Bien que délaissée par la jeune génération, l’agriculture est un domaine qui ne trahit pas son Homme. Razak Adjei l’a bien compris et s’y intéresse. Avec sa jeune société TarAgro, ce Togolais veut innover en apportant l’agriculture aux citadins. Cet entretien traduit son amour inconditionnel pour son métier.

Bonjour Mr Razak Adjei. Dites-nous ce que vous faites comme activité ?

Bonjour MyAfricaInfos ! Mon nom est Razak ADJEI, je suis entrepreneur agricole et responsable de l’Agence de suivi de l’Agriculture Urbaine TarAgro.

Quelle est l’expérience qui vous a poussé à cet engagement ?

Au cours de mes études universitaires, les dépenses journalières devenaient trop énormes pour un fils de paysan que je suis. Quelques mois après mon inscription à la faculté de Gestion, une opportunité de formation en entrepreneuriat agricole s’est offerte à moi.

C’est précisément en Février 2016 que ma vie a connu un grand tournant. Saisissant l’opportunité, j’avais débuté une formation entrepreneuriale dans le domaine agricole ; et c’était ma toute première fois de me mettre véritablement à la terre. Cette formation a eu lieu à 20 km de la capitale Lomé (Capitale du Togo, Ndlr) sur la route de Vogan dans le centre Sichem, un complexe de formation en entrepreneuriat agricole.

Les trois premiers mois ont été les plus difficiles. La grande partie de la journée était consacrée à la pratique et seulement deux heures par jour sont allouées à la phase théorique. Je ne peux jamais oublier cette aventure. J’en ai eu des saignements aux mains malgré l’utilisation des gants.

On avait la chance d’avoir la possibilité de revenir sur Lomé les week-ends. Cela a été une opportunité décisive pour moi car elle m’a permis de faire des prestations de services agricoles, et d’arriver à gagner de quoi payer les frais de formation. C’est de là qu’est née l’idée de créer ma propre entreprise.

Dès le troisième mois de la formation, nous avions eu la possibilité de choisir les modules dans lesquelles nous voudrions être spécialisés. Et moi je m’étais spécialisé en production maraichère et transformation agroalimentaire, une spécialité qui est devenue du jour au lendemain une passion pour moi. L’auto-emploi commençait à devenir une évidence pour moi car l’amour pour l’agriculture restait ma principale source de motivation.

Comment est-ce que votre entourage ou votre famille a réagi face à votre initiative ?

Dans un premier temps, il a fallu que je quitte la maison familiale afin de pouvoir entreprendre car dans certaines familles africaines l’idée de l’entrepreneuriat n’est pas encore bien ancrée ; cela était le cas chez moi. Vous pouvez donc imaginer comment le parcours entrepreneurial peut être encore plus rude et plus difficile sans le soutien de la famille. C’est devenu donc un défi de pouvoir gagner ce pari en réussissant afin que cette notion puisse intégrer les familles et les mœurs.

Quant à l’entourage c’est-à-dire les amis, les connaissances, cela a été pour eux une fierté de voir un ami, un camarade d’école sortir du lot des demandeurs d’emplois et être plutôt un créateur d’emplois.

Quelle est votre plus belle expérience depuis le début de cette initiative ?

La mise en place de TarAgro nous a permis d’avoir accès à plusieurs opportunités afin de partager notre savoir-faire. Dans cette lancée, nous avons initié la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat au Togo ; exécutée par le GISAP.

Je suis en outre le promoteur du concept « Une maison, un Potager ». Il faut remarquer que c’est le premier projet d’agriculture urbaine au Togo. Son objectif est d’amener les ménages à produire des légumes chez eux.

Nous avons également créé l’espace aéré Point Vert pour la mise en pépinière et la commercialisation des pieds de plants ; c’est un cadre pour initier la jeune génération à l’agriculture urbaine.

Au-delà de toutes ces réalisations, ma plus belle expérience a été de voir pointer la curiosité des enfants désireux de connaître des choses sur le potager lorsque nous étions passés dans les maisons. C’est cette expérience qui m’a incité à initier l’espace aéré Point Vert.

Pour moi, apprendre l’agriculture aux enfants, c’est investir dans un développement durable.

Comment voyez-vous TarAgro dans 5 ou 10 ans ?

Étant initiateur du projet “une Maison, un Potager” j’aimerais arriver à mettre en place une Agence Nationale de Suivi d’Agriculture Urbaine (ANSAU) et plus loin voir l’instauration au Togo des Journées Nationales de l’Agriculture Urbaine (JNAU).

Et pourquoi pas être le jeune leader qui aura innové dans le domaine de l’entrepreneuriat agricole et spécialement dans le cadre de l’agriculture urbaine !

Quelle est votre principal obstacle pour atteindre vos objectifs ?

La majeure difficulté reste pour moi l’inadéquation des ressources humaines existantes avec mon initiative et évidemment le manque de soutien des organismes et institutions financières aux initiatives dans le domaine de l’entreprenariat agricole. Et quelquefois même s’il en existe, ces financements n’atteignent pas leur cible.

Ainsi dans le cadre du développement de notre initiative : l’agence de suivi d’agriculture urbaine TarAgro, nous avions lancé le lundi 09 Avril 2018, une campagne de levée de fonds de cinq millions de franc CFA (5.000.000 f CFA) afin d’atteindre une grande majorité de la population qui a besoin de produire et consommer leurs propres légumes sains et biologiques.

Nous lançons donc un appel à toutes les bonnes volontés et aux institutions de financement des initiatives des jeunes de bien vouloir nous soutenir soit par des placements de fonds ou des financements.

Pensez-vous que l’entrepreneuriat est une solution au chômage ?

Oui et non !

Oui ; parce que je me suis rendu compte que nous les jeunes avons du potentiel et un esprit d’initiative. Ce qui nous manque ce sont les appuis financiers surtout, ainsi que le management pour ceux qui en auraient besoin.

Non ; parce qu’il n’est pas donné à tout le monde d’initier des activités innovantes génératrices de revenus.

Un message à ceux qui voudraient suivre vos pas ?

Á mes frères jeunes universitaires ou diplômés sans emploi, je leur dirai d’être visionnaire et futuriste. Très souvent beaucoup estiment qu’il faut une somme importante pour démarrer une activité. Je profite de l’occasion pour leur dire qu’avoir ce genre d’idée est le meilleur moyen de bloquer tout élan d’entreprendre. Il faut être fûté et saisir les opportunités.

Avez-vous un mot à l’endroit de la jeunesse en général ?

Je dirai à toute la jeunesse d’oser et de se lancer dans le vide car la nature a horreur du vide.

Votre anecdote ou citation préférée

« Si vous voulez changer votre demain, vous devez commencer par changer vos pensées, vos décisions et vos actions aujourd’hui » ; Coach Ignace Agbakla.

Un dernier mot ?

Je dis Merci à la rédaction de MyAfricaInfos. J’en profite pour lancer un appel à tous les acteurs de notre société. Je les invite à se joindre à notre agence pour redonner vie au milieu urbain.

Vos contacts ?

Nous sommes à Lomé, dans le quartier Djidjolé, dans l’espace Africa Coworkers au Carrefour Donou en face du terrain de basketball.

Contacts : (+228) 91 16 77 91 / 92 01 13 65 E-mail : taragro2503@gmail.com
Compte personnel Facebook https://www.facebook.com/tinalleboss?lst=647323169%3A100003479694639%3A1524382346
Page Facebook de l’entreprise : https://www.facebook.com/taragrotogo/

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