Âgé de quarante ans tout juste, Ibrahima Sissoko d’origine malienne, mais né en France, a démarré dans l’import-export avant de se reconvertir dans l’informatique. Aujourd’hui, en plus d’encadrer des jeunes entrepreneurs, il s’active dans le financement avec une forte conviction dans le développement du numérique en Afrique.
Le slogan sur son profil Whatsapp annonce déjà la couleur : « nothing is impossible ». Pour ce Français d’origine malienne, tout fini par s’arracher à force d’efforts et d’abnégation. L’entrepreneuriat, il l’a dans le sang et au sein de la famille. Très jeune, Ibrahima Sissoko se familiarise avec des frères et des sœurs qui n’hésitent pas à prendre leur destin en main, au lieu de compter sur des ressources salariales, qui, en plus de ne tomber qu’à la fin du mois, créent un lien de dépendance avec son employé. Évoluant au début dans l’import-export de textile avec ses oncles en Asie et en Afrique, le serial entrepreneur, diplômé en commerce, se reconvertit très vite dans l’accompagnement de projets digitaux.
Un accompagnement gagnant
à tous les coups
Aujourd’hui, il a monté plusieurs sociétés dont Growth Ground Investment basée à Londres et dont le but est d’accompagner des entrepreneurs et porteurs de projets à la recherche de financements adaptés à leurs besoins et structuration. « C’est un marché avec un gros potentiel et avec des porteurs de projets techniquement très impliqués au-dessus de la moyenne et qui œuvrent utilement pour leur communauté » dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la biotechnologie et les fintechs, explique Ibrahima Sissoko qui rapporte: « toutes les entreprises avec lesquelles j’ai travaillé ont atteint à la fin de leur premier exercice comptable 900 mille euro de chiffres d’affaires au plus ».
Savoir multiplier les tactiques financières
C’est avec beaucoup de fierté qu’il se souvient d’une de ses nombreuses performances, auprès des petites pousses. Un client confronté à des soucis de financement fait appel à ses services après avoir essuyé le refus d’une banque. « J’ai demandé l’émission d’obligations convertibles en actions. Et suite à ça, mon client a pu faire une augmentation de capital de 150.000 euros », raconte l’entrepreneur et accompagnateur de projets à fort impact social, précisant qu’une obligation est un type de créance qui permet de se financer autrement. L’accompagnement et le conseil étaient un passe-temps chez lui jusqu’au jour où il décide de monétiser ses services. A la date de ce jour, il a pu financer deux entrepreneurs à hauteur de 55.000 euros, tout en faisant savoir que le financement n’est pas sa priorité. Pourquoi ? Ibrahima Sissoko, passionné du Wax et du basin africain bien assortis avec sa taille d’un mètre quatre-vingt-neuf, estime qu’il y a plusieurs paramètres souvent négligés chez les entrepreneurs. A ses yeux, la structuration, la veille technologique, l’étude du marché, l’analyse de la concurrence demeurent autant de « critères importants » mais rarement respectés par les candidats au financement.
Il y a des préalables au financement tant recherché
L’Africain de cœur qui veut conquérir le marché numérique africain évalué à 600 milliards d’euros selon les chiffres officiels, met en avant plusieurs conditions pour financer et accompagner les porteurs de projets. Au nombre des critères, il faut que le jeune entrepreneur fasse preuve de motivation en se documentant sur le secteur de son projet, avec une bonne logique derrière quand il faut expliquer la satisfaction des besoins. A ses yeux, les compétences comptent tout autant. Seulement, de l’avis de ce père de famille, en Afrique, « on ne fait pas appel très souvent à la finance, mais plutôt aux banques ». Il y a une grosse nuance à l’écouter puisque la finance procède par exemple par des levées de fonds et des obligations, mais que cette pratique est peu connue même au cœur de l’Occident, se félicitant au passage de la montée de la cryptomonnaie qui peut aider à financer beaucoup de projets.
Le sommet Afrique – France de Bordeaux en perspective
Né d’un père ouvrier et d’une maman au foyer, Ibrahima Sissoko est un entrepreneur obstiné qui pense que la réussite vient toujours au bout de l’effort. Du commerce, il passe au développement informatique sur les bancs des écoles de formation, mais ne s’en arrête pas là. Il est également titulaire d’un diplôme d’ingénieur (architecture et intégration des systèmes logiciels tout en suivant actuellement un Executive MBA en management et entrepreneuriat IT qu’il devrait décrocher en 2021. « Il faut qu’à chaque fois que je monte en compétence, que je sois performant et opérationnel », commente-t-il, sans jamais oublier l’importance des échanges entre les différents continents dans un contexte où les économies numériques sont plus que jamais dépendantes. Il attend beaucoup du sommet Afrique-France prévu au mois de juin à Bordeaux pour nouer des échanges avec les acteurs du numérique.
Les brassages, quels qu’ils soient, Ibrahima y croit, lui qui reste attaché à la culture africaine et à ses traditions. Il se réjouit que sa petite famille fasse preuve de beaucoup de compréhension quand il est pris quotidiennement par d’interminables heures de travail. Et le serial entrepreneur ne veut louper aucune opportunité en multipliant les voyages et profitant d’excellents rapports avec ses collaborateurs. « lls sont tout simplement géniaux. Ils ne sont pas de simples collaborateurs », confie ce fou de Thiébou Dieune et de mafé qui sont respectivement les deux plats principaux au Sénégal et au Mali.