Les années 2007-2012 l’ont vu briller au-delà des frontières togolaises. Et après silence radio ! Les 10 dernières années ont laissé une trace inoubliable dans sa vie. Il s’appelle Boss T. Inculpé dans une affaire de drogue qui lui a coûté 10 ans de prison au Ghana, Boss T vient de retrouver sa pleine liberté. Il renait de ses forces et promet plus que jamais du lourd dans la musique togolaise. Qu’est-ce qui n’avait pas marché avec Boss T en 2012 au Ghana ? Comment a-t-il passé ses années derrière les barreaux ?  Quelle est sa passion vis-à-vis de la musique ? Qu’en est-il de ses projets d’avenir ? Voici une interview exclusive avec la star.

Bonjour Boss T ! Comment allez-vous ?

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Bonjour MyAfricaInfos, bonjour chers lecteurs. Je vais super bien. Merci !

Aujourd’hui vous êtes un homme libre. Sans pour autant revenir sur le passer, pouvez-vous nous dire réellement ce qui s’est passé en 2012 lors de votre arrestation ?

J’aimerais ne plus revenir en arrière car ce souvenir me ronge et me montre combien de fois la vie est un mystère. J’ai juste été victime d’un coup monté par des amis sur qui moi je comptais vraiment et qui étaient partout avec moi. Ce jour-là j’avais un showcase à Tema Stop over avec quelques artistes du Ghana. À ma sortie du studio, mes bagages ont été préparés par moi-même mais avant de partir de Aflao j’avais confié mon sac à un ami qui m’a amené vers ma voiture avant mon départ. C’est là j’ai été arrêté au check point avec du cannabis dans mon sac. Je me suis expliqué mais hélas l’information était venue de haut et c’était quelque chose pour me nuire.

Aviez-vous plaidé coupable ou non coupable ?

Oui j’ai dit que je n’étais pas coupable avec les explications mais le juge n’a pas pris mes explications en compte malgré l’effort de mon avocat de me faire libérer.

Est-ce que vous avez une idée de la personne qui vous a piegé ? Si oui allez-vous régler les comptes avec lui ?

Non je ne peux pas. Je me suis juste dit que c’était un complot. D’ailleurs parmi tous ceux avec qui j’étais nul ne m’a visité. Je me méfie juste d’eux tous.

10 ans passés dans la plus grande prison de l’Afrique de l’ouest, qu’est-ce que cette expérience vous a appris ?

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10 ans à Nsawam ; ce fut l’enfer. Cependant, je n’ai pas dormi ! J’ai passé tout ce temp à écrire, méditer, faire de beau plan pour mon retour, prier également. Bref je n’ai pas dormi toutes ces années-là. Le mode de vie là-bas est vraiment difficile mais j’ai gardé ma tête haute sachant que Dieu est avec moi.

Pendant que vous étiez en prison, le monde de la musique Togolaise n’a pas cessé de tourner. Étiez-vous au courant de l’actualité ? Si oui par quel moyen ?

Oui rien est resté le même. Notre communication était limitée mais grâce aux bons contacts là-bas et grâce aux petits efforts personnels, j’ai toujours eu accès au smart phone que j’utilise tout le temp pour communiquer avec le monde et me mettre au courant des actualités.

Trop de pleures Dans le showbiz togolais, de loin j’ai compris que notre culture est vraiment en retard.

En 2018, vous nous aviez contacté pour un article malgré le fait que vous étiez en prison et les limitations de moyens de communication. Pourquoi avoir pris ce risque ?

Dans cette vie tout est risqué. En fait en prison il y avait des gens qui m’écrivaient pour me soutenir. Même le juge après m’avoir condamné m’a dit : « Vas-y mais n’arrête pas de chanter ». Je ne pouvais pas me taire jusqu’à finir ma peine. Du coup je m’étais dit de faire cette interview pour m’exprimer et dire à tous ceux qui me soutenaient que ce n’était pas fini.

Qu’est-ce que cet article vous a apporté ?

Ça a changé beaucoup de choses. Il y avait des gens qui ne croyait pas réellement que j’étais en prison. Mais cet article les avait convaincus et j’ai bénéficié de leur soutien moral, chose que j’avais tant besoin.

Dans l’interview que nous avons publiée en juin 2018, à la question « Quel est votre plus grand regret ? » ; vous aviez répondu la perte de vos parents affaiblis par votre situation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai perdu mon père en 2012 et ma mère en 2015. C’était très difficile à supporter car mes parents ne pouvaient jamais imaginer que je finirais un jour en prison. Je n’amenais pas de problème à la maison. Ils étaient soucieux jusqu’à la mort et c’est un grand regret à moi. J’aurai le temps d’honorer leurs mémoires.

Le showbiz togolais a enregistré une grande perte avec la mort du roi du RnB Omar B ! Comment avez-vous vécu la mort de Omar B ?

Hmm… Paix à son âme. C’est trop tard le messager est parti rien ne changera cette situation. Omar B était un frère, un ami, un Boss. On se donnait des conseils entre nous, on s’entraidait, on se battait ensemble pour la survie de notre MUSIQUE. Que la Terre lui soit légère. Il restera à jamais gravé dans nos cœurs. Il avait un esprit positif qui lui donnait la force de tout faire. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec lui ! Il m’avait offert le dernier single “no blagaga” pour m’encourager et m’avait mis sur scène lors de son concert au Palais.

Quel est le regard que vous portez sur la musique Togolaise d’aujourd’hui ?

La Musique togolaise a de l’espoir, il faut juste qu’on soit conscients de la lutte. Cela n’a jamais été facile. On y arrivera avec un peu plus d’effort. Il faut qu’on s’aime entre nous et ensemble on peut contribuer à la relève de notre culture.

