Le Rock en Afrique ça vous dit? Eh bien nous avons découvert un groupe de Rock survolté et énergique qui allie tradition africaine et modernité pour créer un chef d’œuvre musical à vous faire dresser les cheveux sur la tête de plaisir. “Arka’n” , groupe mythique venu du Togo,est notre invité du jour et est incarné par son Rock Arka’n, le  lead vocal , guitariste et créateur du groupe.

Bonjour Rock, comment allez-vous?

Je vais très bien, merci !

 Présentez-vous à nos lecteurs et à vos fans.

À l’État civil, mon nom c’est Kodzo AHAVI. Mais mon prénom usuel a été Rock depuis ma naissance.

Qu’est Arka’n?Une personne ou un groupe?

Arka’n est un groupe d’afro heavy metal formé de Rock AHAVI (guitare et chant), Francis AMEVO (basse), Richard TAMAKLOE (batterie), Mass AHOLOU (percussion) , Enrico AHAVI (rap et clavier)

Comment êtes-vous arrivé dans la sphère du Rock?

Au fait, le Togo a été une véritable plaque tournante musicale par le passé. Donc public et musiciens sont facilement entrés en contact avec des musiques comme le jazz, le blues, le rock, la salsa, le reggae etc,importées et vendues sur des discques vinyl ou des cassettes audio. J’ai commencé par écouter le rock depuis l’âge de 4 ans et c’était plutôt du rock’n’roll de Little Richard,un chanteur américain  . Au fil du temps j’ai eu accès aux autres variantes du rock,le Hard rock, le Heavy metal, le Grunge et autres ,ceci  par l’intermédiaire de cassettes audio, de CD et d’internet.

Pourquoi le Rock ? Le public africain et togolais en particulier a rarement ou presque jamais l’occasion d’écouter du rock, pourquoi avoir choisi ce genre de musique plutôt qu’un autre?

Dire que le public africain a rarement l’occasion d’écouter du rock n’est plus valable de nos jours ! Il y a plein et plein de groupes de rock en Afrique !!! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point le rock est en train de fleurir en Afrique !! Tellement que certains tendent même à dire que l’avenir du rock c’est en Afrique. Dire que le rock est hyper rarement écouté au Togo, c’est vrai de nos jours. Mais par le passé le rock a toujours été joué un peu partout à Lomé ! L’évolution de la musique live a été vraiment brisée à un certain moment à Lomé. Pourquoi avoir choisi le rock, au fait ce n’est tellement pas un choix. C’est une énergie qui nous vient de nos tripes, de l’intérieur de nous-même. C’est la seule musique qui nous permet de nous exprimer, de faire passer notre message, d’être nous-mêmes.

Vous êtes de nature calme, très calme, à la limite du timide dirions-nous, pourtant sur scène vous êtes une bête tant vous débordez d’énergie et de rage. A quoi carburez-vous?

Haha ! Oui on me fait souvent cette remarque et on me pose la question. Voilà, Le carburant, c’est la passion, la mission, et la rage intérieure devant tant d’injustice, de léthargie, de résignation, d’inaction des peuples opprimés. Et puis ceux qui me connaissent savent que je suis aussi d’un naturel joyeux et optimiste même si la musique d’Arka’n dénonce avec force et rage. Je crois que cette joie et cet optimisme jouent de leur partition sur scène !

Quelles sont les scènes qui vous ont accueilli dans la sous-région et ou ailleurs?

Plusieurs scènes au Togo, au Ghana, au Benin et au Burkina Faso, dans les centres culturels, salles de concert et festivals à l’exemple des « Instituts français » de Lomé, d’Accra (« Alliance française »), de Ouaga et Bobo, (Festival « Rock à Ouaga »), de petites scènes sympas comme « Republic » et « Abajo » à Accra, « Jammin » au Benin etc  …Nous faisons aussi plaisir à notre public d’ici à Lomé avec de fréquentes scènes au « Mix Bar », à la « Case des Daltons », à l’ « Espace Level » (ex-Fil Bleu Arema).

Nous vous avons justement suivi notamment à l’institut français du Togo et au centre culturel «Fil Bleu Arema»; et le constat est le même, votre public vous adore…Mais paradoxalement votre carrière internationale n’est pas visible. A quoi est-ce dû?

