Le social, l’économie, le sport et le digital: un combo gagnant ?

La pandémie de COVID-19 met la résilience des entreprises africaines à rude épreuve. Et le numérique les forces à modifier leurs habitudes entrepreneuriales, renforçant ainsi leur présence en ligne. Ibrahima Ba, fondateur de 2S-média s’est donné pour mission de faciliter la création de plate-formes de ventes numériques. Mais son engagement dépasse de loin le seul cadre du secteur numérique.

Alors que le monde entier lutte contre le COVID et que les entreprises sont en premières lignes. Quelle aide leur apportez-vous afin qu’elles puissent continuer à gagner des parts de marchés. Comment 2s-media a été créé ?

Nos spécialités sont en rapport avec l’univers du web. Nous bâtissons des sites web, des plateformes d’e-commerce… Nous avons reçu beaucoup de sollicitations d’entreprises qui veulent se lancer dans des activités en ligne. C’est une grande responsabilité car pour certains, c’est l’occasion de contribuer au maintien de leurs business. Et pour d’autres, c’est un outil qui leur permet de dénicher de nouvelles opportunités. Nous travaillons au référencement, les clips vidéos ou encore la charte graphique. Quand les commerces “physiques” ont dû rapidement créer des plate-formes numériques pour la poursuite des activités. Il nous a fallu bâtir des stratégies en tenant compte qu’elles en auraient besoin pour plusieurs mois. Mais 2S-média ne s’est pas crée hier. Nous existons depuis 2014 à la suite d’une collaboration avec sa société mère qui est à Sarrebourg en France.

Quel votre parcours d’entrepreneur ?

Le chemin a été progressif. J’ai longtemps évolué avec des ONG où il fallait bâtir des programmes entiers dans le cadre des aides publiques au développement. J’ai rapidement constaté les problématiques du terrain notamment pour la promotion de l’entrepreneuriat. Je me suis rapidement rendu compte qu’il fallait urgemment créer de la valeur ajoutée en créant plusieurs canaux de ventes pour les entreprises sur le web et les aider à se positionner sur le secteur du numérique. Quant à mon état d’esprit, je dirai que j’ai développé un état d’esprit d’entrepreneur lorsque que j’ai dû gérer un internat où on mêle “sport et étude”. J’en ai assuré la gestion. Cela façonne un état d’esprit entrepreneur. C’est aussi au travers de ces expériences professionnelles que j’ai pu m’exercer dans l’art du management et du travail en équipe. Cela correspondait bien avec la branche dans laquelle j’avais évolué dans mon parcours d’étudiant. (Diplômé d’un BTS en informatique de gestion et d’un diplôme supérieur en management.

Actuellement, vous êtes à la tête de quatre projets ? Pourquoi et quels sont les liens qu’on peut établir entre eux ?

La crise du COVID-19 révèle plusieurs vérités. Tout d’abord, le numérique détient une importance cruciale dans le développement des entreprises. Ensuite, je crois que nous, les entrepreneurs africains, devons suivre notre voie en adaptant les préceptes de l’entrepreneuriat à notre réalité. C’est pourquoi, je suis engagé dans quatre projets qui répondent pour chacun d’eux à des enjeux différents. En réalité, 2s media est un groupe qui regroupe plusieurs volets ayant des liens entre eux. Le gérant coordonne les deux structures mais chacune d’elle a son personnel qui assure la mise en œuvre des plans d’activités. Et comme l’informatique a toujours été une passion pour moi, tout comme le football. Ce sont deux activités émancipatrices sur lesquelles nous pouvons nous servir de socle pour bâtir des sociétés toujours plus prospères.

Quelle solution apportez-vous et auprès de quel public et quelles sont les obstacles?

Je ne connais pas une entreprise sur le continent qui ne doit pas être innovante pour palier à des problématiques auxquelles nous sommes confrontées. Sur notre continent, les vieilles habitudes ont la peau dure. Notre premier objectif était de démontrer aux entreprises que notre solution était très efficace pour les entreprises. C’est la stratégie que nous avons utilisé pour fidéliser nos clients. Cela suppose aussi un vrai travail de sensibilisation sur le numérique. Nous travaillons sur la durée avec eux. C’est cet accompagnement qui porte ses fruits.

Pouvez-vous nous décrire chacune des solutions et la taille de leur marché ?

Depuis 2014, nous avons une centaine de clients qui sont passés par nos services depuis la création. Ils nous sont fidèles car ils adhèrent à notre valeur ajoutée et ils sont sensibles à nos engagements sociaux à travers notre programme sport et étude. Ce que l’entrepreneuriat m’a appris, c’est que les gens s’engagent avec vous en raison de la valeur ajoutée de votre service mais aussi en raison des valeurs humaines véhiculés par vos engagements et l’impact que vous avez auprès des communautés.

Quelle est la vision que vous avez de vos entreprises ?

Elles sont complémentaires. Il ne faut pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Mais pour chaque entreprise, je me pose une seule question: “Comment créer toujours plus de valeurs ajoutées pour avoir le plus d’impact social ?”En tant qu’acteur du numérique, nous devons prendre conscience que les usages changent mais que le rapport à la clientèle et au partenaire demeure fondamentalement inchangé. L’objectif est toujours de fonctionner en communauté de valeurs. C’est ce qu’on s’efforce d’accomplir avec notre  site internet et notre page dont les noms sont éponymes à celui de notre groupe: 2S-Média.

Enfin, pourquoi avez-vous investi dans un centre de “sport-étude”? C’est un projet qui semble complètement décalé par rapport à vos ambitions numériques.

Avec Kora’s, nous espérons accueillir 200 jeunes à l’horizon 2026. L’objectif est de les accompagner dans leur réalisation en tant que jeune et sportif. Pour les jeunes de moins de 15 ans, nous avons mis en place une structure sport-étude et éducation. Au passage, l’éducation peut très bien aussi se conjuguer à l’ère du numérique. L’objectif est de former des citoyens accomplis qui entreprendront pour leur pays et leur continent. Ce seront des têtes bien faîtes dans des corps sains. Mais les derniers temps ont été difficiles. Nos 40 jeunes filles, membres de notre académie de foot, n’ont pas pu travailler auprès des TPE/PME membres de notre réseau en raison de la pandémie. Bien que la reprise soit effective, les entreprises font face à des problèmes de trésoreries. Et pour les garçons, ils se sont recyclés dans l’élevage de volailles et de moutons. Une activité qu’ils ont concilié avec une poursuite de l’activité physique à domicile. Les temps ne sont pas évidents mais nous gardons le cap.

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