Hier mercredi 20 mai 2020, la France a officialisé la fin du franc CFA, qui devient l’«eco». Un projet de loi qui valide formellement la transformation de la monnaie ouest-africaine qui s’appellera désormais l’ “éco”.

C’est une page de l’histoire qui se tourne, soixante ans après les indépendances africaines. Un projet de loi, adopté hier mercredi en Conseil des ministres, entérine la décision prise en décembre dernier de mettre fin au franc CFA.

Créé à la Libération, en 1945, il signifiait «le franc des colonies françaises d’Afrique». Tout un symbole. Le franc CFA était perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique, avait justifié Emmanuel Macron le 21 décembre dernier  à Abidjan, lors de la signature de l’accord entre la France et les États membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA: Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).

la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Elle pourra disposer librement de ses réserves.

Concrètement, le texte officialise le changement de nom de franc CFA en eco. Un choix dicté par sa facilité de prononciation en français et en anglais. Autre disposition importante, la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Elle pourra disposer librement de ses réserves. Cette obligation était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de Paris par les détracteurs du franc CFA.

Ainsi,  le vrai changement en profondeur c’est la rupture des liens  techniques entre les pays concernés, le Trésor et la Banque de France. Autrement dit, la  France ne va plus cogérer la monnaie ouest-africaine avec les États concernés.

Paris, toujours garant en cas de crise

La France va par conséquent quitter tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA. Mais Paris continuera d’offrir des garanties en cas de crise monétaire. Le processus n’étant qu’à son début, pour l’instant l’Eco va  toujours être rattaché à l’euro avec une parité fixe ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Paris passe en somme d’un rôle de co-gestionnaire à un rôle de garant, mais en pratique cela ne va rien changer dans le quotidien des consommateurs.

Mais Paris continuera d’offrir des garanties en cas de crise monétaire. Le processus n’étant qu’à son début, pour l’instant l’Eco va  toujours être rattaché à l’euro avec une parité fixe ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs

Les étapes et les questions sont encore nombreuses. Il va falloir probablement patienter un bon moment pour tenir cette nouvelle monnaie entre les mains; car Il faudra attendre encore plus longtemps pour que l’ancienne zone franc rallie à elle les autres pays de la Cédéao, pour construire une monnaie unique.

Par ailleurs, dans la zone CEDEAO, certains ne voient d’ailleurs pas cette réforme d’un bon œil notamment le Nigeria. Ce géant économique n’appartient pas à la zone franc. Il gère sa propre devise, “le naïra”. Et comme les autres pays anglophones de la région, le Nigeria est prudent et exigeant. Pour aller vers cette monnaie, ces pays qui participent à la réflexion sur une monnaie unique dans la zone Cédéao, mettent en avant des critères auxquels peu d’Etats peuvent répondre.

Rappelons que  pour l’instant, les six pays de la zone Cemac d’Afrique centrale, qui utilisent aussi le franc CFA mais constituent une autre zone monétaire spécifique, ne sont pas concernés par la réforme.

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