Depuis des siècles, bon nombre d’Africains ont porté leur continent dans le cœur et sonné la charge pour une émergence définitive. Mais à chaque charge, l’échec a tout anéanti avec, souvent une violence inouïe. L’Afrique est-elle maudite ? En analysant les faits, l’échec, dans la majorité des cas, a été souvent l’inaction des concernés eux-mêmes. Certains observateurs évoqueront la manipulation qui a engendré la division entre frères ; mais peut-on tromper tout le peuple tout le temps ?

Les petites bulles panafricaines éclatent avec un bruit soyeux un peu partout en Afrique et dans la diaspora. Les remous créés par l’avènement des réseaux sociaux et la course au pouvoir mondial ont engendré de petites révoltes “nucléaires” qui n’embrasent pas encore toute l’Afrique à cause d’inconscientes poches de résistance. Des résistances certes, mais des résistances à l’envers assurée par de vrais africains contre leur propre continent.

Le 23 février 2019, l’activiste panafricain Mwuzulu Diyabanza est entré pour la troisième fois dans une entreprise française pour payer la prestation dont il allait jouir, avec des billets F CFA. Cette fois là, il s’agissait d’Air France. Evidemment la compagnie a refusé cette monnaie malgré les multiples explications de ce citoyen africain résidant en France. Un refus mais une victoire pour ce Congolais d’origine, puisque le but était de montrer au monde entier, l’absurdité entourant le franc CFA. En ce jour, la vidéo montrant « l’affront » a enregistré 8 969 vues, 295 « J’aime » et 7 « J’aime pas » ; très loin derrière les milliards de vues enregistrées par les clips vidéos véhiculant des messages fantaisistes. Le hic c’est justement cela ; on se demande pourquoi cette vidéo ne fait pas des millions de vues et des millions de partages au sein même de la communauté africaine. En effet, pendant que certains tirent de la boue l’Afrique alourdie par ses jougs, d’autres les bras croisés, sifflotent en regardant ailleurs ou prennent du café avec l’Occident.

Kemi Seba, Urgence Panafricaine

L’activiste sénégalaise Nogaye Babel SOW avait compris déjà à 14 ans ce que la plupart des Africains ignorent aujourd’hui. Très tôt elle a entamé la lutte dont un Kamit doit faire sienne pendant que son continent saigne. Gilles Robert Capo Chichi alias Kemi SEBA a-t-il tort de crier là où certains de ses frères gardent le silence ? La réponse saute aux yeux mais beaucoup sautent du bateau au moindre remoud. Les africains doivent comprendre que le TITANIC n’a pas sombré à cause de fortes vagues mais, selon la version officielle, par manque de devoir. Est-ce cela qui nous manque ? En effet un bateau ne se conduit pas tout seul ; si chaque membre de l’équipage avait fait son travail, le TITANIC serait arrivé en héros en Amérique. Que manque-t-il alors aux Africains ? Au-delà des « institutions fortes évoquées par Barak OBAMA, l’Afrique manque de ce qui a fait la force des Etats Unis, de la Chine ou de l’Europe: le réseau.

A cause du silence des autres, l’Afrique n’a pas de réseau puissant capable de résister au temps et de donner souffle à une vision commune. Nous ne parlons évidemment pas de réseaux sociaux mais d’un réseau humain idéologique garant d’une vision kamit. Les puissants pays et continents en ont ; l’Afrique, elle, fait semblant d’en avoir. « Le pire c’est de ne pas reconnaître tout ce qui nous arrive », belle mélodie qui me revient à l’esprit chaque fois qu’un frère tire un autre vers le bas ; Kemi se bat mais pas seulement contre l’injustice faite à l’Afrique ; à l’instar de Nogaye, de Mwuzulu et des autres panafricains, il se bat aussi contre le silence actif des autres africains, c’est-à-dire toi et moi.

Certains Africains hésitent encore à prendre leur responsabilité parce qu’ils ne se sentent pas concernés par le destin du continent. Ils ont pu gagner l’Occident ou ils se sentent plus blanc que le Blanc ; mais comment expliqueront-ils leur peau noire à leurs enfants innocents et incrédules ? Combien de temps allons-nous continuer à dire à nos enfants que l’océan est sale parce que les poissons ont trop pleuré ? Les poissons n’en sont pour rien. L’Afrique n’a pas besoin d’un, mais des millions de Kemi SEBA et de Babel SOW pour nettoyer le continent de sa pollution coupable.

Mais pendant que nous écrivons ces lignes, Babel a rejoint Séba et Mwuzulu aussi. Peut-être que petit à petit le réseau est finalement en construction ; peut-être qu’il ne manque que l’adhésion de ceux qui regardent de loin ; c’est-à-dire toi et moi.

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