Si vous avez toujours cru que le domaine de la coiffure et tresse est strictement réservé aux femmes, voici la confirmation que votre vision est faussée et que les choses ont changé . Papa Yves comme on aime l’appeler a un parcours assez spécial. Responsable d’un salon de coiffure, il nous raconte son histoire à travers cette interview.

Bonjour Papa Yves ! Présentez-vous s’il vous plait et dites-nous ce qui vous a poussé à ce type de métier que l’on considère féminin ?
Bonjour MyAfricaInfos ! Je suis Kpéh Dtoma BAWERIMA ; mais tout le monde m’appelle papa Yves. J’ai grandi dans une famille harmonieuse, au milieu de quatre (4) frères et cinq (5) sœurs ; tous élevés sur la base d’une éducation chrétienne.

Je suis Togolais et responsable de l’Institut de beauté PIERINA ; spécialisé dans la coiffure, la tresse et l’esthétique. En réalité, la coiffure a toujours été une passion pour moi. J’adore rendre la femme plus belle, car je trouve vraiment fascinant comment juste muni d’une peigne à queue on pouvait transformer la beauté et la vie d’une femme. Alors voilà ce qui m’a amené à ce métier dans lequel je me suis lancé après mes études secondaires.

Où aviez-vous fait votre formation ?
J’ai fait ma formation de 3 ans dans la ville de Lomé à MATY Coiffure ; couronnée par une attestation de fin d’apprentissage le 14 mars 2004 après l’examen en coiffure où j’étais le seul garçon parmi plus de 150 filles. Je fus le premier de cette promotion avec mention. A MATY Coiffure, j’étais également le seul mec parmi 18 filles. La responsable du salon s’appelait Mme Dobgo Seko Maty. Par la suite, j’ai effectué d’autres stages de part et d’autre pour en apprendre davantage.

Vous devriez être le chouchou des filles alors ?
Le chouchou des filles ? (Rire). Je ne saurais-vous le dire, mais toujours est-il que ma clientèle m’aime bien et adore mes prestations de service. C’est une grâce !

Parlez-nous de vos stages de perfectionnement
Oui ! Après ma formation de 3 ans, étant un assoiffé des astuces et secrets pour percer le mystère de la coiffure, j’étais allé faire un stage de 6 mois dans le salon MIWOSSE Coiffure toujours à Lomé de janvier à juin 2005.

J’ai ensuite quitté le Togo pour la Côte d’Ivoire où j’ai fait un stage à YEME Coiffure d’avril 2006 à mai 2017 en coiffure tendance. De là, je suis rentré m’installer à Lomé où j’ai ouvert mon Institut de beauté PIERINA Coiffure.
En somme, tous ces stages m’ont permis d’apprendre plus et de perfectionner mon savoir-faire.

Quelle expérience vous a le plus marqué durant votre parcours ?
Je me rappelle toujours comme si c’était hier car c’était à mes débuts d’apprentissage, j’étais jugé et vraiment mal-vu par ma famille. Elle ne comprenait pas comment moi qui étais destiné pour une école d’architecture puisse virer dans la coiffure, qui plus est , restait un domaine réservé à la femme et rien que la femme. À cette époque, beaucoup se disaient que j’étais sans doute devenu homosexuel ou que quelque chose n’allait plus bien chez moi.

Aujourd’hui, Dieu Merci, je fais la fierté de ma famille et de mon entourage sans oublier mes deux enfants un garçon et une fille dont mon institut de beauté porte le nom PIERINA.

Et si un jour votre garçon décidait de suivre vos pas, que lui diriez-vous ?
Je ne peux jamais l’en empêcher, mais je m’assurerai que cela reste une vocation pour lui, et qu’il ait vraiment le désir et l’amour pour ce métier. Pour l’instant, il fréquente et évolue bien à l’école. Le reste c’est Dieu qui décide et que Sa volonté soit faite.

Alors si je comprends bien, vous coiffez vous-même votre femme ?
Bien-sûr quand on vivait encore ensemble, sans oublier ma mère et mes sœurs qui n’hésitent plus à changer leur coiffure chaque semaine. (Rire)

N’êtes vous pas victime des scènes de jalousie de la part des compagnons de vos clientes ?
95% de ma clientèle est composé de femmes. Je reçois par moment certains hommes juste pour le shampoing. Des scènes de jalousie, oui j’en connais quand les clientes commencent par venir au salon. Mais les maris ou compagnons finissent par avoir confiance après avoir vu la transformation opérée sur leur femme.

