Rééduquer la population togolaise par rapport à l’usage des poubelles, voilà la mission du projet « Ma Belle Poubelle ». Kouassi PANOU, gestionnaire d’influence, promoteur et initiateur du projet est un jeune togolais qui a plein d’idées. Il a accepté de répondre à nos questions.


Bonjour Mr PANOU ! Comment allez-vous ?!
Je vais super bien, j’espère vous aussi. C’est une grande joie pour moi d’échanger avec vous. Merci !

Parlez-nous de votre parcours professionnel !
Parti pour devenir ingénieur en électronique, comme le petit frère de mon père, la vie en a décidé autrement. Après un Bac F2, mes parents n’avaient pas les moyens pour m’envoyer à l’étranger pour étudier l’électronique en grandeur nature. J’ai tout de suite choisi de faire une formation en communication des entreprises.

En 2002, je me retrouve à Ouagadougou au sein de la société ALBATROSS AFRIQUE qui m’a formé en création et adaptation de stratégie de communication et en informatique pendant 4 ans. De retour à Lomé, j’ai accumulé plusieurs expériences, qui ont aiguisé mes talents d’entrepreneur. En 2015, j’ai créé Porte88, mon cabinet de conseils en relations publiques, par lequel je suis constamment sollicité pour du consulting.

D’où vous est venue l’idée de « Ma Belle Poubelle » ?
Je revenais d’un rendez-vous dans le centre-ville de Lomé, c’était en 2016. J’étais tout simplement bien remonté parce que d’un côté le rendez-vous ne s’était pas bien déroulé et donc j’étais sur mes nerfs ; et de l’autre je n’avais plus assez d’argent pour payer le transport de retour à la maison. La seule solution qui me restait était de prendre un taxi en commun, descendre à Atikoumé afin de continuer la route à pied sur Leo2000 qui est un nouveau quartier à l’autre bout de la ville et là où j’habite.

Dans le taxi, je fis la rencontre d’une jeune femme qui réussit presque à me faire oublier ma mauvaise humeur par sa beauté et sa façon d’être. J’ai réussi à lui arracher un sourire, par des compliments sur le “aboda” (graines de maïs cuites à l’eau), qu’elle mangeait. Elle m’invita d’un ton gentil qui m’avait mis d’emblée à l’aise, mais j’ai refusé poliment par un « Merci, c’est gentil » même si j’avais faim.

Quand elle finit de manger, elle descendit tranquillement avec assurance la vitre de la voiture puis jeta sans hésitation, le sachet qui contenait ses déchets, par-dessus bord. J’avais l’impression de rêver !

Une si belle femme, aussi irresponsable et incivique ? Cette question, je la ruminais dans mes entrailles sans pouvoir la poser au risque de me montrer impoli. Un silence de mort retentit dans le taxi jusqu’à destination. Je n’osais plus lui dire quoi que ce soit. J’ai vite compris qu’elle n’avait pas grand-chose à offrir à part sa beauté. Elle m’a dégouté d’un coup.

Arrivé à destination, j’ai juste payé le taxi avec ce qui me restait comme pièces puis j’ai pris la tangente sans rien dire. J’ai remarqué qu’elle me dévisageait, mais rien ne venait de moi, tant j’étais déçu de son attitude.

Mon trajet à pied pour aller à la maison m’a permis de réfléchir à la situation. J’ai cherché le moyen de trouver une solution à cette mauvaise habitude de la population qui a le réflexe de jeter les déchets par terre n’importe comment au lieu de les jeter dans une poubelle. Le projet #MaBellePoubelle est alors né. C’est un programme de sensibilisation et de rééducation de la population sur l’importance de l’utilisation d’une poubelle.

Comment votre environnement immédiat a-t-il accueilli le projet ?
Ils m’ont pris pour un menteur. Que ce soit mes ami(e)s, ma famille… parce que ce n’était pas encore leur priorité. Il y en a qui m’ont même dit que les gens ont faim, et moi je viens parler des ordures, des déchets, et des poubelles ? Est-ce que tu es tombé sur la tête ? Le Togo, c’est pour ton papa ou ta maman ? Si tu n’as rien à faire, reste chez toi et dors. Ce sera mieux pour toi. Bref, ils ont failli tuer mon rêve.

Où en êtes-vous pour sa réalisation ?
Il est vraiment difficile de réaliser des projets de ce genre ici au Togo parce que tout semble être politisé. Les gens n’ont pas encore le sens du patriotisme. Beaucoup n’arrivent pas à concevoir qu’on peut réaliser un projet sans qu’il n’y ait un parti pris politique. Ils oublient que chaque citoyen, doit pouvoir mettre la main à la pâte pour construire le pays. Ils attendent tout du gouvernement. Nous ne voulons pas être comme ça, c’est pour cela nous travaillons à consolider les fondations du projet, en captant l’attention des bonnes volontés et aussi des personnes qui comprennent le rôle d’un leader pour en faire de « Ma belle Poubelle », une réalité intéressante.

Nous espérons que votre projet puisse aider à une prise de conscience !
Je l’espère aussi !