Au fait, la carrière d’artiste est un processus qui se planifie de façon minutieuse et cela prend parfois du temps, surtout quand on est en autoproduction comme c’est le cas pour Arka’n.  Déjà sur le plan local ,cela demande un certain travail. Donc sur le plan international il faut s’investir encore plus si on veut faire une percée efficace et durable dans le temps. Arka’n est connu sur internet aux 4 coins du globe, notamment au Japon où Arka’n a été classé 2ème meilleur groupe de metal en Afrique dans une émission télévisée, en 2016. Le mondialement célèbre guitariste de heavy metal Marty Friedman a jeté des fleurs à Arka’n louant la qualité des compos, la vérité et l’authenticité de notre style, le magazine américain Afropunk a écrit un très bel article sur Arka’n, et puis vous pouvez nous retrouver dans des bases de données des groupes de metal, des interviews de journalistes et chroniqueurs internationaux, etc, de même, nous avons des hommes et des femmes d’un peu partout dans le monde qui nous écrivent, qui sont impatients que l’album sorte et qui sont impatients de nous voir sur scène dans leurs pays! Nous sommes donc en train de faire un véritable travail de fond pour être prêts d’ici l’année prochaine. C’est tout un processus. Et nous sommes pratiquement prêts à y aller, à nous exporter, à explorer!

Ça fait plaisir d’entendre et de lire tout cela ! Dites-nous Rock, votre style de rock est souvent un mélange de Metal et de tradition. Comment devons-nous le nommer alors et pourquoi cette variance?

Nous le nommons souvent « afro-heavy metal » ou encore « N’se-Metal » (N’se qui signifie “force” en Éwé, langue locale du Togo Ndlr).  Pourquoi cette variance, eh bien, cette variance n’est pas tout à fait un choix ou une expérimentation comme certains le penseraient mais cela vient directement de l’inspiration du moment, de la nature de nos textes, de la nature de notre être spirituel et culturel en tant qu’Africains. Je trouve donc extrêmement naturel et normal de produire une musique où les rythmes et cultures  de chez nous ont une grande place !

Il y a également une vérité que beaucoup ignorent, c’est que les racines primordiales du rock sont profondément africaines, comme les racines de la quasi-totalité de la musique moderne. Le metal vient du rock. Le rock vient du blues, et le blues vient directement de la musique des noirs déportés aux Etats Unis depuis les côtes africaines au temps de la traite négrière. Les mêmes pulsions et énergies de nos rythmes ancestraux ou du terroir se retrouvent dans le rock, le metal et la plus grande partie de la musique pop moderne !

 

Vous chantez une musique consciente bien que le rock soit taxé de musique violente, antisociale et anti religion. Un choix ou juste une coïncidence?

Hmmm… La question elle-même est la  réponse ! Merci de me faciliter la tâche (rire).

En fait, on a souvent dit de la chanson engagée qu’elle bousculait l’ordre social établi en amenant les gens à se poser des questions . La musique rock vient en plus accompagnée de décibels incontournables au genre, pour parler et dénoncer, dans un langage propre au rock. Normal donc qu’on taxe les rockers de « bousculeurs qui dérangent » ! La musique est forte et vive car on aspire avec rage à des changements, à conscientiser avec notre musique en dénonçant ces codes sociaux qui tendent parfois à maintenir les gens dans une soumission et même une captivité physique, spirituelle, mentale et politique. Cet état de léthargie qui pousse les gens à accepter des situations d’injustice sans remettre en cause des aberrations sociales, politiques, voire religieuses, nous essayons de le combattre, en rappelant aux Africains, notamment par le rock, les valeurs positives de notre continent depuis nos traditions souvent dénigrées ou bafouées jusqu’aux plus récentes réalisations panafricaines et innovantes dont on peut être fiers. On refuse un statu quo visant à nous canaliser, à nous dominer, à nous enfermer dans un schéma où nous ne sommes pas maîtres de nos destinées, de nos ressources humaines, naturelles, culturelles et même spirituelles (souvent pillées par la complicité de nos propres frères) !! Ainsi, ceux qui veulent contrôler la masse taxent d’antisocial et de violent quelque chose qui risque de conscientiser et de réveiller les gens ! Et la plupart tombent dans ce piège et critiquent à leur tour à tort ce quelque chose qui peut leur ouvrir les yeux. C’est pratique et facile.