Avez-vous participé à des concours ou défilés à titre personnel ou au nom de votre salon de coiffure ?
Participer à des concours de défilés non ! En revanche j’organise moi-même des défilés de coiffure chaque fin d’année pour montrer les nouvelles créations en coiffure et tresse puisque ma spécialité est de créer et non de copier. En fait, je me dis souvent que la vie n’est pas une compétition, mais plutôt un concept ou chacun doit déposer sa touche personnelle. A vrai dire, je n’ai jamais eu confiance en ces concours.

Chacun est unique ; il faut en prendre conscience et le valoriser !
Vous avez tout compris !

Alors parlez-nous un peu de ce défilé annuel qu’organise votre Institut de beauté ?
Chaque fin d’année, j’organise un défilé de coiffure en soirée, ouvert au public avec mes mannequins où en 1 heure nous faisons découvrir mes nouvelles créations en coiffure, tissage, coupe et tresse. Une soirée à laquelle j’invite des amies coiffeuses qui coiffent aussi. Et rien n’est encore fait pour moi car j’ai d’autres projets qui consistent à étendre mon savoir-faire sur toutes les villes du Togo pour faire voyager mon défilé à travers le pays.

En effet, parlez-nous de vos projets pour le futur ?
J’espère organiser dans un future proche, une compétition sur toute l’étendue du territoire togolais. Elle devrait regrouper les coiffeurs et coiffeuses. Il y aurait un staff de professionnels qui récompenseront les meilleurs parmi les candidats pour démontrer le pouvoir du peigne et surtout démontrer que la coiffure n’est pas seulement destinée aux personnes qui ont raté leurs études comme beaucoup le pensent.

Mon plus grand rêve est de créer une grande école de coiffure pour donner la chance aux orphelins et aux démunis qui désirent apprendre ce métier puissant de pouvoir réaliser leur rêve.

Avez-vous des gens dans le domaine de la coiffure qui vous inspirent que ce soit au Togo, en Afrique ou ailleurs dans le monde ?
L’homme ne m’inspire pas. Mon inspiration vient de Dieu. Mais je respecte toute personne que ce soit au Togo ou ailleurs.

Un conseil à l’endroit de nos jeunes frères qui, peut être, hésitent à se lancer dans le domaine de la coiffure ?
Qu’ils sachent vraiment qui ils sont et ce qu’ils veulent vraiment dans la vie. Ils doivent être sûrs de cette vocation et non le faire pour faire plaisir à qui que ce soit mais plutôt pour faire prendre conscience à la femme de sa beauté en la rendant fière et plus rayonnante, car elle est un trésor inestimable. Il faut surtout qu’ils écoutent leur cœur et se donnent les moyens d’y arriver peu importe ce que les gens diront. Et le plus important de tout, je leur conseille de beaucoup prier et de laisser Dieu agir ; il faut toujours garder la foi !

Un mot à l’endroit de la jeunesse en général ?
La jeunesse d’aujourd’hui doit se battre pour ses rêves et trouver les moyens d’y arriver.
La jeunesse doit entreprendre, ne pas attendre des autorités de leurs pays, ne pas penser que c’est seulement les gouvernants qui doivent à tout prix leur donner du boulot. En effet, la vie ici-bas est courte et nous n’allons pas passer notre temps à nous plaindre. Mais au contraire, on doit avoir des projets et faire en sorte que ces projets deviennent notre vision, que notre vision devienne notre combat, et que notre combat devient une réalité. Merci !

Un mot pour clôturer ?
Je dis Merci à toute la clientèle de PIERINA Coiffure pour leur confiance, Merci à toute ma famille et à tous ceux qui me soutiennent, Merci au Seigneur mon Dieu pour sa protection et grâce dans ma vie. Le meilleur reste à venir. Merci également à la rédaction de MyAfricaInfos pour cette occasion de partager ma passion avec les internautes.

Contactez PIERINA Coiffure sur le : +228 92 80 48 46
Facebook: https://www.facebook.com/yves.bawerima

 

Propos recueillis par Essenam K²

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