Jiwall – la touche ‘tech’ dans l’immobilier sénégalais

Le secteur de l’immobilier sera-t-il le prochain à faire l’objet d’une disruption en Afrique ? C’est en tout cas l’avis de nombreux experts. Et certaines startups commencent à s’engouffrer dans la brèche à l’instar de Jiwall au Sénégal fondée par Makhtar Diop.

Dans votre secteur d’activité, la concurrence commence à faire rage. Comment parvenez-vous à faire la différence ?

Makhtar Diop: Je pense que la concurrence est limitée à une certaine catégorie du marché de l’immobilier. Le déficit actuel en logements au Sénégal en est la preuve. C’est pour cela, que nous avons opté pour un positionnement différent de celui des acteurs actuels du marché. Jiwall est une plateforme de co-construction qui permet aux personnes à la recherche d’appartements de s’associer pour co-construire leur immeuble au lieu d’acheter individuellement leur appartement. Cette solution permet de créer l’offre pour une demande qui la plupart du temps ne peut pas être rentablement prise en charge par la promotion immobilière traditionnelle. Il nous faut en tant qu’entrepreneur, trouver des solutions pertinentes aux problèmes du logement. Sans quoi le coût et la qualité de vie dans nos métropoles continueront à être négativement impactés.

Pouvons-nous raconter les tout débuts de Jiwall. Quelle était votre stratégie de départ et comment avez-vous évolué depuis ?

Makhtar Diop: La solution de co-construction de Jiwall est née d’un problème personnel. En faisant des recherches, j’ai été choqué par les prix de l’immobilier à Dakar. Donc j’ai regroupé un groupe d’amis pour que l’on s’associe afin de réaliser un projet immobilier en commun. En menant ce projet je me suis rendu compte de 3 choses:

Tout d’abord, tout le monde n’a pas dans son entourage immédiat des personnes de confiance avec qui s’associer.

Ensuite, l’immobilier ce n’est pas simple et tout le monde ne dispose pas des compétences pour mener à bien un projet immobilier.

Enfin, cette solution peut faciliter l’accès au logement a une bonne frange de la population. Et c’est à partir de là que nous avons pivoté du business de base de Jiwall. J’ai désinvesti dans d’autres projets afin de me consacrer à Jiwall à plein temps. Nous avons achevé trois projets très rapidement. Et la réaction des participants nous a convaincu de la pertinence de notre positionnement.

Dans 10 ans, où est-ce que vous voyez vous? Et où est-ce que vous voyez Jiwall?

Dans 10 ans, Jiwall aura réussi son pari de rendre populaire la co-construction comme solution au problème du logement à l’échelle sous-régionale. Et inspirer des milliers d’entrepreneurs à trouver des solutions africaines aux grands problèmes africains. Notre continent a besoin de plus de porteurs de projets à mon avis. Personnellement dans 10 ans j’aimerais être un leader qui inspire, motive et partage.

Vous favorisez la co-construction ? Quels sont les avantages de ce modèle et aussi ses limites ?

Les avantages sont nombreux. Le plus important est que la co-construction est une solution au problème du déficit en logement qui aujourd’hui est une priorité nationale au Sénégal et dans d’autres pays de la sous-région. La co-construction permet de créer l’offre pour une demande qui ne peut pas être rentablement prise en charge par la promotion immobilière traditionnelle.

Au-delà de cela, il y aussi des avantages intéressants pour les participants. Premièrement, les participants peuvent faire des économies allant jusqu’à 40% par rapport aux prix du marché. Ils disposent également de plus de latitude dans la conception de leur logement. La co-construction est aussi une solution pour les propriétaires terriens qui n’ont pas les moyens de valoriser leur propre foncier. Enfin, ces derniers peuvent valoriser leur foncier sans effort ni apport financier.

Les limites de la co-construction ont été levées avec l’avènement de l’internet. Il est très facile maintenant de trouver des personnes avec les mêmes critères d’habitat qui sans l’internet n’auraient pu jamais être mis en relation.

Par votre système, est-ce que vous ne craignez pas une fronde des promoteurs immobiliers ? Ou peuvent-ils être après tout finalement des alliés pour votre développement ? Et quelle est votre stratégie vis-à -vis d’eux car ils ont une bonne connaissance du terrain ?

Non, bien au contraire. Aujourd’hui le déficit en logements au Sénégal est tel que les promoteurs immobiliers seuls n’ont pas la capacité de répondre à toute la demande. Cela laisse des segments entiers desservis. Notre offre s’adresse à ces derniers qui ne trouvent pas de produits adaptés à leur demande. Par le biais de la co-construction, nous leur donnons les moyens de créer l’offre qui répond à leur demande. Aujourd’hui, nous avons des partenaires promoteurs immobiliers qui nous référent volontairement cette clientèle qu’ils n’arrivent pas à satisfaire.

La Proptech émerge progressivement et pourtant ce n’est pas le secteur qui lève le plus de fonds contrairement à la fintech. Comment expliquez-vous ce retard à l’allumage et est-ce que finalement Jiwall pourrait bien être la première proptech à faire une vraie percée dans le domaine de la levée de fonds ?

Je ne pense pas que cela soit un retard mais plutôt une évolution normale des choses. La fintech est plus mature que la ‘proptech’ ( l’e-logement) donc naturellement lève plus de fonds. Il y a aussi le fait que l’immobilier soit un milieu conservateur avec d’importantes barrières à l’entrée qui, pour le moment, tiennent à distance la disruption qui rend la fintech aussi attirante aux yeux des investisseurs. Je pense qu’une fois les barrières à l’entrée affaissées, nous verrons des levées de fonds très importantes. Effectivement à la vue des discussions avec des potentiels investisseurs nous osons espérer que Jiwall sera une des proptech à faire cette percée dans le domaine de la levée de fonds

Vous avez travaillé aux Etats-Unis avant de revenir au Sénégal. Pourquoi vous êtes-vous lancé dans le secteur de l’immobilier alors que vous étiez plutôt spécialisé en finance?

La finance est une compétence transversale, ce qui m’a permis de transiter dans l’immobilier très aisément. J’ai également suivi une formation en immobilier commercial à Cornell University pour avoir une vue plus large de l’immobilier. Il est important de faire la différence entre l’immobilier et la construction. Dans l’immobilier ce sont les compétences en business, en finance, en marketing, en droit, etc qui prévalent. Sans ceux-ci, il est difficile de structurer et d’exécuter des projets rentables.

Lire aussi: Zoom sur l’artiste Adabadji Djobokou, le Doyen du Gospel togolais

Comment parvenez-vous à satisfaire les clients ?

Le client est au cœur de tout ce que nous faisons. Notre solution est centré sur le client  en  cherchant à maximiser leurs investissements. Cela transparaît aussi dans nos valeurs pour nous assurer que tous nos collaborateurs et partenaires y adhèrent. Ces valeurs tournent autour de l’intégrité, la rigueur et l’innovation dans le but de satisfaire le client.

Rudy Casbi

Contributeur sur MyAfricaInfos.com

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