A 48 ans, Rachel Kéké ancienne femme de chambre et syndicaliste, figure de la lutte des grévistes de l’Ibis Batignolles, a été élue députée hier au parlement français.

L’ex-femme de chambre Rachel Kéké se définisant comme une guerrière à remporter ce 19 juin 2022 le second tour des législatives dans la 7e circonscription du Val-de-Marne pour la Nupes avec 50,3% des voix face à l’ancienne ministre des Sports d’Emmanuel Macron Roxana Maracineanu.

Présentée sous la bannière de la nouvelle alliance de gauche NUPES, Rachel Kéké obtient désormais un siège dans la banlieue sud-est de Paris.

 « Je suis la voix des sans-voix. Je suis femme de chambre, je suis femme de ménage, agent de sécurité, aide-soignante, aide à domicile. Je suis tous ces métiers invisibles. Et à l’Assemblée nationale, ces métiers seront visibles. […]. Je vais voir tous les jeunes de ma circonscription, parce que ces jeunes qui ne croient plus à la vie, ces jeunes qui sont désespérés, ces jeunes qui se disent : non, la France n’est pas bonne, la France est mauvaise, je dis : non. On va travailler ensemble pour donner un autre visage de la France aux jeunes. » a-t-elle  déclaré.

Rachel Kéké a fait partie de la vingtaine d’agents d’entretien, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne qui ont mené la lutte syndicale contre leurs employeurs dans l’hôtel ibis du nord-ouest de paris. Elles réclamaient de meilleures conditions de travail.

C’est une grande victoire pour toutes ces femmes de ménage surtout africaines qui exercent ce métier en France.

 « Je suis en joie, une énorme joie, c’est la victoire des sans-voix !» s’est réjouie Emilienne Tai-Seba, amie de Rachel Keke.

 « On est dans la joie donc on n’a pas de mots à dire… On a cru, on y est, on va à l’Assemblée. » a applaudi Sylvie Kimissa, femme de ménage, ancienne collègue de Rachel Kéké.

L’an dernier, Rachel Kéké et ses collègues ont remporté leur combat contre le géant mondial de l’hôtellerie Accor, propriétaire de la marque Ibis, en obtenant une augmentation de salaire comprise entre 250 et 500 euros par mois.

Aujourd’hui, pour Rachel, cette victoire est encore un plus, une seconde d’ailleurs qui fera entendre la voix de ces métiers de l’ombre.

La porte-parole de la longue grève des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, a fini par obtenir gain de cause après deux longues années de lutte. Rachel Kéké entend bien porter la voix des travailleurs “invisibles” à l’Assemblée.

Forte d’un parcours rempli d’épreuves qui détonne dans le monde politique, la quadragénaire Franco-Ivoirienne est sans doute la plus emblématique des figures issues des luttes syndicales et associatives qui se présentaient cette année.

« C’est ce que j’appelle un leader de masse. Elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes, elle n’a pas besoin de lire lors de ses prises de parole. »; a affirmé le député LFI Éric Coquerel.

La petite histoire de Rachel Kéké

C’est au cours des 22 mois de grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, pendant lesquels Rachel Kéké portait les revendications de ses collègues, qu’elle fit la connaissance d’ Éric Coquerel.

Entre 2019 et 2021, la franco-ivoirienne, militante CGT s’est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménage face au “mépris” de la direction.

« C’est une vraie combattante, quand on l’a rencontrée dans le cadre de cette grève, elle s’est très vite affirmée comme représentante de ses collègues », expliquait Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques), ne tarissant pas d’éloges sur cette autodidacte de la lutte.

Devant cet hôtel, Rachel Kéké a commencé à se tailler une réputation syndicale et politique. Elle a continué à y travailler au début de sa campagne avant de prendre un congé pour se consacrer pleinement aux législatives.

« C’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos… », expliquait-elle à l’AFP durant sa campagne, en se souvenant de cette sensation, comme si on lui avait donné des coups partout après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003.

« Je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon courage à deux mains, pour mes enfants », a rajouté Rachel.

Qui est Rachel kéké?

Mère de cinq enfants, Rachel Kéké est née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus.

À ses 12 ans, sa mère décède et elle se retrouve en charge de ses frères et sœurs. Elle quitte la côte d’ivoire pour la France en 2000 et fut naturalisée en 2015.
Féministe et défenseuse des gilets jaunes, Rachel Kéké a paré d’éventuelles attaques sur son manque de formation.

 « Si tu me parles avec le français de Sciences Po, je vais te répondre en banlieusard ! On connaît le niveau d’une femme de chambre, on sait que je n’ai pas de Bac+5. Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s’habituent à ça. »; a-t-elle souligné.

Selon Hadi Issahnane, conseiller municipal LFI de Chevilly-Larue, Rachel a tout à apprendre d’un point de vue de la politique politicienne, mais elle peut enseigner plein de choses de la vie réelle à plein de politiques.
Co-chef de file de cette circonscription, c’est ce dernier qui a proposé à Rachel Kéké d’être candidate aux législatives.

« On n’est pas loin d’une icône, au sens littéral, de notre combat politique. Elle incarne ça de manière naturelle. » ; a-t-il dit.

Investie par la Nupes, Rachel Kéké, militante CGT, devient la première femme de chambre noire à accéder à la fonction de députée en France.
« Je pense à tous ceux qui sont mal-payés qui dénoncent le système. Avec la Nupes, on a promis d’augmenter le Smic à 1500 euros. Les gens souffrent beaucoup», a-t-elle déclaré.

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