Suite au débarquement massif de réfugiés dans la zone Est du Tchad, L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a lancé une campagne en faveur de l’inclusion des enfants et des jeunes réfugiés dans les systèmes éducatifs nationaux, afin qu’ils ne soient pas laissés pour compte.
Selon l’ UNHCR, tous les enfants et les jeunes réfugiés devraient avoir accès à une éducation complète et de qualité.
Le célèbre Lewis Hamilton, sept fois champion du monde de Formule 1, militant pour l’égalité, l’équité et la diversité en matière d’éducation comme dans le sport automobile, s’est joint à ce projet et déclare : « L’éducation ne fait pas qu’élargir les horizons des individus et leur offrir des opportunités qu’ils n’auraient peut-être jamais rêvé avoir autrement. Elle va aussi à l’encontre des effets néfastes liés à l’injustice systémique. Il ne s’agit pas seulement de créer des opportunités pour les jeunes, de les aider à trouver leur voie et à se construire un avenir. Il s’agit également des conséquences qui en découlent : une plus grande diversité aux postes de direction et d’influence, dans le monde du travail, dans le sport, la culture, la politique ».
Le Camp de Kouchagine-Moura
Depuis son ouverture en février 2020, environ 14 000 personnes abritent le camp de Kouchaginie-Moura au Tchad, après qu’ils aient fui les affrontements intercommunautaires au Darfour.
En dehors de l’accueil et la protection des nouveaux arrivants, le HCR et ses partenaires s’assurent de l’accès des enfants à l’éducation. Cela passe par leur inclusion dans le système d’enseignement national tchadien mais également par la mise à disposition d’infrastructures et de matériels scolaires.
Pour ce faire le HCR a procédé à la construction de deux écoles dotées de sanitaires et de forages à pompe solaire et pouvant accueillir plus de 2500 élèves.
En collaboration avec le Service jésuite des réfugiés, l’agence a formé une équipe de 39 enseignants issus des communautés de réfugiés et d’accueil.
«Le camp bénéficie également d’un programme accéléré d’alphabétisation et d’éducation destiné aux jeunes âgés de 12 à 23 ans»; a signifié le UNHCR.
Au total, 108 jeunes filles et 61 garçons n’ayant jamais mis pied à l’école bénéficient de ce programme.
Notons que malgré ces investissements, le camp continue de s’agrandir avec près de 4 000 nouveaux arrivants depuis le début de l’année. D’innombrables défis sont désormais à relever notamment la construction de nouvelles salles de classe. En effet, la taille moyenne des classes de l’école primaire est de 163 élèves, et 10 des 17 classes des deux écoles sont tenues en plein air en raison du manque d’espace.
« Si les arbres fournissent de l’ombre, ils ne sont pas aussi efficaces pour protéger les élèves pendant la saison des pluies », a confié un enseignant Tchadien du camp.
Au-delà des contraintes matérielles, les enseignants alertent également sur l’absentéisme dû à la précarité de la plupart des foyers installés dans le camp.
« Il faut s’assurer que les enfants bénéficient d’une alimentation saine et équilibrée. Certains élèves ne viennent pas à l’école certains jours parce qu’ils n’ont pas de chaussures ou de vêtements corrects » ; a-t-il ajouté.
Des conflits intercommunautaires incessants au Soudan
Aujourd’hui, la reprise des affrontements intercommunautaires au Soudan, contraint davantage de personnes à se réfugier au Tchad. Mais, cela entraîne l’accroissement d’un système déjà surchargé.
Le principal facteur qui entrave l’action du HCR et des autres partenaires des Nations Unies et des ONG est le manque flagrant de fonds. Par conséquent, le Plan de réponse humanitaire 2022 pour le Tchad, d’un montant de 510 millions de dollars, n’est en effet financé qu’à hauteur de 22%.
La composante éducation de ce plan n’a reçu que 2 millions de dollars sur les 34 millions nécessaires pour répondre aux besoins des enfants réfugiés.
Néanmoins, il faut reconnaître qu’au cours de ces dernières années, le Tchad est devenu l’un des pays les plus inclusifs au monde en matière d’accès à l’éducation des réfugiés.