Géant de la lutte pour les droits humains et l’égalité, l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu a rendu l’âme ce 26 décembre au Cap, à l’âge de 90 ans, laissant derrière lui une vie de combats exemplaires.
Connu de par le monde pour sa sagesse et sa lutte sans relâche pour la cause des populations noires, Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984 s’en est allé au lendemain de la fête de commémoration de la naissance du Christ (Noël). L’annonce a été faite par le président Sud-Africain Cyril Ramaphosa.
Au nom de tous les Sud-Africains, Cyril Ramaphosa a exprimé sa profonde tristesse suite à ce départ subit de cette figure essentielle de l’histoire sud-africaine.
« Le décès de l’archevêque émérite Desmond Tutu est un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée », a-t-il affirmé en saluant la mémoire de Nelson Mandela, vaillant homme dont Desmond Tutu partageait les convictions et dont il était devenu le porte-voix lors de son incarcération, de 1964 à 1990.
La mort de l’archevêque a provoqué une onde de choc au-delà des frontières sud-africaines car Desmond Tutu était une légende ayant une notoriété mondiale.
Suite à l’annonce de son décès, Emmanuel Macron a rappelé à quel point Tutu avait consacré sa vie aux droits de l’homme et à l’égalité des peuples. « Son combat pour la fin de l’apartheid et la réconciliation sud-africaine restera dans nos mémoires », a-t-il tweeté.
L’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, première femme noire à diriger un ministère régalien en France, a rappelé avoir côtoyé l’ancien président la commission Vérité et Réconciliation à de nombreuses reprises en ces mots :
« Résonne son rire, car j’ai connu aussi le son de sa colère et j’ai vu ses larmes de près. Etudiante, j’ai vénéré Desmond Tutu. Députée, j’ai pu lui dire merci pour tant de courage. Ministre, je l’ai salué officiellement. La dernière fois aux adieux à Mandela. Quelle vie !»
Pour l’ex-président américain Barack Obama, Desmond Tutu est un mentor, un ami et une boussole morale pour lui et tant d’autres.
« Esprit universel, l’archevêque Tutu était ancré dans la lutte pour la libération et la justice dans son propre pays, mais aussi préoccupé par l’injustice partout dans le monde », a-t- il tweeté.
Le secrétaire général de l’ONU António Guterres a aussi rendu hommage à Desmond Tutu en ces mots : « une source d’inspiration pour des générations dans le monde entier et dont le décès laisse un vide immense ».
“The Arch”, comme il était affectueusement surnommé par les Sud-Africains était affaibli depuis plusieurs mois. Il ne parlait plus en public mais saluait toujours les caméras présentes à chacun de ses déplacements, sourire ou regard malicieux, lors de son vaccin contre la Covid 19 dans un hôpital ou lors de l’office au Cap pour célébrer ses 90 ans en octobre dernier.
Bref aperçu de son parcours
Né le 7 octobre 1931 à Klerksdorp en Afrique du Sud, Desmond Tutu est auteur d’une théologie ubuntu de la réconciliation.
Desmond Tutu a fait ses études dans la ville de Johannesburg. Il voulait dans un premier temps devenir médecin, mais de telles études coûtant trop cher pour sa famille, il se destine à devenir instituteur, tout comme son père.
De 1951 à 1954, il étudie et commence à enseigner en 1954 au Johannesburg Bantu High School. En 1955, il se marie à Nomalizo Leah Shenxane, une enseignante ; ils auront quatre enfants. Mais il démissionne en 1957, pour protester contre la mauvaise qualité de l’enseignement donné aux Noirs.
Il décida alors de s’orienter vers la théologie. Il fut ordonné prêtre de l’Église anglicane en 1961 et devient l’aumônier de l’université de Fort Hare. En 1966, il obtient une maîtrise en théologie au King’s College de Londres, et retourne ensuite en Afrique du Sud, où il travaille comme professeur de théologie.
De 1972 à 1975, il revient en Angleterre, où il est le vice-directeur du Theological Education Fund (TEF) du Conseil œcuménique des Églises à Bromley dans le Kent.
En 1975, ll fut le premier noir à être nommé doyen du diocèse de Johannesburg. Il devient évêque du Lesotho (1976-78), puis premier secrétaire général noir du Conseil œcuménique d’Afrique du Sud (1978-85).
Pour son combat pacifiste contre le système de l’apartheid, il reçoit le 16 octobre 1984, le prix Nobel de la paix. Pour Desmond Tutu, la paix entre les peuples est la seule voie possible.
Il est nommé archevêque du Cap pour l’Église anglicane d’Afrique du Sud le 7 septembre 1986 et devient ainsi le premier Noir à occuper cette fonction.
En 1995, the Arch, devient le président de la Commission de la vérité et de la réconciliation créée par le président Nelson Mandela dans le but de faire la lumière sur les crimes et les exactions politiques commis, durant l’apartheid, au nom des gouvernements sud-africains, mais également les crimes et exactions commis au nom des mouvements de libération nationale.
La fondation de Desmond Tutu a annoncé que ses funérailles se tiendraient samedi 1er janvier 2022 dans la cathédrale Saint-Georges.
Selon l’AFP, ladite fondation a indiqué que les cloches de la cathédrale Saint-Georges seront sonnées chaque jour pendant dix minutes, à partir de midi toute la semaine de lundi à vendredi, jour où le corps du défunt reposera en chapelle ardente dans la cathédrale.
Repos éternel esprit libre!