Parlez-nous de « Ma Belle Poubelle Tour »
Ma Belle Poubelle Tour fait partie d’une série d’événements que nous avons initié autour du projet Ma Belle Poubelle. C’est un projet de sensibilisation et de rééducation de la population sur l’importance et l’utilisation d’une poubelle. Un concert itinérant à Lomé couplé de sensibilisation et d’animations diverses autour de l’importance et de l’utilisation d’une poubelle. Nous voulons à travers « Ma belle poubelle tour », apporter un message de changement de mentalité et de civisme aux communautés. Avec ma belle Poubelle Tour nous allons :
• Rendre nos maisons, nos quartiers, nos communautés et nos villes propres ;
• Relever le niveau du civisme de chaque citoyen ;
• Inculquer la gestion des ordures (publiques comme ménagères) et aider à la mise en place d’une poubelle ;
• Offrir des concerts de sensibilisation sur l’insalubrité publique dans 12 quartiers de Lomé ;
• Offrir plus d’une centaine de poubelle à la population ;
• Offrir des opportunités d’affaires aux groupements d’artisans producteurs de poubelles ;
• Offrir de l’emploi partout au Togo.

Il y a une chanson qui a été composée pour soutenir le projet ?
Oui effectivement, nous avons rassemblé des slameurs (éducateurs) qui ont composé une chanson magnifique pour le projet et que nous avons produit chez BIG THUG MUSIC.
J’avoue que c’est une belle chanson sur laquelle on retrouve Ghis Morel, Anselme Cratos, Mawuli MK Trace, Willpoete avec la sublissime Taman, une jeune artiste de la World musique au refrain.
#MaBellePoubelle, la chanson est disponible en téléchargement payant sur le lien suivant : https://goo.gl/njTTzR

Pourquoi payant ?
C’est grâce à vos téléchargements que nous allons pouvoir financer nos tournées de concert dans les quartiers pour sensibiliser les communautés. Vous pouvez payer par flooz, Tmoney, PayPal…à 100FCFA ou 1€

Quelles sont les villes prises en compte par le projet et comment se fait la promotion dans ces milieux ?
Le projet prend en compte tout le pays, nous n’avons pas les moyens et les ressources disponibles pour nous déployer sur tout le territoire, c’est pour cela nous commençons d’abord par quelques quartiers de la capitale, d’abord Lomé puis ensuite nous nous élargirons.

Fabriquez-vous vous-mêmes les poubelles ?
Non ! Nous ne fabriquons pas nous-mêmes les poubelles.

Alors où les trouvez-vous ?
En fait, nous travaillons avec un groupement d’artisans togolais. Ils mettent ensemble leur savoir-faire pour produire ces magnifiques poubelles avec des matériaux issus de récupération.

L’entrepreneuriat a le vent en poupe au Togo. Quelle est votre avis sur ce fait ? Pensez-vous que l’entrepreneuriat est une solution au chômage grandissant au Togo ?
Le gouvernement togolais ne lésine pas sur les moyens et les communications pour faire de l’entreprenariat une réalité au Togo, surtout pour les jeunes hommes comme femmes. C’est une très bonne chose. Etre entrepreneur, c’est savoir faire des sacrifices et des compromis. N’est pas entrepreneur qui veut, mais qui peut. La volonté peut y être, mais si on n’a pas les connaissances, les aptitudes et les qualités nécessaires, il faut laisser tomber sinon, on risque de plonger le Togo dans quelque chose qui ne dit pas son nom. (Rires)

Quel impact la situation sociopolitique a-t-elle sur vos activités ?
C’est clair que la situation sociopolitique qui prévaut en ce moment au pays, ralentit énormément nos activités. Une atmosphère hermétiquement morose règne sur le pays, cela empêche parfois la majorité silencieuse dont je fais partie de vaquer librement à ses besognes. Mais en tant que visionnaire je pense que demain, il fera beau, malgré tout… !

Qu’est-ce qui fait la force de l’entrepreneur que vous êtes ?
Eh bien comme je viens de le dire, je suis un visionnaire. Je n’ai pas de limite, je mets à jour mes données tout le temps en termes de connaissances, de stratégie et de savoir-faire. Je garde une foi inébranlable en mon Créateur, parce que je sais que ma vie et tout ce qui s’y trouve lui appartient. Donc je demande son assistance à chaque fois que le besoin se fait sentir. Voilà ce qui fait la force de l’entrepreneur que je suis ; si je peux le dire ainsi.

Avez-vous un avis à lancer aux populations togolaises en ce qui concerne l’insalubrité ?
Eh bien, apprenons à faire le geste en toutes circonstances. Car le geste est simple, le geste est important, le geste est responsable, le geste est intéressant, le geste est citoyen, le geste est patriotique. Ce geste consiste à jeter les déchets dans la poubelle au lieu de les jeter par terre.

Un conseil à la jeunesse togolaise et africaine ?
Oui, travaillons, ouvrons nos esprits et faisons évoluer les mentalités.

Vos contacts !
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Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer, que Dieu vous bénisse.
Je lance un appel à tous mes semblables qui sentent qu’on peut faire quelque chose ensemble pour le bien-être de tous.
Que Mawu, vous bénisse !

 

Propos recueillis par Essenam K²

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