Dans un monde en pleine mutation, l’Afrique se cherche encore. La culture n’est pas du reste dans cette lutte pour émerger de la jungle mondiale. Mais comment est menée la lutte et qui tire les ficelles ? De peur de tomber dans une thésaurisation culturelle, des fils du continent se sont jetés à l’eau pour essayer de valoriser ce qui peut l’être. Quel est donc le rôle de ceux qui sont restés à quai ?  Si nous avons la richesse, les hommes et les idées, pourquoi nos couleurs peinent-elle encore à émerger du brouillard ?

Que reste-t-il de l’Afrique et de son héritage culturel à l’heure du bilan ? Quelle conclusion tirer après tant d’histoires sur le continent et au contact d’étrangers pas toujours bien intentionnés ? L’Africain prit aujourd’hui en étau entre des civilisations imposantes cherche toujours sa nouvelle identité. Dans un monde fait de vitesse, de réseaux et de mobiles, l’Africain est-il resté trop immobile ? Que sont devenus les masques, les scarifications bantous ? Quelle portée donner au tam -tam parlant ou à la flûte du berger du Fouta ? Les galops des chevaux touareg se perdent-ils à jamais dans le désert ? Le continent est-il resté trop le même face aux mutations séculaires ? Cet Africain qui a écrit sur sa page FACEBOOK « Black art, a treasure we must keep for the coming generations », que veut-il dire exactement ?

La frustration du kamit s’étend le long de toute une génération. Tant de richesses, trop de richesses peut-être, mais pour quelle place dans la mondialisation ? Pour quelle influence ? Pour quelle légitimité ? La fierté des rois ayant lutté contre les premiers colons se sont-ils évanouis à jamais dans la poussière des canons ? Vous avez dit empire ? Ghana et Mali sont aujourd’hui des pays aux territoires restreints revendiquant un passé qui n’a d’appui que les livres d’histoire écrits par l’Occident. Le negro spiritual résonne au loin chez l’Oncle Sam mais l’écho qui lui répond ne franchit pas l’Atlantique. Aujourd’hui dans le monde, il y a les Afro-américains, les Maghrébins, les Sahéliens, les Subsahariens ; diversités me diriez-vous ! Et pourtant peu revendiquent fièrement leur appartenance à l’Afrique. Même la couleur de peau n’est pas uniforme ; pire la peau noire est une tâche qu’on craint d’exposer. L’Afrique a été violée, martyrisée et bâillonnée ; pourtant elle pourrait s’épanouir merveilleusement par sa culture encore vivace ; mais ses fils regardent ailleurs ou font semblant d’ignorer que l’art noir est la seule vraie expression de l’identité de l’Afrique ; ceux qui n’arrivent pas à l’interpréter disent que l’Afrique n’est pas assez entré dans l’histoire et que notre tradition orale se perd en conjecture. Mais la vérité ne réside-t-il pas dans le secret des masques, des statues, des danses, des sons d’instruments, des scarifications, des interdits, des rituels de chasse, des rites initiatiques, des contes et légendes?

Mais encore une fois, en quoi cela nous aide-t-il en pleine mondialisation ? Peut-être sommes-nous en présence de la question qui tourmente et décourage tant d’Africains qui préfèrent  le baseball au  « Djaskélé ». La question est pourquoi le « Djaskélé », jeu un peu semblable au baseball, au lieu d’évoluer pour devenir moderne et plus populaire est tombé dans les oubliettes ? La culture africaine regorge d’autant de jeux qui ont bercé notre enfance ; mais aujourd’hui à l’heure du multimédia et du spectaculaire, tous ces jeux sont absents. Impuissance économique ou manque d’initiative notoire ?

La vérité est que l’Afrique ne se vend pas assez. Faute de vitrine ? Je ne pense pas ! Par contre les Africains qui tuent les initiatives de leurs frères en refusant de les encourager ou de les promouvoir sont légions. Empruntons à Maître GIMS les paroles de sa chanson: « Le pire ce n’est pas la méchanceté des hommes mais le silence des autres qui font tous semblant d’hésiter… » Si les « méchants » c’est l’Occident, les « autres » c’est qui ? Suivez mon regard. Le Noir doit-il pointer un regard noir sur l’art noir ? Evitons le suicide collectif et ployons le genou devant la beauté des œuvres pharaoniques. Le vent et la poussière ont peut-être emporté beaucoup de notre passé, mais les Pyramides sont encore là pour nous rappeler que l’Art kamit traverse le temps et peut se réveiller à tout moment.

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