La Fondation SENAKPON s’est donnée pour objectif de faire la promotion des proverbes africains. Elle organise en mai prochain la deuxième édition du Salon International des Proverbes et Sagesses Africains (SIPSA). Selon le responsable de ladite Fondation, M. GANDONOU Senakpon. Marcellin, ces proverbes et sagesses sont une source d’énergie mal exploitée par les Africains. Il nous en dit davantage dans cet entretien.
Bonjour M. Senakpon ! Présentez-vous à nos lecteurs s’il vous plait !
GANDONOU Senakpon Marcellin, je suis Coach/ Auteur et Conférencier, marié et père de famille. Je suis de père Béninois et de mère Togolaise.
Avant de parler de la Fondation SENAKPON, parlons de l’écrivain que vous êtes. Combien de livres avez-vous à votre actif et que vous procure l’écriture ?
Je suis à mon dixième livre actuellement, comme vous pouvez vous en douter, il y en a d’autres en préparation. Je dirais plutôt pourquoi j’écris et ce que l’écriture me procure.
Être un coach ou un formateur c’est tout comme si vous êtes un scientifique. Un scientifique, ça fait des observations, des études, des rapports, des expérimentations, des analyses…et il publie des œuvres pour divulguer, enseigner, et éduquer d’autres pour le progrès de la science et faire avancer l’humanité. Vous ne verrez jamais un scientifique qui fait des travaux et ne les publie pas, parce qu’il a fait le serment de rendre meilleure la vie aux gens.
Eh bien, c’est un peu cela un coach : il produit du contenu. Déjà, parce qu’il doit être en train de vivre ou il a vécu ce qu’il enseigne et a produit du résultat. Il faut ensuite qu’il rende utilisable et duplicable ce qu’il connait ou bien qu’il soit capable de sortir une méthodologie et une démarche de ses observations et expérimentations afin de les rendre disponibles pour que d’autres personnes puissent les utiliser également. C’est pour cela que j’écris.
Ce que me procure l’écriture, c’est une sensation de bien-être et d’utilité à quelque chose. Je pense que c’est quand même beau d’écrire et de laisser un héritage. Comme le dit un proverbe africain: « Vous ne vivrez pas éternellement, laissez un héritage ».
Alors, dites-nous ce qui vous a poussé à créer la Fondation SENAKPON !
Honnêtement, la Fondation est venue résoudre un défi de structuration pour un projet que j’ai lancé sur un coup de tête. Coup de tête parce que ce n’était pas la forme initiale. Au début, je voulais juste sortir un livre comme d’habitude. Mais la problématique qu’abordait le livre allait au-delà d’une simple œuvre littéraire. C’était d’enseigner le leadership et le développement personnel à travers les proverbes africains.
Dans mes formations et conférences, pratiquement tous les auteurs que je cite et les livres écrits sur le leadership et le développement personnel, sont occidentaux (nord-américains et européens) à tel enseigne qu’on croirait que le leadership et le développement personnel sont des inventions ou viennent du Nord. Mais quand je regarde un peu nos proverbes et j’essaie d’y comprendre le sens au-delà des images et des paraboles, je retrouve les mêmes principes qu’enseigne un John Maxwell par exemple. Et mon côté scientifique a pris le devant. Celui d’observer, d’analyser, d’expérimenter et de sortir quelque chose que l’Africain peut utiliser pour se développer.
Il se trouve qu’en grande partie, la façon dont nous concevons le développement en Afrique, s’est basée entièrement sur les théories, les principes et modèles occidentaux. Parfois, ce sont des outils ou méthodes des institutions de Brettons Woods ou des choses qui auraient marché en France, en Allemagne…, qu’on essaie de répliquer. Quand ça ne marche pas, on en sort de nouvelles. Maintenant, la question est de savoir comment penser notre développement si nous n’avons pas les bons hommes pour le faire, ou si nous avons des hommes mais programmés sur des paradigmes autres que ceux axés sur leurs valeurs et principes endogènes ?
Vous imaginez qu’on veuille construire une ville au nord du Canada où règne le froid en utilisant une architecture de Tombouctou la chaleur et le désert prédominent? Donc, après la première édition du Salon International des Proverbes et Sagesses Africains (SIPSA) à Lomé en mai 2018 qui a connu près de 1 000 participants, il fallait structurer la démarche et faire désormais quelque chose de plus organisée qui ira au-delà de ma personne.
Pourquoi le nom SENAKPON WODO ?
D’abord Senakpon vient de la langue Fon parlée au Bénin qui signifie « Dieu, le destin ou les ancêtres veillent sur moi/toi/elle/cela ». Ensuite Wodo vient du Mina langue parlée au Togo qui signifie « travailles ». En somme Senakpon wodo veut dire « Dieu veille sur toi, maintenant travailles ! »
Vous organisez cette année la 2e édition du Salon International des Proverbes et Sagesses Africains. Quel est le but principal de ce projet ?
L’objectif est simple et clair : Eduquer et enseigner le leadership à travers les proverbes africains afin d’aboutir au développement avec des citoyens authentiques, mais tournés vers le progrès. C’est également dans la continuité de ce qu’on a commencé à Lomé, en version améliorée.
Le plus important pour moi, c’est qu’on puisse produire également du contenu varié. Il s’agit de livre, bande dessinée, dessin animé, supports vidéo et audio…etc., qui doivent intégrer les différents programmes éducatifs de sorte que depuis les bancs, l’on puisse commencer par fabriquer de nouveaux hommes. De toutes les façons, ce sont avec de nouveaux hommes que le Japon, la Corée du Sud, L’Amérique …, se sont faits. En Afrique, nous avons besoin de nouveaux Hommes ou en tout cas d’Hommes reprogrammés et renouvelés.
