La comptable qui adore Ayimolou de sa belle-mère ratée, Prénam Azoti est la binôme de Eli Doussi dans la web-série Ahoé. Derrière ce personnage se trouve une femme courageuse et déterminée à atteindre ses objectifs de vie.
Aujourd’hui nous sommes à la découverte d’une actrice de la web-série Ahoé. Après Eli Doussi et son père Cyprien Doussi, MyAfricaInfos vous présente Jessica Djadoo alias Prénam Azoti.
Bonjour Jessica ! Présentez-vous à nos fidèles lecteurs !
Bonjour ! Je suis Jessica Yayra Djadoo, actrice, née à Lomé au Togo et diplômée en International Management. Ma carrière au cinéma a démarré en 2021 et mon dernier projet est la web-série Ahoé dans laquelle j’ai incarné le rôle de Prénam Azoti.
Au-delà de l’actorat, avez-vous une autre occupation? En quoi cela consiste-t-il ?
Je suis également voix off, ce qui consiste en somme à donner une identité vocale à une société, un projet publicitaire ou à un podcast. J’ai également une boutique en ligne d’articles faits main en résine. Le nom de la page sur instagram est JYD Boutique.
Félicitations ! Qu’est-ce qui vous a attiré vers le métier d’acteur? Quelle est la petite anecdote derrière ?
Mon histoire d’amour avec l’acting a commencé quand j’étais en classe de seconde. J’étais dans le club de théâtre de mon école et pendant la semaine culturelle, j’ai joué le rôle d’Emma dans une pièce tirée du livre « Madame Bovary » de Gustave Flaubert. C’est la première fois que je me sentais vibrer pour quelque chose. J’ai grandi en regardant beaucoup de films et séries africaines ou américaines, et ça m’a toujours plu, mais c’est ce jour que j’ai su que j’étais capable de jouer. Après ça on va dire que je me suis un peu perdue dans la monotonie d’une vie bien rangée jusqu’à ce que l’annonce de casting de Yobo Studios me reconnecte avec cette passion.
Merci à Yobo Studios d’avoir rallumé cette flamme en vous ! Alors, quel rôle a été le plus marquant pour vous depuis le début de votre carrière? Pourquoi ?
Il s’agit du rôle de Solim dans la série Oasis. Non seulement parce que c’était ma toute première expérience, mais aussi parce que je doutais énormément de mes capacités à l’incarner ; je pensais être diamétralement opposée au personnage. Finalement, et grâce à la coach d’acteurs Sandra Luce, j’ai compris que Solim était en moi, à une certaine mesure, et qu’au lieu de la chercher à l’extérieur, je devais juste la faire transparaître. Ça a été non seulement instructif pour mon travail d’acteur, mais ça m’a aussi permis de sortir de ma zone de confort et de franchir des limites que je me croyais incapables de dépasser.
Vous avez été dans les séries Hospital IT, Oasis et récemment dans Ahoé, toutes produites par Yobo Studios. Comment naviguez-vous entre les différents genres de films/séries et les différents personnages ?
Concernant les personnages je pense que la préparation constitue 80% et l’aptitude 20% du travail. Ce sont les différentes séances de coaching et de travail personnel qui m’ont permis de pouvoir dire au revoir à un personnage et d’en accueillir un autre. Il faut cultiver la proximité avec tous les personnages qu’on incarne, comme une amie dont on connaît tous les secrets et motivations. Et une fois que tu connais à ce point ce personnage, tu te sers de ton aptitude pour l’incarner. Pour ce qui est du genre, je n’ai pour le moment eu l’opportunité de tourner que dans des séries, donc aucune difficulté de ce côté.
Existe-t-il un metteur en scène ou un acteur pour qui vous avez une admiration profonde et avec lequel vous rêvez de collaborer ? Si oui, qu’est-ce qui vous fascine chez eux ?
J’ai une grande admiration pour l’acteur Bohiri Michel. Il a également joué le rôle de tonton Nesto/Faco dans la série Oasis mais je n’ai pas eu la chance de travailler directement avec lui. Et j’aimerais beaucoup le faire si l’occasion s’offre à moi un jour. Jusqu’à aujourd’hui je regarde encore les séries dans lesquelles il avait tourné à l’époque et je lui trouve un naturel et une créativité incroyable.
Depuis décembre 2023, vous faites la Une sur le net avec votre rôle dans la web-série Ahoé. Quel a été l’élément motivateur qui vous a poussé à accepter ce rôle?
