« Littérature francophone et identité francophone » est le thème d’une conférence-débat qui s’est tenue à l’Institut Français du Togo dans le cadre de la Semaine de la Francophonie. C’est l’une des manifestations de la célébration de la Journée de la Francophonie le 20 mars de chaque année.

 

Le conférencier Anatole Koffi Molley, a défini la littérature francophone comme toute celle produite en langue française mais par les auteurs qui ne sont pas de nationalité française. Donc, toutes les œuvres écrites en français par les écrivains, des conteurs, des poètes… sont- « tous ouvriers du mot » – des espaces francophones. Cet ensemble regroupe les pays qui ont en commun l’usage du français comme langue de première socialisation, langue d’usage, langue administrative, langue d’enseignement ou langue choisie. Les locuteurs francophones sont repartis sur les cinq continents et les pays africains, surtout du fait de leur histoire coloniale, tiennent la grande part.

Selon l’enseignant-chercheur Molley, la littérature francophone peut être appréhendée, dans une lecture méthodique à travers le prisme de l’histoire littéraire, des genres littéraires, de la thématique et de l’approche spatio-temporelle. La langue française est un outil de rapprochement des personnes qui à l’origine, ne relèvent pas des mêmes cultures et traditions. En Afrique, un des cas d’école sur lequel s’est attardé le conférencier, les écrivains surtout se sont appropriés cet idiome pour en faire un support de pensées et d’opinions propres à leurs réalités. Ainsi, les auteurs francophones ont à travers le temps et l’espace, développé des expressions qui n’ont plus de liens directs avec le français académique. Ils se sont appropriés cette langue pour « réinventer, créer » des mots comme on en trouve dans le nouchi ivoirien ou le créole antillais. Pour ce qui est des thèmes, les auteurs francophones sont passés entres autres des luttes anticoloniales, d’indépendances aux actuelles comme la démocratie ou les problèmes urbains. Au Togo, on trouve le concert-party, un genre littéraire entre le théâtre vivant et la fiction, né vers les années 1930 mais qui a presque disparu faute d’écrivains dans le genre.

Ecrivains français ou francophones : identité de l’écrivain

La nationalité de l’écrivain peut-elle être un critère de classement ? Qui est français et qui est francophone ? L’identité des auteurs influence-t-elle sa production ? Oui, d’après l’un des débats sur cette question. L’éducation, la culture de l’écrivain jouent en effet, sur l’état d’esprit, la pensée des auteurs selon qu’ils vivent dans ou hors de la zone française ou francophone. Et on en arrive aux dilemmes auxquels ils sont confrontés, partagés entre leurs racines culturelles et les nationalités physiques. Les écrivains francophones qui ont acquis la nationalité française sont-ils à caser dans le tiroir français ou francophone ? Brefs de riches discussions sur le background, la langue maternelle, la langue d’écriture, la culture des écrivains ou même la place des langues nationales dans les œuvres littéraires, francophones ont été débattus.

Le terme francophonie est apparu pour la première fois en 1880 sous la plume du géographe français Onésime Reclus pour désigner « l’ensemble des personnes et des pays parlant le français ». Aujourd’hui, la francophonie désigne les locuteurs du français et la Francophonie le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones. Avec plus de 284 millions de locuteurs en français, le nombre de francophones n’avoisine que 4% de la population mondiale.

Anatole Koffi Molley est un chercheur togolais, enseignant au Département de lettres modernes et membre du laboratoire Comparatisme, Dynamique Interculturelle et Recherche en Littérature (CoDiReL), à l’Université de Lomé.

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