La période allant des derniers jours du mois de novembre aux 25 premiers jours du mois de décembre est une période particulière pour des groupes d’enfants, d’adolescents et de jeunes. C’est le moment de se mobiliser en de groupuscules à allure de société secrète pour former un corps d’animation, lequel destiné à accompagner les uns et les autres tout le long du temps de l’avent. Ce groupuscule s’organise autour d’un masque dansant : le Kaléta. Entre chansons populaires, rythmes divers et pas de danses harmonisés et créatifs, les groupuscules de Kaléta passent de maisons en maisons et sont gratifiés de pièces d’argent ou de friandises après prestations. C’est une pratique sociale et spectaculaire qui tire ses origines du temps des ancêtres. Origines et fonctions du Kaléta : MyAfricaInfos en a fait une préoccupation. Suite à notre rencontre avec M. Bernard-Copé DOSSA, chercheur en histoire et nos recherches sur la toile, nous vous proposons cette belle découverte.
Le Kaléta est un groupe organisé. Pour la beauté de la prestation, chacun doit assurer une fonction indispensable et tout doit se faire en harmonie. C’est ainsi que nous distinguons :
Le Kaléta est l’acteur principal de l’attroupement, il s’agit d’un jeune couvert de la tête aux pieds. Autrement habillé, l’être apparemment mystique autour duquel s’organise le groupuscule, doit être du vrai danseur. Son costume est fait de pailles, de gants, et d’étoffes déchirées et de chaussettes. Il porte un masque au visage.
C’est le chœur. Ce sont de jeunes gens et parfois de filles (mais, qui n’entrent jamais dans le couvent Kaléta). Ceux-ci sont là pour accompagner le chef du groupe qui généralement, se met en posture d’artiste chanteur ou maitre de chœur. Il entonne les chants ou veillent à ce qu’il y ait de l’harmonie entre ce que disent les instruments musicaux et la voix du chœur. Généralement, c’est lui le caissier à qui, il faut remettre le Kaléta remet l’argent après chaque prestation.
Ce sont eux qui donnent du goût aux prestations. S’ils sont bons en musique, le Kaléta n’aura qu’à faire des merveilles lui aussi, étant un bon danseur. Ceux-ci sont entre les tam-tams et Gongs pour les groupes bien organisés. Si non, c’est généralement de petits bidons qui font office de Tam-tam et des bouteilles remplacent le gong.
De wikipédia au site du festival Kaléta qui s’organise à Ouidah en République du Bénin et passant par YouTube et bien d’autres, les informations regroupées ici et là nous ont permis de remonter le Kaléta à la période de l’histoire de ces milliers d’Africains déportées à travers nos côtes. Pour ces sites et les divers commentaires, le Kaléta est une activité artistique et culturelle pratiquée en général par les enfants. D’origine afro-brésilienne, le Kaléta serait arrivé au Bénin dans les années 1830 et 1835, avec le retour d’anciens esclaves libérés. Le Kaléta danse lors des fêtes et réjouissances populaires. Kaléta est une personne vêtue d’un accoutrement de clown et portant un masque. En dehors du fait que le porteur du masque doit être un excellent danseur, il ne doit pas être une fille pour être conforme aux habitudes. Les jeunes filles font souvent partie du groupe des choristes et chanteurs. Pour adhérer au groupe, il n’est pas nécessaire d’avoir une formation ou une initiation ou un lien héréditaire pour le devenir. Il suffit de savoir danser ou chanter car les connaissances se transmettent de générations en générations.
Bernard-Copé DOSSA est chercheur historien. Il est le Président du Groupe Universitaire de Recherche en histoire et culture du Bénin « Symbole de l’Amitié (www.symbole-amitie.com) ». L’entretien avec lui semble plus édifiant sur les origines lointaines et les fonctions sociales du Kaléta.
D’abord, pour ce combattant au service de l’enracinement de l’histoire des peuples Africains, béninois surtout : « Le Kaléta est un culte de masques très anciens qui demeure propre aux traditions africaines malgré qu’il soit façonné de nos jours par des instruments modernes, lesquels lui donnent une nouvelle identité. ».
Loin de voir le Kaléta comme une simple pratique d’amusement entre promotionnaires, l’initié des couvents du Bénin pense que : « la sortie des Kaléta dans les rues déjà en fin du mois de novembre est ce qui explique le rang prioritaire et primaire de Kaléta dans l’ensemble des pratiques initiatiques recommandées par la vie sociale en milieu cultuel et culturel africain. Autrement dire, le Kaléta représente le premier culte initiatique qu’un homme doit nécessairement connaitre et pratiquer avant d’accéder aux autres couvents tels que le Zangbéto, le ORO, le Guêlêdê, le Gounouko, le Egungun et même le Fâ voire le Vodun qui sont quant à eux, des niveaux supérieurs dans le domaine des savoirs endogènes africains».
