Il a plusieurs cordes à son arc, mais celle qui lui plait le plus , dit il, c’est le cinéma. Natif du Cameroun, HTB est un passionné invétéré du 7ème art. Aujourd’hui à travers notre plume, il relate sa vie de producteur-réalisateur, son quotidien et bien entendu ses rêves…
- Bonjour ! Qui est HTB?
Bonjour MyAfricaInfos! Je suis un natif de Douala, camerounais de père et de mère, et même les ancêtres de mes ancêtres sont camerounais !!!! Aujourd’hui âgé de 35 ans, je suis réalisateur, scénariste, producteur, acteur cinéma et TV. Et parallèlement, je suis aussi Directeur de Production de la chaîne internationale panafricaine BBLACK AFRICA.
- Vous êtes une étoile montante du cinéma africain, Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’engrenage de l’industrie cinématographique
On est en 2003, tout part d’un conseil d’un de mes professeurs en Publicité pendant ma formation BTS en Communication et Action publicitaire à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest à Cotonou. Ce dernier m’a tout simplement dit qu’il me verrait bien évoluer dans le cinéma, devant comme derrière la caméra, que j’en avais toutes les qualités. Et vous savez quoi, je l’ai pris très au sérieux parce que j’étais déjà à fond dans la mise en scène et dévorais un tas de films. En 2005, je pars à Accra au Ghana pour apprendre l’anglais pendant 1 an. Puis en 2006, mon père me fait comprendre qu’il y a une école d’audiovisuelle qui vient d’ouvrir à Cotonou. Je suis donc revenu à Cotonou pour m’inscrire en réalisation cinéma et TV à l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA). De 2006 à 2008, j’ai réalisé deux films d’école « Double jeu » et « Réussir ou Rester » ainsi qu’un documentaire « Nom de Code : Maasta X ».
Et fin 2008, je débarque à Paris pour me perfectionner en scénario, montage, lumière, cadrage et bien entendu en Réalisation à l’Ecole Internationale de Création Audiovisuelle et de Réalisation (EICAR). J’y ai suivi deux années d’intense formation. Ensuite j’ai enchainé pas mal de stages sur les plateaux de tournage et dans des boites de production. J’ai pratiquement fait tous les postes à part celui de maquilleur. Et c’est dans mes innombrables stages que j’ai véritablement côtoyé le monde du cinéma et bien entendu j’ai gardé contact avec certains. Et nous y voilà aujourd’hui.
- Vous étiez plus actif dans la production de reportages, documentaires, émissions tv, clips vidéo, publicités, vidéos de concert etc, puis vous avez décidé de décoller, de vous faire valoir dans le cinéma, court et long métrage! Pourquoi cette direction artistique nouvelle ? N’était-ce pas un risque ?
Alors ce n’était pas un risque du tout ni une nouvelle direction artistique parce que le cinéma est mon premier amour. Je vis cinéma, je respire cinéma, je mange cinéma. Tous les soirs, avant de m’endormir, je dois me taper quelques épisodes d’une série ou un film. Ma première œuvre audiovisuelle est un film d’école, et les techniques narratives que nous appliquons dans nos productions nous viennent du cinéma. Seulement concevoir un film prend du temps, et je n’aime pas faire un film pour faire un film, il faut un certain nombre de conditions réunies notamment un bon scénario. Pour preuve, mon dernier court-métrage « TIME », a été écrit en 2010 et tourné en 2014 grâce à Anne Maryse Makon, une amie Productrice qui a cru en moi et m’a donné ma chance. Donc ce que vous avez précité me permettait de maintenir le rythme, de ne pas perdre la main, d’affiner ma technique et bien entendu, de diversifier mes activités et mes casquettes. Et parallèlement je continue toujours d’écrire pour le cinéma et la télévision. Je prends ce métier comme un sport de haut niveau, il faut le pratiquer tous les jours et c’est ce que j’ai fait et que je continue de faire.
- Du coup, Passion ou boulot ?