La vision du projet m’a immédiatement convaincue : une web-série tournée en mina, notre langue locale, et traitant de sujets communs à tous les Togolais et même Africains. C’était un projet audacieux et challengeant. De plus, j’ai beaucoup aimé l’âme du personnage de Prénam Azoti.
Votre caractère Prénam a incarné le personnage d’une femme forte, sûre d’elle et surtout indépendante comme on aime le promouvoir de nos jours. Pensez-vous que le caractère des femmes indépendantes peut repousser les hommes qui les approchent ?
Bien sûr. Beaucoup d’hommes pensent encore à tort, qu’une relation doit reposer sur une dynamique de domination de l’homme envers la femme. Les femmes indépendantes sont plus pour la complémentarité dans le couple, alors évidemment ça fait fuir. Mais il faut dire que la recherche d’un partenaire doit plus se baser sur la qualité que sur la quantité. Donc ce n’est pas vraiment un problème en soit puisque les hommes qui se sentent repoussés par ce caractère indépendant ne sont pas ceux que ces femmes visent.
Dans la série, on réalise que votre personnage a un enfant mais ne l’a révélé qu’après avoir passé un moment d’intimité avec votre binôme Eli. Sur les réseaux sociaux, il y a eu des débats qui ont parfois condamné le fait d’avoir caché l’existence de l’enfant à Eli et d’autres estiment que votre personnage a le droit de faire sa vie sans pour autant mettre l’enfant devant. Quelle est votre réaction sur ces différents avis ?
Je suis assez mitigée. Prénam n’a jamais eu l’intention de cacher l’information à Eli, mais étant donné qu’elle s’est convaincue qu’il ne s’agissait que d’une relation passagère, je comprends qu’elle est trouvé inutile d’en faire un sujet de discussion. Par contre si les deux étaient directement rentrés dans un cadre de couple sérieux, là elle aurait dû directement le lui dire.
Quelle a été la scène qui vous a donné la chair de poule lors du tournage de Ahoé ?
Dans le bon sens, le tournage de l’enterrement de maman Charity qui était très émouvant. Dans le mauvais, toutes les séquences où je devais conduire. Je venais d’avoir mon permis donc j’étais très fébrile en tant que conductrice. Je m’imaginais déjà envoyer tout le monde à l’hôpital, saccager le décor, et envoyer la voiture dans un poteau électrique. En plus, dans une des scènes, l’enfant de Prénam était à l’intérieur de la voiture. J’étais morte d’angoisse.
Être acteur est un réel travail qui mérite une rémunération. Pourquoi avoir accepté de jouer dans la web-série Ahoé sans aucune compensation pécuniaire en retour ?
C’était une évidence. Ahoé est une web série pour le public togolais. Le but était de permettre que les Togolais d’ici et d’ailleurs puissent avoir accès à nos projets, et aussi, montrer qu’au Togo, nous avons la volonté et le talent. Maintenant que le public a vu ce que nous étions capables de faire, nous espérons qu’ils répondront présents, et que le volet financier ne sera plus le frein principal à l’émergence des productions audiovisuelles au Togo.
Effectivement vous nous avez donné de l’eau à la bouche et de Ahoé, tout le monde attend une suite ! Pour couvrir les frais des prochaines productions il est lancé une cagnotte sur TuMetsCombien.com. Que pouvez-vous dire aux lecteurs pour les motiver à contribuer à ladite cagnotte ?
Nous sommes tous conscients aujourd’hui que le secteur audiovisuel au Togo est à quelques marches en arrière par rapport à d’autres pays africains. Et pourtant nous avons autant de talents techniques et artistiques. Aujourd’hui la page youtube d’Ahoé compte plus de 80 mille followers. Si chacun mettait 500fr par mois sur quatre mois, le budget de la saison 2 serait pratiquement atteint. Il est temps que le Togo soit sur le devant de la scène. Il le mérite. Merci à vous qui avez ou comptez participer à la cagnotte. Et à ceux qui n’ont pas encore participé, sachez que même 100fr feront la différence.
Avez-vous des projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Oui, et j’ai vraiment hâte que le public puisse me redécouvrir dans ces projets. Stay tunned !
Votre mot de fin ?
Akpé ! Merci au public pour son soutien, ses mots d’encouragement, et ses gestes. J’ai été comblé de tout cet amour que l’univers nous a envoyé et nous espérons vous contentez encore plus sur d’autres projets.
Interview réalisée par Essenam Kevi-Kelensi avec la collaboration de Nadège Bagna, directrice de production Ahoé.