Les jeunes entreprises africaines continuent d’avoir le vent en poupe. 136 entrepreneurs ont été accompagnés au cours des 36 derniers mois par DiafrikInvest. Mais au-delà de la question de l’accompagnement, c’est tout un réseau pérenne qu’il faut bâtir des deux côtés de la Méditerranée.
Un programme d’accélération international n’est jamais aisé à monter car il faut sensibiliser autant les entrepreneurs que les investisseurs. «50 financeurs étaient connectés aux projets d’investissements», indique Emmanuel Noutary, Délégué Général au sein du réseau ANIMA investment network. Et avec près d’un million d’euros de promesses d’investissements recueillis, le projet DiafrikInvest a mobilisé les compétences et développer l’investissement productif entre le continent et les diasporas. « Notre réseau a travaillé en étroite collaboration avec le CJD Sénégal, la CONECT (Tunisie) et StartUp Maroc», indique-t-on au sein du réseau ANIMA chargé de piloter ce programme financé à 90% par l’Union européenne. Selon la Direction générale du développement et de la coopération, ce projet doté d’un budget de 2,2 millions d’euros a permis le soutien à une quarantaine de projets menés par des entrepreneurs locaux en lien avec des Business angels.
A travers cette initiative, le message est clair. Il faut rassembler les porteurs de projets et les investisseurs issus du continent africain et de ses diasporas. Et il faut dire que l’enjeu en la matière est considérable. Selon les informations recoupées de différentes ambassades africaines, on compterait rien que sur la France près de 5 000 associations de la diaspora. Le tissu diasporique africain est donc très éparse. «Notre projet objectif avec DiafrikInvest était d’abord de créer un réseau entre les entrepreneurs africains et ceux de la diaspora. Cela favorise un accompagnement des entreprises vers l’international», explique-t-on au sein du réseau ANIMA. Cela favorise également le mentorat qui est très plébiscité par les diasporas désireuses d’investir sur le continent. «Nous avons attiré de nombreux talents des diasporas vers les projets entrepreneuriaux africains. Cela a aussi permis des échanges d’expériences des deux côtés», analyse-t-on au sein du réseau ANIMA. Au-delà du renfort que cela constitue pour les entreprises, l’objectif de ce genre de réseau vise aussi à créer un impact structurant en favorisant la coordination des acteurs économiques.
Les réseaux d’incubateurs africains au cœur de la stratégie
Si ces réseaux peuvent se rendre efficace, c’est parce qu’ils peuvent compter sur des réseaux solidement ancrés. C’est dans cet esprit que StartUp Maroc a mis en place une plate-forme dédiée dans le royaume chérifien pour recenser les talents et les compétences de la diaspora marocaine installée en Europe pour des cessions de coachings. L’accent est aussi mis sur l’échange d’expertises. Lancée en septembre 2020, elle vise à pérenniser l’impact des activités de mentoring déployées dans le cadre du programme et accéder aux financements grâce aux conseils des mentors, experts Business Angels et réseaux de confiance locaux et diaspora. Si le Maroc est en pointe sur ce sujets, d’autres initiatives ont été mises en place dans d’autres pays notamment en Tunisie et au Sénégal. Et c’est dans le royaume de Carthage que la plate-forme Financini a pu émerger à l’initiative de la CONECT. Financini recense l’ensemble des opportunités de financements en matière de soutien à l’entrepreneuriat : fonds publics et privés, dotations, concours, etc. Cette plateforme répertorie aujourd’hui 200 mécanismes de financements et d’appuis qui couvrent 16 catégories sectorielles. L’objectif est de guider le porteur de projet à chaque étape de sa création d’entreprise, et d’identifier les possibilités de financements.
Enfin parmi les pays subsahariens, le pays de la Teranga est très engagé sur ce sujet avec la plateforme Entreprendre au Sénégal. Lancée par le CJD Sénégal, elle sert aussi de cercle de réflexions sur les capacités des acteurs institutionnels, financiers et du développement en matière d’entrepreneuriat de la diaspora. Mais elle facilite surtout la mise en contact des entrepreneurs ou investisseurs de la diaspora avec les structures d’accompagnement compétentes. Officiellement lancée en octobre 2019, elle propose une cartographie des dispositifs existants et permet d’échanger sur les pratiques locales, approfondir les informations et connaitre les actualités relatives aux sujets entrepreneuriaux. Ce sont ces synergies entre le Nord et le Sud qui pourraient dynamiser encore davantage les échanges culturels et économiques dans les prochaines années.