Denis Mukwege, le docteur “qui répare les femmes”, a rappelé avec insistance sa bataille et l’impérieuse nécessité pour l’humanité de ne point ignorer les victimes de violences sexuelles en temps de conflits.
« La transformation du corps de femmes en champ de bataille est tout simplement un acte inadmissible à notre siècle »… « Ce ne sont pas seulement les auteurs de violences qui sont responsables de leurs crimes, mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard », a-t-il rappelé dans son discours lors de la réception du prix Nobel de la Paix ce Lundi à Oslo, prix qu’il partage avec sa Co-lauréate Nadia Murad, irakienne et ex-femme esclave du groupe État islamique.
C’était une allocution poignante dans laquelle il raconte des faits poignants et horribles qui semblent tout droit sortis de films de fiction, mais qui malheureusement ne sont que l’écho de faits réels et vécus, des histoires qui appellent chacun à faire face à ces réalités que sont la guerre et les abus qui en découlent notamment contre les femmes. Allant au-delà du thème de la femme, le docteur a aussi évoqué les réalités de son pays, « le plus riche de la planète » mais dont la population est « parmi les plus pauvres du monde ». Il exhorte le monde à, après avoir admiré tout ce qu’il possède et dont une partie provient du Congo, (bijoux, Smartphones, gadgets divers, voitures électriques entres autres), prendre conscience des conditions inhumaines dans lesquelles ces minerais sont extraits par des enfants victimes de violences diverses et dont la vie n’a aucune valeur aux yeux de leurs bourreaux, « Fermer les yeux devant le drame c’est être complice. Ce ne sont pas seulement les auteurs de violence qui sont responsables de leurs crimes,mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard », a-t-il déclaré.
Il a aussi évoqué la présidentielle du 23 décembre, parlant de ses craintes de “troubles“, et appelant à la protection des populations.
Reconnaissance de la communauté de Bukavu
Notons que ce prix, qui fait l’unanimité au sein de la population congolaise et surtout de sa communauté à Bukavu , a une signification particulière surtout pour la gente féminine , ses patientes, qui ont tenues à lui témoigner leur gratitude avec une caravane spontanée et improvisée.
« Je suis infiniment reconnaissante à papa Mukwege pour ce qu’il a fait pour moi et je suis sûre que c’est le même sentiment pour toutes les autres femmes qui sont ici. Dorénavant je me sens mieux et je remercie mon Dieu »... « Nous les femmes sommes très reconnaissantes du travail du docteur et s’il appartenait aux humains de solliciter une plus grande longévité pour un autre, nous demanderions à Dieu d’augmenter les jours à Mukwege sur cette terre au regard du travail humanitaire qu’il abat. », tels sont les propos d’une femme interviewée par nos confrères de la Deutsche Welle pour témoigner de sa gratitude.
Le héros des femmes de Bukavu ne compte pas s’arrêter là et nous espérons que du 23 décembre ne seront pas encore une fois le théâtre d’atrocités envers les femmes du Congo.
Voici en vidéo, le discours de Dr Denis Mukwege que nous vous invitons à regarder :