Oui, le rock est une musique qui peut déranger car il sert à conscientiser et à libérer ! Et on ne peut pas réveiller les gens avec une musique langoureuse qui fait dormir. Il existe des centaines de groupes de rock et de metal de par le monde qui conscientisent, tirent la sonnette d’alarme sur l’avenir ténébreux de notre planète ravagée par la surexploitation de nos forêts, la disparition de plus en plus d’espèces animales et végétales, du réchauffement climatique aux conséquences futures apocalyptiques et irréparables, de nos sociétés esclavagisées, des groupes de metal qui pointent du doigt les tortures physiques et mentales perpétrées par les  politiques gourmandes de ce monde sur des êtres humains déshumanisés!  Donc c’est très logique qu’Arka’n conscientise avec une musique Metal.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre musique

Comme vous l’avez dit tout à l’heure, vous avez suivi Arka’n au Centre Culturel Level et à l’institut Français et avez remarqué que le public aime beaucoup Arka’n. C’est aussi vrai partout où nous prestons. Logiquement si un groupe pose une affiche pour un concert, la majorité de ceux qui assistent au concert y vont parce qu’ils savent à peu près de quoi il est question. Dans notre cas, la majorité du public aime ou du moins s’y connait en rock. En plus de cela, notre musique est une grosse fusion où la musique africaine traditionnelle a une très grande place, et parfois même des titres reggae-rock. Tout le monde s’y retrouve. En plus il y a une énergie naturelle, sympathique et dynamique tout au long du concert. Donc tout cela fait que nous n’avons pas de problème pour allumer la scène et le public !

On dit souvent du Heavy metal qu’elle est une musique à connotation satanique, d’où son rejet par beaucoup de personnes. Est-ce le cas?

Sans me tromper je crois qu’on joue du N’dombolo comme louange dans les églises aujourd’hui ! Alors que l’on connait très bien les vrais artistes de soukous et de N’dombolo avec les imageries qui vont avec. Beaucoup d’artistes gospel chantent sur du reggae qui est une musique qualifiée de révolutionnaire, de rebelle, une musique de drogués, etc ! J’entends dans les églises des rythmes traditionnels mystiques africains, cette mystique originelle profonde et intrinsèque à l’Africain, que l’Africain lui-même rejette parfois. De l’autre côté il y a beaucoup de groupes de metal chrétiens et des artistes et musiciens de rock au cœur plus juste et plus pur que ceux-là qui s’endimanchent et qui vont à l’église . Tout cela pour dire qu’il n’y a rien de satanique à chanter et jouer à des instruments. Ce qui peut paraître satanique ce sont les messages chantés et visuels que vous associez à votre musique. Le rock et le metal sataniques existent, c’est vrai mais en tant que pur produit occidental, il est assez éloigné de nos préoccupations et de notre style.

 On peut comprendre pourquoi en occident ce genre s’est développé, mais il ne faut pas se leurrer et caricaturer : face à certaines situations révoltantes, la rébellion peut amener des gens à tomber dans ce côté obscur. Et certains vont vraiment loin dans ce côté obscur ! L’industrie du disque se saisit de l’affaire parce qu’elle voit qu’il y a un public qui aime ce côté dit « satanique » ! Et voilà que les gens se font de l’argent avec cette imagerie pour répondre au marché et cela peut encourager des groupes à développer cette mode des ténèbres parce que cette image se vend bien, et ainsi de suite… Un cercle vicieux ! Et pourtant ! Quand par ailleurs tu lis la biographie ou quand tu suis certains artistes de Death Metal (la plus brutale variance du metal),  tu hallucines ! Des gens simples et tranquilles qui n’ont rien avoir avec la musique dite satanique qu’ils font. Pour eux c’est juste un style ! Ils passent leur temps sur leurs instruments ! Pas dans les temples satanistes !

Du coup, limiter la perception du Heavy Metal à une vision vraiment réduite à ceux qui ont développé un pan satanique n’est ni juste ni objectif. Arka’n ne fait pas de Heavy Metal qui évoque ou fait l’apologie d’un quelconque Mal ou de comportements dits déviants. Au contraire ! Comme déjà dit plus haut,  nous dénonçons avec force les maux qui ravagent nos sociétés africaines et célébrons avec autant de rage et de conviction notre fierté d’être Africains, dignes et libres. Qu’y-a-t-il de satanique là-dedans (rires) !

Y’a-t-il une chance pour que le public africain apprenne à plus aimer le rock dans tout son ensemble et votre musique en particulier?

Oui ! Le succès d’une œuvre vient en grande partie de la promotion qui porte cette œuvre. Le truc c’est juste de trouver des promoteurs et producteurs passionnés, et c’est tout ! Le rock commence à prendre de l’ampleur en Afrique ! Les promoteurs aussi se multiplieront et les choses évolueront. Arka’n est dans l’élaboration de son plan de promotion ( toujours autoproduit pour le moment) afin de se faire connaître encore plus, ici et surtout ailleurs.

Que nous réserve Arka’n dans les jours à venir?

Notre premier album est presque prêt ! Nous l’avions prévu pour le mois de juillet mais il sortira plutôt en Septembre/Octobre. Alors un peu de patience… Quant aux concerts, il n’y en a pas de ponctuels prévus encore mais une chose est sûre, Arka’n sera beaucoup sur scène dans les mois à venir. Notre public nous réclame et nous manque !