Passion et boulot. J’adore ce métier et je commence par gagner ma vie avec et ça c’est méga cool. De toutes les façons je n’ai pas d’autres choix, parce que mon père a trop investi dans mes études pour que j’aille faire autre chose. Donc je me dois de le rendre fier. Et bien entendu on peut très bien gagner sa vie dans notre métier, si on bosse très dur, on s’applique à produire de belles œuvres et si on est vraiment patient, parce que le plus souvent, et malheureusement, les retombées ne sont pas toujours pour tout de suite, mais il ne faut rien lâcher, il faut pousser encore et encore et encore, parce que tôt ou tard, ils vont finir par vous accepter et vous donner votre chance.
- Quelles ont été vos œuvres phares dans le cinéma ?
Dans un premier temps, DANS LA LIGNE DE MIRE (un thriller de 10 minutes)et le dernier en date TIIIIIIIME ! Le scénario de ce film a trainé pendant 4 ans dans mon tiroir et ça valait le coup d’attendre. Parce que j’aime beaucoup le résultat. Et ce film m’a ouvert certaines portes de festivals et ils ont commencé par me prendre aussi au sérieux. TIME m’a servi de véritable carte de visite.
- Justement à propos de « Time » ! de quoi parlait-il ?
Time raconte l’histoire d’un chirurgien dont le papa est en attente d’une greffe de cœur, qui invite ses amis pour un weekend en campagne. Au départ le chirurgien avait orchestré tout ceci pour tuer tous ses convives et récupérer leur cœur dans l’espoir de trouver un organe neuf pour son père et sauver la vie de ce dernier. Seulement, il y avait déjà un autre tueur dans la maison qui avait déjà d’autres projets. Je vous laisse imaginer la suite…
- Pensez-vous être au sommet de votre art, ou y a encore du chemin ?
Je ne suis encore qu’à l’étape embryonnaire de ma jeune carrière. Certes je veux faire des œuvres qui vont marquer des générations, des œuvres qui feront sans doute objet d’analyse filmique dans des écoles, comme le sont Citizen Kane d’Orson Welles, Vertigo du maître Hithcock ou du Parrain de Coppola. Je serai peut-être au sommet de mon art quand un de mes films va concourir aux oscars, à venise, à Toronto, quand il sera projeté dans des grandes salles de cinéma avec un monde plein à craquer, et peut-être quand j’aurai réussi à réunir Djimon Hounsou, Emile Abossolo Mbo et Geneviève Nnaji dans un même film. Voilà un casting qui me fait perdre le sommeil croyez-moi.
Mais Je peux vous dire que j’ai encore du chemin à parcourir. Comme le rappeur Youssoupha l’a dit, « la vie est un apprentissage qui ne finit jamais ». Et ça tombe bien parce que j’aime apprendre.
- Des projets en cours ?
Un tas de projets en cours. Au niveau du cinéma, des longs métrages, dont un écrit par mes soins et qui attend patiemment son jour. Et le second, écrit par l’actrice et productrice Blanche Bana, est en phase de pré-production. Quelques projets de séries sur lesquels je planche aussi en tant que Réalisateur et scénariste. Mais ce genre de projets, on prend toujours le temps de les mettre en place, parce qu’une fois lancés, plus moyen de faire machine arrière. Et moi j’aime faire kiffer le public et je dois le faire kiffer.
Par ailleurs, quelques émissions TV pour BBLACK AFRICA : ouais, il faut nourrir le bonhomme, la culture afro a besoin de contenus frais donc on est dedans tous les jours. En gros, « Hustle never stop ».
- HTB en quelques mots?
Hervé the Terrible Boy aka l’enfant Terrible de Deido, joli garçon sans produits ghanéens (MDR), toujours opérationnel quand il s’agit de bosser sur des projets qui donnent la chair de poule.
- HTB comment va le cinéma camerounais ?
