Avoir les cheveux à la brésilienne n’est plus l’apanage de la plupart des femmes africaines. Elles sont de plus en plus nombreuses à bouder les produits défrisants. Toutefois, ce retour au naturel n’est pas toujours bien accueilli dans l’environnement immédiat.
Il n’est pas rare d’entendre des remarques désobligeantes sur ses cheveux, lorsqu’on décide de se remettre au naturel. “Ce qui gêne ce sont les remarques bizarres de l’entourage. Porter des cheveux naturels, c’est être différente. C’est comme descendre d’une autre planète“, pense Assibi, une vendeuse.
Les annonces publicitaires et les médias ont tellement fait la propagande des produits défrisants à tel point les cheveux naturels sont devenus synonymes de malpropre. Et donc, avoir les cheveux naturels dans la société africaine est immédiatement assimilé à la débauche. Sinon, vous êtes de facto classé dans le mouvement rasta.
Cependant, avec une prise de conscience qui se généralise aujourd’hui, les femmes arborent avec fierté leur crépu.
Pour Nibombé, pas question de se laisser intimider par les mauvaises opinions sur les crépus. “Il y a beaucoup de personnes qui n’apprécient pas les cheveux naturels. Elles trouvent que ce n’est pas joli, pas présentable. C’est notre nature de cheveux, celle que Dieu nous a donnée. Je reste donc dans ma logique. Je n’en ai rien à faire de leurs remarques. Après tout, c’est ma tête“, fait-elle comprendre.
En effet, nombreuses sont ces personnes qui ont une idée négative des cheveux naturels. C’est le cas de cet homme que nous avons rencontré et qui a requis l’anonymat : “Je ne peux pas accepter les cheveux naturels sur la tête de ma femme. Ce n’est pas potable. Je la préfère plutôt avec des mèches et des tissages sur la tête. Elle est plus belle comme cela”. A chacun son choix, dirait-on!
Si certaines femmes hésitent encore à retourner au naturel, c’est par peur de déplaire à leurs hommes. Toutefois, beaucoup d’hommes poussent désormais leurs femmes à adopter les cheveux crépus parce qu’ils les trouvent naturelles et très belles ainsi.
En outre, sur le plan budgétaire, le choix est plutôt au “naturel”. Choisir les extensions ou les produits défrisant est un gros investissement qui s’impose. Et le budget familial prend assurément un coup. Selon de récentes estimations, les Africaines dépenseraient, chaque année, 7 milliards de dollars pour l’entretien de leur identité capillaire.
Par ailleurs, garder ses cheveux aux naturels ne veut pas par dire faire ses adieux aux extensions. De temps en temps, il faut des coiffures protectrices pour faire reposer les cheveux; chacune ayant sa méthode pour redonner vie à ses crépus.
Au-delà de l’effet de mode, le retour au naturel est une prise de conscience qui s’impose tant sur le plan sanitaire qu’identitaire.