarivelo Djacoba a notifié l’Ambassadeur de France sur le fait que l’Etat malgache s’oppose de façon catégorique au projet de création de cette réserve naturelle nationale sur l’archipel des Glorieuses par le Gouvernement de la République française, ainsi qu’à tout autre acte unilatéral susceptible de porter atteinte d’une manière directe ou indirecte au droit souverain de Madagascar sur les Îles Éparses. En effet, côté malgache, l’on insiste sur la nécessité de la poursuite des discussions entre les deux parties dans le cadre d’une négociation de bonne foi, constructive et mutuellement respectueuse. L’on attend donc désormais la réaction du président français Emmanuel Macron face à ce rappel à l’ordre.

…Les Îles Glorieuses à 220 km des côtes malgaches 8500 km de la France et à 535km de la Réunion (Tromelin) pour les plus proches.

Par ailleurs, une Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, adoptée par l’assemblée générale de l’ONU le 16 novembre 1973 explique qu’une zone économique exclusive (ZEE) est constituée de l’espace maritime sur lequel un État côtier exerce ses droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. Elle s’étend à partir de la ligne de base de l’État jusqu’à 200 milles marins -soit environ 370km de ses côtes au maximum. Juan de Nova est à 150km des côtes malgaches ; Les Îles Glorieuses à 220 km ; Europa à 300km ; Bassas da India à 380km ; Tromelin à 600 km. Elles sont à 8500 km de la France et à 535km de la Réunion (Tromelin) pour les plus proches.

Soulignons qu’une commission mixte formée par les deux pays s’est réunie une première fois en novembre dernier à Antananarivo pour discuter de ce conflit territorial. La deuxième réunion, prévue en mars, a été ajournée pour cause de pandémie de coronavirus.

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