Depuis le 16 Novembre 2021 le centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey abrite le 3e Sommet des Filles Africaines (African Girls Summit), une initiative de l’Union Africaine (UA) qui prendra fin ce jeudi 18 novembre.
Après Luzaka en Zambie en 2015 et Accra au Ghana en 2018 le sommet des Filles Africaines (African Girls Summit), est accueilli pour cette troisième édition dans la ville de Niamey au Niger sous l’égide de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et du Comité africain sur les droits et le bien-être de l’enfant.
Placé sous le thème : «Culture, Droits Humains et Responsabilité : Accélérer l’Elimination des pratiques néfastes », cette initiative mise en œuvre par l’Union Africaine (UA) et les Nations Unies a donné suite à des échanges et discussions importantes sur l’accès des filles à l’éducation, le mariage précoce et les mutilations génitales.
Ce sommet a réuni plusieurs acteurs dans le pays de Mohamed Bazoum, où le taux de mariage précoce assez élevé, avoisine les 80 %.
Plus de 2000 participantes sont venues des 4 coins de l’Afrique, de même que les délégations des 55 États membres de l’Union Africaine et les représentants d’organisations féministes qui attendent particulièrement des actions concrètes et des avancées significatives.
C’est une occasion de donner un signal fort pour mettre un terme à ces pratiques et inciter les gouvernements à adopter des politiques visant à favoriser la scolarisation des filles. Devant le président nigérien et le reste des invités, certaines jeunes filles ont même scandé “Donnez-nous des livres, pas des maris'”.
« Le Niger est cité comme pays champion en matière de mariage d’enfants. Tous les pays du monde sont regardants par rapport à cette situation qui est en train de miner notre société. Le taux de mariage précoce est passé de 75 % à 76,3 %», a laissé entendre Mariam Moussa, présidente de l’ONG SOS Femmes et Enfants Victimes de Violences Familiales.
Cette année, le sommet a lieu dans un contexte difficile à cause de la crise sanitaire . En effet, des milliers de filles ont été privées d’école depuis le début de la pandémie, ce qui a renforcé les mariages précoces. Et sans un modèle de politique régionale ou un cadre légal commun concernant le droit des filles à l’éducation ou le mariage précoce par exemple, les politiques dans ces domaines varient d’un pays à l’autre en Afrique.
L’un des objectifs de ce sommet est d’inciter les gouvernements africains à adopter des politiques visant à favoriser la scolarisation des filles.
« Il y a une attention énorme sur la question de l’accès des filles à l’éducation, mais surtout de les garder à l’école jusqu’à la fin du cycle secondaire. Il y a des personnalités qui, j’espère, vont être aussi un peu un miroir et amplifier aussi certains messages qui sont nécessaires pour faire avancer l’éducation des filles, qui est la clé pour résoudre beaucoup de défis », a expliqué le représentant d’Unicef Niger, M. Stefano Savi.
Parmi les défis auxquels l’Afrique doit faire face figure notamment la question démographique. En considérant l’implication massive de la jeunesse, M. Stefano Savi espère des résultats intéressants pour le futur des filles, mais aussi pour les jeunes hommes du pays.
Comme l’attestent les données officielles ainsi que des études d’organisations ou d’institutions régionales et internationales, l’Afrique de l’Ouest et du Centre est particulièrement la région la plus touchée par le mariage d’enfants au monde.
En effet, six des dix pays ayant la plus forte prévalence du mariage d’enfants se trouvent dans cette région. En moyenne, 40% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, avec de fortes disparités entre les pays. Dans certains pays comme le Niger, la Centrafrique et le Tchad, ces taux sont supérieurs à 67%. Les mariages d’enfants et les grossesses précoces sont les principaux facteurs qui contribuent à accroitre les risques de mortalité maternelle et infantile dans la région. Les filles qui se marient très tôt (avant l’âge de 18 ans) ont un risque plus élevé de grossesse précoce, et un accès limité aux services d’éducation et de santé sexuelle et reproductive. Elles ont également des complications lors de l’accouchement qui les exposent à des fistules obstétricales.
Depuis le lancement de la campagne de l’Union Africaine (U.A) « Mettre fin au mariage des enfants maintenant » en 2014, suivi du premier Sommet de la fille africaine en Zambie, en 2015, des progrès ont été enregistrés grâce à l’engagement des Chefs d’État, des Premières Dames, des leaders traditionnels et religieux, des communautés, des parents et des filles elles-mêmes. Soulignons aussi l’existence d’une société civile active sur le sujet et des organisations œuvrant pour la promotion des droits des filles regroupées au sein de la Plateforme “mettre fin au mariage forcé, mariage des enfants”.