« La culture africaine peut-elle conduire au développement ? » ; pourquoi avoir choisi ce thème pour l’édition de 2019 ?
Beaucoup me demandent pourquoi nous avons choisi la forme interrogative pour le thème. Je pense que l’interrogation met les choses en perspectives et quand nous allons réfléchir au cours des ateliers et conférences sur la problématique, on trouvera plus aisément les réponses. Ensuite, quand nous tournons le regard sur tous les pays africains qui parlent d’émergence aujourd’hui, beaucoup se lancent dans de grands projets d’urbanisation, d’infrastructures…, parce qu’on ne peut pas ne pas aller au développement, pour éviter d’être écrasé par les autres. Maintenant, de quel développement s’agit-il? Sous quelle forme ? Avec quoi comme valeurs ? Sur quel modèle ? Je pense que le vrai développement, c’est d’abord l’endogène, à partir de ce moment, c’est plus facile d’aller au développement extérieur.
Si vous avez de bonnes racines, c’est plus facile de vous envoler. Si au cours de votre vol, vous rencontrez des défis, vous pouvez revenir vous ressourcer et continuer votre voyage. Si vous n’avez pas de racines, vous allez voguer dans la vie sans repère, vous irez de concepts en concepts, de théories en théories, vous serez le cobaye des expérimentations des autres. Pour construire un bateau afin de voyager et d’aller découvrir le monde et faire du commerce, il faut du bois et le bois nécessite un grand arbre, fort et robuste. Et c’est avec ce même bateau que vous pourrez revenir après. Je pense que le vrai développement, c’est celui qui intègre la culture en tout, lui accorde une place prépondérante.
Après le Togo en 2018, vous embarquez pour la Côte d’Ivoire en 2019. Est-ce à dire que l’organisation du Salon sera itinérante ?
Oui absolument, nous allons parcourir les pays africains pour apporter la bonne nouvelle. Chaque année, nous serons dans un pays différent et mettrons en évidence les proverbes, les initiatives, les progrès du pays d’accueil. Nous irons aussi vers la diaspora pour leur dire ce qui se passe. Ceux qui veulent rentrer, reviendront et ceux qui décident de rester là-bas orienteront leurs initiatives et projets vers le continent afin qu’ensemble nous puissions faire le travail de développement.
Que peut-on espérer du rendez-vous de mai 2019 ?
Le Salon a connu une évolution. Déjà, ce sera sur deux jours contrairement à Lomé. Au cours de la première journée, nous aurons trois ateliers et une conférence autour des déclinaisons du thème principal du salon. Ces ateliers seront animés par des coaches, universitaires, formateurs venus de la Côte d’Ivoire naturellement, du Togo, du Benin, du Canada, de la Tunisie, de la France….
Au cours du deuxième jour, nous allons lancer différents supports et outils
Selon vous, quelle est l’importance du retour à l’identité africaine ?
Vous connaissez certainement le mouvement BACK TO MY ROOTS, en dehors d’une des chansons de Lucky Dube qui porte ce titre, tout homme a besoin de savoir qui il est. La perte d’identité est quelque chose de terrible. Vous savez, une des choses qui fait peur à l’occident aujourd’hui, c’est la crainte de perdre leurs identités judéo-chrétiennes et ils pensent que l’immigration peut en être une cause. C’est un autre débat et ce n’est pas la tribune ici.
Vous allez remarquer que beaucoup de Noirs Américains reviennent pour chercher d’où leurs ancêtres sont partis parce que c’est le cri de l’âme. Il a même fallu du temps pour qu’ils s’appellent noirs américains. Il est important de préciser que le retour à l’identité n’est pas un repli sur soi ou un renfermement, loin de là. Regardez les Chinois à l’occasion du nouvel an chinois, toutes les villes chinoises se vident pour la campagne et l’arrière-pays. Les gens rentrent chez eux pour se ressourcer, ils retournent aux sources. Désolé, mais nous ne venons pas de la ville, les bétons et les verres de la ville ne sont pas nos origines, nous venons d’ailleurs. Maintenant ce n’est pas forcément un déplacement physique, quitter un point A pour un point B. Il y a des gens, dont leurs villages n’existent plus peut-être à cause de l’érosion côtière. Mais ils ne doivent pas oublier leurs histoires et d’où ils viennent.
Vous savez, il n’y a rien qui puisse détruire l’homme autant qu’une crise identitaire, ne pas savoir qui on est. Beaucoup de déviances que nous observons aujourd’hui sont dues à une crise identitaire, les gens ne savent plus qui ils sont. Lorsqu’une personne décide de changer de sexe, selon vous qu’est-ce qui en est la base ? C’est une crise identitaire. Même la dépigmentation de peau par nos sœurs africaines n’est rien que de la crise identitaire. Si nous ne voulons pas tomber dans ces déviances, il faut retourner à l’identité.
Votre dernier mot s’il vous plait !
Je pense que la richesse du monde provient de sa diversité, il ne sert à rien que nous laissions tomber ce que nous sommes pour adopter tous un seul mode de pensée, un développement uniforme. Être un Africain ne veut pas dire que nous nous coupons du monde mais nous voulons apporter au monde. Et pour apporter au monde, nous devons être nous. LET’S MAKE AFRICA GREAT.
Merci à vous !
C’est moi qui vous remercie !
Pour contacter la Fondation SENAKPON
Tel : 00228 92860146
E-mail : contact@fondation-senakpon.org
Site web : www.fondation-senakpon.com
Facebook : Fondation senakpon/ Africa rising
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