Quand on voit les clashs sur les réseaux sociaux, on se demande à quand la vraie union entre les acteurs culturels du Togo ?

Permettez-moi de dire aux artistes togolais qu’on n’est pas au moment des clashs. Essayons de construire notre musique au lieu de mettre les battons des les roues des autres. Honorons les ainées.

Aujourd’hui libre, quels sont vos projets d’avenir ? Allez-vous continuer la musique ?

Je suis libre. Oui, libre de m’exprimer ! Je l’ai toujours dit que la musique est ma vie, je la ferai pour la vie. Beaucoup de projets en cours, bientôt les hits vont commencer par pleuvoir, plusieurs albums sont prêts. Aussi mes produits haute gamme de cheveux, peau, barbe. “Mawuta” et wear sont prêts pour la vente en attendant plus de surprises.

A propos, votre nom d’artiste va-t-il rester Boss T ?

Non. J’ai beaucoup souffert. J’ai réalisé que c’est grâce à Dieu que je suis là où je suis. J’ai traversé beaucoup de choses mais il est toujours avec moi. J’estime être redevable à Dieu. Du coup appelez-moi désormais MAWUTA (GodDaHead, Dieu est la tête).

Dans vos publications sur Facebook notamment, on sent une certaine prise de conscience et souvent vous remerciez Dieu ! Allez-vous continuer dans le même flow avant 2012 ou vous allez changer de registre ; un peu de gospel par exemple ?

Toujours la même musique avec un autre esprit plus fort, plus conscient, Boss T a beaucoup de choses. Je ne promets pas du pur gospel mais je rends gloire à Dieu dans toutes mes chansons parce que sans lui je ne sais pas où je serai ou qui je serai d’où le nom Mawuta pour prouver sa grandeur : il est la tête, Goddahead.

Avez-vous un conseil à l’endroit des jeunes artistes femmes comme hommes qui font leurs premiers pas dans le showbiz ?

Courage à eux rien n’est facile dans la vie, chacun a son étoile. Aimez et respectez ceux qui ont tracé le chemin pour vous car sans eux vous ne serez pas là où vous êtes. Cherchez, créez jour et nuit ne copiez pas bêtement.

Oui il faut respecter les aînés ! Yaovi Kethéti dit qu’il est le père ! Que lui répondez-vous ?

Yaovi Kethéti est un grand frère dans le domaine mais pas le père. Je pense que c’est un nom qu’il s’est auto-proclamé. Je le respecte.

Par rapport à votre expérience carcérale, est-ce que vous êtes devenu méfiant vis-à-vis de vos amis ? Quel conseil pouvez-vous donner ?

Bien sûre je n’ai plus d’amis. Juste des frères et des partenaires mais je suis tout temp méfiant parce que je ne suis plus prêt à jouer avec ma vie, la liberté n’a pas de prix.

Conseils : méfiez-vous des soi-disant amis, ils sourient avec vous mais ne sont pas contents pour vous. Évitez de les protéger quand ils font quelque chose de mauvais sinon cela risque de vous rattraper.

Quand on jette un œil sur le monde culturel togolais, votre expérience n’est pas isolée. Le grand frère Eugène Atigan a aussi été victime d’un coup pareil, et bien d’autres artistes également. Pensez-vous que ce sont toujours des pièges ou peut-être un désir de vite s’enrichir qui est mal orienté ?

Oui c’est un piège dans mon cas. Je ne saurai dire pour les autres mais je pense que toute chose arrive pour une raison. On a belle et bien tous contribué à cette situation parce qu’on a laissé d’autres décider pour nous, d’autres nous choisissent comme ami alors qu’il faut choisir soi-même ses amis.

Voici un message de Eugène Atigan à l’endroit de Boss T suite à sa liberation.

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“Je voudrais avant tout rendre grâce à Dieu pour la vie de Boss T. La miséricorde de Dieu se renouvelle tous les jours et en cela on peut tout reprendre, recommencer ou redémarrer tous les jours car il n’est jamais trop tard temps la vie continue. Je voudrais te dire mon frère Boss T que tu es libéré veut dire au font que tu es né de nouveau, et rien ne doit plus t’influencer à point de te mettre sous ombre. Fais du Saint Esprit ton conseiller et ouvre ton esprit pour cela.

Je voudrais enfin d’inviter à méditer tous les matins, Esaïe 60 verset 1 : LÊVE-TOI ET SOIS ÉCLAIRÉ, CAR TA LUMIERE ARRIVE, ET LA GLOIRE DE L’ÉTERNEL SE LÈVE SUR TOI”; Eugène Atigan.

Mawuta GodDaHead est-il papa ? Célibataire ou en couple ?

Pour le moment je n’ai pas encore de femme ni d’enfant et je ne sais à quelle femme donner mon cœur. Je compte rebâtir ma vie et après je verrai bien.

Un message pour vos fans ?

Merci pour vos prières, conseils et amour, notre temp est venu de continuer ce qu’on a commencé très tôt. Soyez à mes côtés pour cette lutte qui ne sera pas facile mais qu’on a déjà gagnée. Continuez de prier pour moi comme je le fais pour vous aussi !

Votre dernier mot !

Merci à toute l’équipe de MyAfricaInfos, tous les fans, amis, ennemis, famille !

Restez hors danger, la vie ne fait pas de Cadeau, chacun porte son lourd fardeau.

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Aimons-nous mais ne soyons pas bêtes pour sacrifier notre vie pour d’autres qui ne le méritent même pas.

Boss T en exclusivité dans MyAfricaLive
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