Près d’un siècle après le lancement du chemin de fer franco-éthiopien, qui continuait péniblement d’assurer un service passager entre Djibouti et la ville éthiopienne de Dire Dawa, le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a inauguré en grande pompe mercredi la toute nouvelle liaison ferroviaire entre Addis-Abeba et Djibouti.
La cérémonie a eu lieu dans la gare flambant neuve de Feri-Labu, située à une vingtaine de kilomètres du centre de la capitale éthiopienne, en présence du président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh et d’une forte délégation chinoise.
Cette ligne de 752 kilomètres, dont 656 situés en territoire éthiopien, a en effet été largement financée et construite par la Chine. L’Eximbank of China a participé à hauteur de 70 % aux 3,4 milliards de dollars nécessaires à la réalisation de la ligne, le solde étant apporté par le gouvernement éthiopien, pendant que sa réalisation a été l’œuvre des sociétés China Railways Engineering Corporation (CREC) et China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC).
Les travaux ont duré 42 mois et ont nécessité l’emploi de 25 000 ouvriers. Pleinement opérationnelle dans trois mois, ce sera la première ligne entièrement électrique à voir le jour en Afrique.
Djibouti – Addis-Abeba en 8 à 12 heures
Destinée à désenclaver l’Éthiopie, elle réalisera la liaison avec le port de Djibouti entre 8 et 12 heures, contre plus de trois jours actuellement par la route, en passant d’une altitude de 2 400 mètre pour atteindre le niveau de la mer. Les convois de marchandises rouleront à une vitesse maximale de 90 km/h et chargeront jusqu’à 3 500 tonnes. Les trains de passagers pourront monter jusqu’à 120 km/h et transporter 3 700 personnes.
Pour assurer le service, l’Éthiopie dispose de 41 locomotives et de 1 171 voitures et wagons. Tous habillés aux couleurs rouge, jaune et verte du pays et de l’opérateur du service, l’Ethiopian Railways Corporation.
Cette ligne ne devrait être que le premier maillon d’un véritable réseau ferroviaire. L’Éthiopie prévoit de construire ou de réhabiliter huit lignes, pour un total de 5 000 kilomètres de voies, d’ici à 2020, pour rallier le Kenya, le Soudan et le Soudan du Sud. À plus long terme, le hub éthiopien entend bien s’incruster au cœur d’un système encore plus étendu, autour d’une ligne transafricaine, qui rejoindrait le golfe de Guinée et Douala, via Bangui et N’Djamena.