Ainsi, Bernard-Copé confirme l’appartenance du Kaléta au panthéon Vodun : « Le Kaléta est un Vodun de premier rang, c’est à dire une divinité primaire…il y a d’autres détails initiatiques en rapport avec le culte de Kaléta mais nous ne serons pas en mesure de les énumérer dans ce numéro. Retenons jute que le Kaléta à l’instar des autres cultes, est un instrument de vie sociale. Il force les enfants à s’unir autour de leur culture». Le jeune chercheur en histoire et civilisations africaines se veut plus explicite sur la fonction socioculturelle du Kaléta. Bernard-Copé : «La place de Kaléta aujourd’hui est multidimensionnelle dans l’animation de la période des fêtes et plus bien encore. Aujourd’hui, le Kaléta est presque une école de formation musicale car il rassemble une vingtaine d’enfants autour d’objectifs cultuels. C’est une pratique qui amène avant tout, l’enfant à cultiver le courage pouvant lui permettre de faire face aux épreuves supérieures dans le monde cultuel des traditions africaines donc, aux nombreuses épreuves des sociétés secrètes africaines, lesquelles régissent le rapport entre le visible et l’invisible d’ailleurs. En jouant le Kaléta, des enfants apprennent à vivre en équipe et à produire des chansons qu’ils exécutent en chœur pour faire danser le porteur de masque. C’est donc une culture très pédagogique pour la musicologie et un atout très édifiant pour le progrès artisanal des sociétés africaines vu que sa pratique oblige des enfants à confectionner des jouer et tambours…nécessaires pour la cause».
Kaléta et le Bénin, c’est une histoire qui remonte aux temps anciens où les peuples trouvaient du plaisir à favoriser le vivre ensemble, le communautarisme avec l’accroissement des travaux champêtres. Bernard-Copé dans ses recherches, a trouvé des origines très anciennes au Kaléta : « Le mot Kaléta vient de l’expression Ka-yï-ta…Et signifie la calebasse a contenu la tête ou la calebasse a caché le visage et la tête. Selon les traditions anciennes et plus précisément champêtres, le Ka-yï-ta (Kaléta) est joué par des enfants et adolescents qui ont participé à la semence des grains de haricots et du maïs durant la campagne des céréales en tant que semeurs. En effet, le Kayïta est une fête initiatique et coutumière célébrée aux temps anciens par des enfants vers la fin des campagnes de semence des céréales, une campagne au cours de laquelle ils assistent des adultes pour mettre sous la terre, des grains du haricot, du maïs et des mils notamment lors des Ajoru ou lasotè qui sont des systèmes d’entraide collective et agricole. Ce fut qu’ils profitaient de la fin des campagnes qui a souvent lieu entre fin novembre et 26 décembre soit les deux lunes appelés (Nu do sun) pour transformer les calebasses ayant servis pour les semences en masques qu’ils mettent au visage pour collecter des dons (cuit d’animaux, vivres et consorts) pour leur épanouissement. »
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La participation aux groupuscules Kaléta a formé des merveilles des arts et de la culture. Beaucoup de béninois doivent aujourd’hui, leurs facilité d’intégration socioculturelle et professionnelle à cette pratique d’enfance. Car, au couvent Kaléta, pas de langue de bois. Il y a toujours une manière pour dénoncer ou apprécier. Par exemple, Kaléta n‘est pas un groupe d’ingrats. Il s’est apprécié les choses. A la fin d’une prestation, l’orchestre sait quelle chanson entonner pour apprécier le geste de leurs spectateurs. Ah! Oui, j’ai oublié de vous dire que la danse du Kaléta est encouragée par n’importe quel geste (argent, mangé et cadeaux divers). Ainsi, si la personne les traite en bien, ils l’inondent de bonnes prières de santé, de prospérités dans les affaires, de fertilités et bien d’autres. Mais, si c’est le contraire, ils savent également apprécier. Des chants populaires s’y prêtent mieux. Juste en dansant et chantant, le groupuscule trouve la stratégie de qualifier son spectateur de mauvaise foi ou d’avare.
La pratique du KALETA, qu’en savez-vous encore ?
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