La salle polyvalente de l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) a accueilli dans la matinée du mardi 27 octobre 2020, la cérémonie de lancement du projet d’inventaire général du patrimoine national de la République du Bénin et d’ouverture de l’atelier de clarification conceptuelle et de définition des typologies. C’est le ministre Jean-Michel ABIMBOLA qui a donné le top au démarrage des activités. Il s’agit d’un projet piloté par l’Ecole du Patrimoine Africain en partenariat avec l’Agence Nationale de Promotion des patrimoines et de développement du Tourisme (ANPT) et le Ministère en charge du Tourisme, de la Culture et des Arts (MTCA) notamment la Direction du Patrimoine Culturel (DPC).
Autorités locales, acteurs et professionnels du patrimoine, de la culture, des arts et du tourisme, universitaires, experts et têtes couronnées n’ont ménagé aucun effort pour répondre présents à cet appel à la fois identitaire, civique et professionnel pour certains. Le Bénin dispose d’énormes richesses et valeurs patrimoniales donc, potentialités touristiques dont la mise en valeur boostera l’économie nationale sous plusieurs angles. Mais, comment valoriser une chose dont on n’a pas connaissance ? C’est en réponse à ce besoin d’identification des biens et éléments du patrimoine national que le gouvernement de la rupture, dans son programme d’action PAG, a œuvré pour que soit réalisé, le projet de recensement de tous ce qui est patrimoine en République du Benin. Or, parler du patrimoine et de son inventaire, c’est arpenter un chemin scientifique et terminologique dont les approches varient suivant les disciplines, les courants et les réalités.
C’est donc dans l’optique de trouver un consensus sur la définition du patrimoine national selon l’acceptation béninoise, qu’il a été prévu en prélude à l’opérationnalisation de l’inventaire, un atelier de deux jours pour permettre aux experts, universitaires, acteurs culturels et gardiens de la tradition de s’accorder sur les diverses terminologies et la typologies des patrimoines à prendre en considération. Le présent projet d’inventaire financé par la Banque Mondiale et commandité par l’Agence Nationale l’Agence Nationale de Promotion des patrimoines et de développement du Tourisme (ANPT) est piloté par l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA). « Si le Bénin n’est pas riche en or ni en ressources du sous-sol, le pays peut au moins se targuer de sa diversité culturelle et patrimoniale dont la mise en valeur non efficiente a toujours été dénoncée par les professionnels et les communautés qui de plus en plus les délaissent au profit d’autres modes de vie. » dixit le Docteur Comlan Franck OGOU, Directeur de l’EPA, au début de son allocution. Pour ce dernier : « La culture et le patrimoine ont été pendant longtemps cités comme facteurs de création de cohésion sociale et d’appartenance ethnique. Or, ils sont aussi créateurs de richesses et les sociétés qui le savent en tirent grand profit. »
Ainsi, se conformant à la vision du gouvernement du Président Patrice TALON qu’est de faire du tourisme, un piler phare de l’économie nationale, le Directeur de l’institution panafricaine estime que le tourisme se nourrit des attraits naturels et des curiosités culturelles et qu’il faut obligatoirement procéder à un véritable état des lieux du potentiel touristique avant une bonne politique de développement du tourisme. Malheureusement, précise-t-il : «Le Bénin ne dispose pas de base de données précise et connue sur son histoire, ses langues, sa littérature orale, ses pratiques religieuses et autres valeurs traditionnelles. » Cette situation aurait tiré ses origines d’un dysfonctionnement administratif car, selon le chef de l’équipe EPA : « En matière de patrimoine culturel, l’existence depuis plus de vingt ans d’une direction spécialisée au sein des divers ministères chargés de la culture n’a rien arrangé, en raison du statut peu confortable de cette institution, de l’instabilité de son personnel, mais aussi du peu d’attention dont bénéficie la culture au sein des instances nationales de décision. ». Conséquence : « Le Bénin ne connaît ni l’ampleur, ni l’état exact de son patrimoine culturel, qu’il soit matériel ou immatériel, ou naturel à caractère culturel » dira le Directeur de l’Ecole du Patrimoine Africain.
La présente opération d’inventaire général du patrimoine national est donc la bienvenue et permettra à en croire le Dr Comlan Franck OGOU, de développer une base de données libre d’accès (free access) renseignant sur les patrimoines des 77 communes du territoire national et de réaliser une carte générale du patrimoine national qui présente les biens matériels et immatériels recensés ainsi que leurs zones géographiques sur le plan national, régional et local en lieu et place. Les résultats qui seront issus de cette opération permettront également d’assister le MTCA dans l’élaboration du cadre de protection et de gestion du patrimoine national inventorié et proposer des mesures à prendre pour une protection renforcée et une meilleure valorisation du patrimoine inventorié. Enfin, sera-t-il question de concevoir un projet de mise en valeur d’un bien ou du patrimoine d’une(e) région, département ou commune sélectionné (e).
Avant de finir, le Directeur de l’EPA a précisé ses attentes vis-à-vis de l’atelier de clarification conceptuelle et de définition des typologies. Ce que va réitérer le ministre en charge du tourisme, de la culture et des arts en appelant chaque acteur impliqué dans le projet, à mesurer l’ampleur de la responsabilité qui lui incombe face aux enjeux et à la postérité. « Je voudrais insister sur le sérieux, la conscience, l’esprit et la rigueur scientifiques qui devront caractériser les travaux de cet atelier de même que tout le processus d’inventaire. » a laicé entendre le Ministre Jean-Michel ABIMBOLA. Pour ce dernier, il est important d’aller au-delà de la simplicité apparente de l’évènement pour y voir un instant capital pour l’avenir du Bénin. « En réalisant cette activité importance et déterminante pour sa marche vers le développement intégral de son territoire, notre pays entend mettre à la disposition des décideurs, chercheurs, visiteurs, apprenants et autres apprenants, un document de référence portant inventaire de son patrimoine culturel dans ses dimensions matérielles, immatérielles et naturelles » dira l’autorité ministérielle. Elle va loin et justifie le choix porté sur l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) par le fait qu’elle soit une école reconnue pour sa technicité et dont les références professionnelles forcent le respect.
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Juste le coup d’envoi du Ministre Jean-Michel ABIMBOLA et les experts se retrouveront en atelier pour divers travaux, lesquels vont durer tout la journée du 27 et la matinée du 28 octobre 2020. Une fois l’atelier de clarification et d’appropriation clôturé, les regards techniques de l’EPA seront désormais tournées vers la conception des fiches d’inventaire, les diverses rencontres avec les autorités territoriales des 77 communes et chacune des communautés à la base car faut-il le rappeler, seule la communauté détermine ce qui selon elle, peut être considéré comme patrimoine.
Soulignons que la cérémonie de lancement des activités a été marquée par la présence effective du Professeur Maxime da Cruz, Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi et de Monsieur Edmond TOLI, Directeur Général de l’Agence Nationale de Promotion des patrimoines et de développement du Tourisme.