Des projets de Vidéos pour des chaînes internationales?

Oui ! Nous sommes en train d’écrire deux vidéos, un clip d’un nouveau morceau (que vous découvrirez bientôt) et aussi probablement la vidéo d’un morceau déjà clipé mais que nous allons refaire afin de correspondre aux normes internationales.

Comment imaginez-vous le groupe Arka’n dans 10 ans?

Un groupe qui joue partout dans le monde, partageant son feeling et son groove avec les autres terres, les autres cultures, chantant un répertoire joyeux, un répertoire qui parle d’une Afrique enfin libre, ou du moins une Afrique sur la voie de sa vraie liberté ! Nous nous voyons toujours en train de faire découvrir le continent et ses richesses à travers notre musique, ambassadeurs de notre dignité et fierté africaines en dépit d’une image soigneusement travaillée pour décourager tous les Afro-optimistes ! Et surtout, nous nous voyons découvrir ce vaste monde et heureux de faire de magnifiques rencontres musicales. La musique est un des plus puissants rassembleurs au monde !

Quels artistes ou groupes de Rock vous ont inspiré dans votre parcours musical?

Des groupes innombrables ! Tellement qu’on n’a pas d’influence précise. La première influence nous vient de notre Terre Mère, notre terroir, nos musiques traditionnelles. Je ne citerai pas de groupes dans ce domaine parce que c’est déjà là, autour de nous, dans notre âme et dans notre sang. Des rythmes comme Agbadja, Gazo, Blekete,etc… Du côté de groupes de rock qu’on a écouté, il y en a eu plein. AC/DC, Scorpions, Linkin Park, Slipknot, Killswitch Engaged, Cannibal Corpse, Disturbed, etc…

Êtes-vous sous contrat ou en quête?

Nous ne sommes pas encore sous contrat. Ici au Togo il n’existe pas de structure qui pourrait aimer gérer un groupe de metal. Cela viendra quand nous aurons commencé à percer encore plus la scène internationale. Pour le moment nous sommes en autoproduction.

Un conseil à l’endroit des jeunes gens qui voudraient suivre vos traces?

LA PASSION ! Laissez-vous porter par votre énergie et votre passion, sans faiblir, sans considérer les réalités socio-économiques, sans considérer l’atmosphère culturelle qui demande aux artistes de faire tous la même chose sous prétexte que c’est ce qui marche.  Beaucoup de travail et de sacrifice ! C’est très beau et énergisant d’être sur scène et établir cette formidable communion avec le public, de voyager de découvrir le monde et de partager avec les cultures sous d’autres cieux. Mais cela demande à la base un travail énorme et une volonté de fer ! Tout artiste peut faire tout ce qu’il veut, dans tous les styles, et réussir dans son art qui lui fait plaisir !

Et à l’endroit de la jeune génération?

Je m’adresse particulièrement à nos jeunes frères et sœurs Africains. Les médias du monde entier et nos programmes éducatifs bien forgés par « les autres » nous positionnent en tant que derniers de la planète et font de l’Occident  lE meilleur cadre. Nous devons nous fixer comme objectif de reconstruire chez nous, d’imaginer un très beau chez nous et se battre pour cela. Tout ce qui fait rêver les jeunes, et qui leur donne l’envie d’aller vivre en Occident, tout cela on peut l’avoir chez nous, et encore plus. Il faut se dire qu’on peut avoir les moyens de tout changer. Il faut que les jeunes retournent aux vraies éducations familiale, sociale et culturelle qui ont formé les grands hommes de l’Afrique par le passé. Cette forme d’éducation, loin d’être dépassée, est plutôt l’éducation de l’avenir, qui peut sauver l’Afrique et même tout ce monde qui est en train de partir en lambeaux !

Merci Rock pour ces messages profonds !!!! Vos mots de fin

ARKA’N, ce n’est pas seulement un groupe de 5 guerriers qui mettent le feu aux scènes, ARKA’N c’est surtout vous, c’est nos fans, c’est ceux qui ont des coups de cœurs, ceux qui aiment ce qu’on fait. Et je remercie tous ceux-là qui nous portent loin loin loin. Nous serons toujours là pour vous, avec vous et nous voyagerons ensemble dans tous nos univers musicaux arka’niques !

Merci beaucoup !

Merci à vous Rock Arka’n

Chers lecteurs , vous pouvez contacter ou suivre l’artiste via les liens et adresses ci-dessous :

Faceboook : ARKA’N Afrika Hard Metal

Instagram : RockArkan 

youtube : Arkan

 

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Rédacteur sur MyAfricaInfos.com

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