Alors aujourd’hui nous avons malheureusement deux cinémas au Cameroun : le cinéma camerounais anglophone et le cinéma camerounais francophone. Et autant vous dire que les anglophones ont une belle longueur d’avance sur les francophones, tout comme nos voisins nigérians et angolais dont les productions sont de plus en plus de très bonne qualité. Les anglophones du Cameroun sont pragmatiques, solidaires, bosseurs et sont friands de l’esthétique. Le côté francophone du Cameroun c’est une catastrophe. Les films sont plats, le jeu d’acteur laisse à désirer, le scénario n’en parlons même pas, les réalisateurs et les pseudos réalisateurs, acteurs, actrices avec une fan base dans un rayon de 2 km se prennent pour des dieux. Les gens se reposent sur ce qu’ils considèrent comme acquis et refusent de bosser pour s’améliorer car ils croient déjà tout savoir. Le cinéma camerounais francophone est un méga cirque. Méga cirque quand un cinéaste se paie le luxe de projeter en salle son film inachevé (rappelons qu’il n’est pas à son premier coup d’essai), mais le public cautionne.
Un méga cirque parce que ceux qui gèrent notre cinéma ne connaissent rien au cinéma. C’est comme si on avait un coach qui ne sait même pas faire une passe. Il n’y a aucun système mis en place pour faire évoluer notre cinéma, les gens ne pensent qu’à se remplir les poches. Ceux qui gèrent notre culture préfèrent aller assister à l’inauguration d’un salon de beauté que de venir participer à l’avant-première d’un film écrit, produit et réalisé par des camerounais.
Un Méga cirque quand un Festival de cinéma de renom décide de faire animer sa cérémonie officielle par des gens qui ont l’habitude d’animer des mariages, des baptêmes, etc. sachant que dans le même pays, il y a des impresario de métier.
Un Méga cirque quand on invite un humoriste sous prétexte qu’il est côté à l’international et qui en fin de compte n’apporte aucune plus-value audit évènement pour lequel il a été convié sachant que nous avons encore des légendes du cinéma qui nous tendent la main et sont prêtes à partager leurs expériences. Non, on préfère le « m’as-tu vu » et justifier ainsi l’argent allègrement dépensé auprès des sponsors.
Un méga cirque parce que les média attendent qu’on leur ramène tout sur un plateau. Ils ne vont plus chercher les infos, ce sont les infos qui doivent les trouver sur place. Les vrais journalistes sont en voie de disparitions.
Un méga cirque quand ceux qui ne connaissent rien au cinéma veulent te parler cinéma. Mais que voulez-vous, il faut des clowns pour faire fonctionner un cirque. En d’autres termes, le cinéma camerounais francophone va très mal, tant que les gens refuseront de bosser, accepter des critiques constructives, refuseront d’apprendre, se former ou se perfectionner, notre cinéma restera aussi pauvre en qualité.
- Vous avez du charisme, et il est évident que vous servez de modèle pour de jeunes camerounais et africains qui voudront un jour suivre vos traces. Quels conseils pouvez-vous leur donner ?
Humm du Charisme vous dites? c’est un bon point pour les petites ça ? Rajoutez aussi beau gosse afin que la description soit parfaite (MDR). Ce que je peux dire à mes jeunes frères c’est toujours se battre avec les armes qu’on a. Faites le nécessaire pour que votre travail soit toujours remarquable. Certes c’est parfois difficile quand il n’y a pas de moyens, mais quand vous travaillez, mettez-y toute votre âme, comme si c’était votre dernière. Votre œuvre c’est votre bébé, si vous n’aimez pas ce que vous faites, personne ne l’aimera pour vous. Respectez vos collègues car c’est aussi grâce à eux que votre travail verra le jour, si vous ignorez quelque chose, demandez, il n’ y a aucune honte à cela, c’est comme ça qu’on devient meilleur. Pratiquez tous les jours, mais le plus important, ne lâchez rien.
- Un dernier mot ?
Peace !
- Comment vous contacter ?
- Mail : dadirectorhtb@gmail.com
- Facebook : htb-kollekchön
- Instagram : @htbdadirector
Merci HTB!
Merci à vous MyAfricaInfos, merci infiniment pour tout ce que vous faites pour la Culture africaine. Blessings !
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