Responsable de la Fondation Famille engagée pour soutenir les familles en manque d’eau potable, Jethro Décimus est un artiste haïtien qui arbore plusieurs casquettes. Auteur, compositeur et producteur, Décimus et le naturel ne font plus qu’un avec sa volonté de soutenir S’Aimer Au Naturel.
Jethro Décimus répond aux questions de Alain Mouaka dans le cadre de la campagne de sensibilisation contre la dépigmentation volontaire de la peau S’Aimer Au Naturel.
Pensées Noires Magazine : Jethro Décimus, artiste de la chanson Haïtienne, présentez vous à nos lecteurs !
Jethro Décimus : Salut Pensées Noires / S’Aimer Au Naturel. Je suis heureux d’être avec vous aujourd’hui. Je suis Jethro Decimus, un artiste, compositeur, producteur international et PDG de La Famille Fondation. Je suis né du côté néerlandais de Sint-Maarten, au cœur des Caraïbes, d’origine haïtienne.
Faites nous voyager, présentez nous votre si beau pays Haïti ?
Haïti, le pays de mes parents et de mes grands-parents, est un pays riche en culture. Haïti a aussi une histoire très forte qui fait la fierté des Africains de la diaspora. En 1804, nous avons vaincu les colons et obtenu notre indépendance.
Haïti possède de beaux paysages et des sites touristiques magnifiques. Où peut-on aller en tant que touriste ?
Le Nord du pays est magnifique. Le Cap-Haïtien est une très belle ville touristique avec de nombreux sites touristiques comme la Citadelle, Vertières, là où la dernière bataille s’est déroulée contre les colons. Il y a aussi les plages à Labadie qui sont très belles. Le Sud du pays est également très beau. Jacmel, Jérémie et les Cayes ont tous de très belles plages.
Vous êtes en pleine promo d’un album, “Le monde est malade”. Des chansons écrites avec le cœur, qu’est ce qui vous peine justement Jethro Décimus une fois vos yeux posés sur ce monde ?
En partie, “Le Monde Est Malade” est écrit avec une peine au cœur, mais au-delà de la peine, “Le Monde Est Malade” offre une plongée profonde dans des thèmes tels que la haine, l’infériorité, la peur et l’avarice, exposant ainsi les sombres réalités qui teintent nos vies au quotidien.
En ce mois de mars 2024 vous avez accepté associer votre image à la campagne S’Aimer Au Naturel. La dépigmentation de la peau appelée Douko en Haïti, est-ce une pratique que vous constatez dans votre pays ?
En Haïti, ce phénomène est répandu, surtout parmi les jeunes et les adolescents. Arrivés à l’âge de 18 ans, la dépigmentation s’intensifie et les jeunes arrivent même à changer la texture de leurs cheveux.
Comprenez-vous cette pratique du blanchiment de la peau? l’artiste que vous êtes à t-il tenté d’en savoir plus ?
La pratique du blanchiment de la peau est fondamentalement un rejet de soi-même. C’est un mouvement et un phénomène psychologique qui ont pour objectifs de donner une illusion de supériorité et d’acceptation.
Pensez-vous que le manque de figures de réussites noires ou le peu d’intérêt que peut susciter les communautés noires contemporaines à la jeune génération déçue sont des raisons de plus à rejeter sa peau noire ?
Non, je ne pense pas. Je crois que la croyance selon laquelle la peau noire est inférieure a été transmise à de nombreuses générations et malheureusement, cette programmation persiste toujours.
Un conseil à donner à celles et ceux qui s’éclaircissent la peau, et même à ceux qui veulent s’y lancer ?
Mon conseil serait d’apprécier et d’accepter la couleur de sa peau. Un autre conseil serait de refléter en soi-même et de chercher les pensées erronées et les mensonges associés à la couleur de la peau.
Haïti et sa population traversent des moments difficiles. Suivez vous l’actualité du pays ?
Oui, je suis l’actualité du pays. Haïti traverse un moment très difficile. Les conditions sociales et économiques deviennent de plus en plus complexes chaque jour. L’insécurité et la violence des gangs, en particulier dans la capitale, rendent la vie quotidienne très difficile.
Un message à adresser à tout le peuple Haïtien ?
Le peuple haïtien doit prendre son destin en main, de la même manière que l’ont fait nos ancêtres en 1804. Deuxièmement, nous devons finalement réaliser qu’il n’y aura personne pour venir à notre secours. Il est essentiel d’apprendre à s’aimer et à se faire confiance.
Vous dirigiez une Fondation qui œuvre dans le social et dont les actions font beaucoup de bien aux populations. Dites nous en plus !
Effectivement, la Fondation La Famille soutient les communautés rurales dans les pays en développement en leur fournissant de l’eau, en encourageant le développement agricole et en soutenant l’éducation. Nous travaillons beaucoup avec les agriculteurs et les écoles spécialisées dans l’agriculture. L’agriculture est souvent négligée, mais elle fait partie intégrante du développement économique d’une nation.
Quel est votre rêve de Fondation ?
Notre rêve pour la fondation est de voir les communautés que nous soutenons atteindre un niveau économique où elles peuvent opérer de manière indépendante.
Vous soutenez la chronique BD “S’Aimer Au Naturel” par vos publications, un conseil à donner pour la voir grandir ?
“Tchimbe Rèd Pa Moli” est une phrase courante dans les Caraïbes qui signifie “tiens bon, ne lâche pas” en quelque sorte. Continuez le travail important que la chronique BD fait.
Votre souhait pour l’Afrique et ses enfants ?
Mon souhait pour l’Afrique, c’est de la voir devenir une puissance économique mondiale, un continent indépendant et stable sur toutes les couches sociales. Africa Unite.
Propos recueillis par Alain Mouaka, Ceo de Pensées Noires Magazine.