Aboubacar Diaby, entrepreneur ivoirien aurait pu rester toute sa vie au sein d’une célèbre multinationale. Mais la perspective d’influer positivement son continent et s’affranchir du confort lié à son statut au sein d’une multinationale a été plus forte. Sa passion pour l’Afrique lui a fait entrevoir une autre perspective.
La méritocratie est un mot qui porte tout son sens chez Aboubacar DIABY. Salarié émérite au sein d’une multinationale pendant plus d’une dizaine d’années, il s’est ensuite tourné vers l’entrepreneuriat. «J’avais démarré en tant que vendeur à 28 ans. Et à 40 ans, j’étais devenu directeur des ventes», se rappelle celui qui a nommé son entreprise en hommage à sa mère qui l’a soutenue dans sa démarche. Puis il poursuit: “Avec tous les avantages obtenus comme cadre supérieur, je pouvais viser d’autres postes“.
Et de poursuivre: «c’est en voyageant en Afrique, incluant ma terre natale, que j’ai effectué une étude de marché sur le transit». Les perspectives lui ouvrent alors les voies de l’entrepreneuriat. C’est ainsi qu’est née Zara Transit en janvier 2010. Ce diplômé d’une Maîtrise en Science Economique à l’université d’Abidjan et d’un Master en Marketing et Publicité à l’Ecole Supérieur de Gestion de Paris a rapidement pris conscience de la problématique qui se posait pour les transitaires locaux. «Ils n’étaient pas considérés comme fiables en Côte d’Ivoire par les multinationales. Ce rapport de confiance est pourtant essentiel car ils gèrent toutes les formalités douanières sur l’import/export», indique-t-il.
Il faut dire que ce sont les transitaires qui acheminent les colis des frontières vers le client dans les deux sens. Et les perspectives, sur le long terme, demeurent positives malgré la pandémie et ses conséquences économiques. Selon Yann Alix, spécialiste des transports africains et délégué général de la fondation Sefacil. «Avant la pandémie, tous les indicateurs étaient au vert. Depuis l’Europe de l’Ouest vers le continent, il y a eu une augmentation de 700 000 tonnes en une décennie au niveau des flux. La tendance est également similaire avec l’Asie et même l’Océanie sans oublier le développement d’un commerce intra-africain», conclue-t-il.
La qualité, un symbole de confiance psychologique
Avant la création de Zara Transit, certains grands groupes remportaient les marchés alors que la qualité des services proposés n’était pas optimale. Mais les multinationales n’avaient pas d’autres choix. Connaissant bien leur mécanisme, Aboubacar Diaby avait pleinement conscience de leurs attentes: «j’avais proposé au Directeur général de la multinationale dans laquelle j’évoluais à l’époque, de travailler avec des Africains bien que je n’avais pas d’expérience dans le transit. Il me fallait juste une équipe efficace et sérieuse», explique Aboubacar Diaby. Et les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir. «Chaque mois, nous traitions 10 dossiers. Depuis, nous avons quintuplé notre clientèle, avec plus de 100 dossiers/mois et un suivi hebdomadaire pour chacun d’eux», affirme notre interlocuteur avec fierté.
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Dès 2013, une expansion des activités s’est poursuivie, soutenue par l’implantation à l’échelle nationale d’agences et de points relais. Ont ouverts successivement les agences et points relais de San Pedro, de Pogo et Ouangolo, de la Zone Franche à Bassam, de Noé et de l’Aéroport.
Zara Transit est passé de 5 employés en 2010 à 35 employés directs et 300 indirects à ce jour. Certaines exigences ont favorisé la mise en route du programme de diversification nécessitant notre présence sur toute la chaine logistique, ainsi naquit en 2012, ZARA LOGISTIC (Travail temporaire) et en 2018 Ivoire Logistique ZARA (Transport en vrac et en conteneur)
La loi de la croissance continue
Pour démarrer son entreprise, Aboubacar Diaby l’a fait en fonds propres avec un apport de 200.000 euros. «C’était le fruit de la vente de mes 2 bâtiments dans lesquels j’avais investi lorsque j’étais dans la multinationale», se souvient notre interlocuteur. Malgré cet investissement financier conséquent, le succès a mis du temps à se construire: «nous sommes devenus rentables qu’à partir de la troisième année, et nous avons mobilisé plus de 150 000 000 FCFA pour le démarrage». Si le succès ne se bâtit pas en un jour, sa construction est encore plus longue lorsque l’entreprise doit survivre aux multiples crises. «Nous avons traversé la crise post-électorale de 2011. Et durant la pandémie, nous nous sommes adaptés». Puis il ajoute: «Nous avons rappelé les collaborateurs en chômage technique car nous avions pressenti la reprise avec de potentiels clients».
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Si Zara Transit perdure dans le temps, c’est parce que la politique managériale optimise la performance. Un avis qui semble également partagé par GreenTech Partners. Selon une récente étude menée par cette structure, 30% des échecs entrepreneuriaux s’expliqueraient par une mauvaise gestion des ressources humaines. Les équipes d’Aboubacar Diaby sont complètement autonomes. Lorsque Zara Transit embauche un salarié, celui-ci devient rentable au bout d’un an. «Nous recrutons des stagiaires puis nous les intégrons dans nos effectifs avec des contrats à durée déterminée avant de transformer leurs contrats en CDI», indique-t-il. Depuis l’entreprise n’a cessé de s’agrandir et les ambitions d’Aboubacar Diaby et de ses salariés ne manqueront pas de s’étoffer.
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