Dans un monde qui se veut de plus en plus progressiste, des métiers qui étaient autrefois l’apanage des hommes, ouvrent leurs portes à de plus en plus de femmes qui, en bonnes pionnières, excellent dans ces métiers. L’une d’elle, Edna Zimonse, nous livre sa passion pour la soudure dans cette interview.
Bonjour ! Les lecteurs de MyAfricaInfos.com voudraient vous connaitre !
Bonjour je suis Edna ZIMONSE, experte en soudure, directrice de CENUS-BENIN. J’ai un diplôme d’Ingénieure de conception en Génie Mécanique option productique.
Racontez-nous un peu votre parcours !
Depuis mon enfance je rêvais de faire la mécanique. Quand j’étais petite, à côté de notre maison se trouvait un tractoriste, j’aimais tellement le voir tout sale et concentré à diagnostiquer les pannes des engins. C’est ainsi que j’ai décidé de faire de la mécanique mais je rêvais grand. J’ai donc fait des recherches et j’ai appris que l’EPAC (Ecole polytechnique d’Abomey Calavi) forme en mécanique niveau universitaire. J’ai toujours été la première de ma promotion et très forte en Mathématiques. J’ai eu brillamment mon Bac C. Après mon Bac, j’ai été retenue boursière à l’Ecole polytechnique d’Abomey Calavi. Etant fan de la pratique, j’allais au lycée pour me perfectionner et avoir le CAP et le DTI mécanique. J’intensifiais mes stages pour mieux être performante. En cinquième année pour l’obtention de mon diplôme d’ingénieure j’ai effectué un stage à la SCB-LAFARGE, usine de fabrication du ciment de marque Diamant, où j’ai acquis des compétences extraordinaires sur la soudure industrielle, la maintenance préventive et corrective des équipements. J’ai eu à faire l’étude, la conception, la fabrication et l’installation des agitateurs dans la trémie d’injection d’alternative fuel pour remuer la coque de coton et la faire descendre, ce qui a marché avec succès. Après mon diplôme, j’ai continué à faire des jobs, quand j’ai décidé d’ouvrir mon atelier à l’âge de 21
ans avec le peu de moyens dont je disposais, voici comment CENUS a vu le jour.
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Une femme dans le domaine de la soudure est rare, sinon très rare ! Comment arrivez-vous à évoluer dans un monde “masculin” ?
J’ai surtout consacré mon parcours à la chasse à la pratique, dans les ateliers et usines. J’évolue dans ce domaine tout simplement parce que je suis une passionnée, et ma seule préoccupation a toujours été d’évoluer. Ainsi toute situation qui fait partie intégrante de mon rêve est pour moi une joie. Deux grandes qualités sont nécessaires lorsqu’on veut réussir dans un milieu masculin : ne pas écouter ce que les gens racontent et être une femme qui se respecte.
Le fait d’être une femme ne m’a pas empêché de réaliser mon rêve, il m’a fallu beaucoup de détermination.
Certes il est plus difficile pour une femme de réussir dans un métier d’homme mais la détermination et la prière amènent toujours au bout.
Présentez-nous votre entreprise
Mon entreprise est nommée CENUS (Centre d’Usinage et de Soudure), et a été créée officiellement en Avril 2018. Nous intervenons dans tous travaux de soudure (portails, portes métalliques, grilles de sécurité, rampes escalier, charpentes métalliques) ; et aussi dans la conception et la réalisation des machines agricoles.
A quel besoin répond votre entreprise ?
Le domaine de la soudure est toujours au stade embryonnaire au Bénin. Les produits de mauvaise qualité sont vendus au même prix que ceux de bonne qualité, et les commandes ne sont souvent pas livrées dans les délais prévus, voire pas du tout parfois. On peut constater :
• l’absence de centres d’accompagnement technique des transformateurs agro-alimentaires
• le manque d’information à l’endroit des clients sur les différents coûts des matières premières qui varient selon la qualité. Ainsi, le même produit peut se faire à différents prix. On peut donc avoir le même produit à 300.000 F ou à 2.000.000F, cela dépend de la qualité de la matière première.
• le non-respect des délais de livraison
• le non-respect des cahiers de charge
CENUS est un centre professionnel de soudure qui corrige ces défauts. Nous expliquons aux clients les différentes matières premières qui seront utilisées et les coûts respectifs. Tous nos produits sont d’une très bonne qualité, et nous respectons les délais de livraison.
A quel type de clientèle vous adressez-vous donc ?
Aux personnes ayant des projets et les moyens financiers nécessaires à leur réalisation.
Quelle est votre zone de chalandise ou d’intervention ?
Nous intervenons un peu partout, dans tous les domaines où nos services sont requis.
Quelles valeurs voudriez-vous transmettre à travers cette initiative ?
L’honnêteté, le travail bien fait et le respect des délais de livraison.
Quelle plus-value l’entreprise apporte-t-elle au Bénin ou à l’Afrique ?
La chance pour mon pays d’être doté d’un grand centre de soudure et de fabrication de machines agricoles. Et cela va dans l’intérêt de toute l’Afrique.
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Des projets à venir ?
Oui, nous voulons installer à l’avenir un marché des artisans au Bénin.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui peut-être hésitent à faire la soudure comme formation ?
Tout est dans le mental. Tout d’abord, la mécanique n’est pas une question de force mais de volonté. L’homme et la femme ne sont pas les mêmes certes, mais la femme gagne en psychologie ce que l’homme gagne en force physique. Toute force provient du mental, il faut alors se dire qu’on peut faire exactement ce dont un homme est capable.
La soudure, c’est le plus beau métier du monde, et la mécanique c’est la vie ; or il n’y a pas de mécanique sans soudure.
Quel est votre vision de l’Afrique de demain ?
Une industrie tournante et non un magasin de matières premières.
Quels conseils donneriez-vous à la jeunesse africaine ?
Passez à la pratique et laissez la théorie. N’attendez pas quelqu’un ; mettez-vous dans la tête que si l’Afrique doit changer, ça doit passer par votre changement aussi.
Merci à vous pour cet entretien !
C’est moi qui vous remercie !
Contacts de l’entreprise
Téléphone : +229 66 33 56 22
E-mail : cenuscontact@gmail.com
Facebook : CENUS BENIN
Interview réalisée par Essenam K²
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