Par: Rudy Casbi
Née en Bulgarie, mais de parents originaires du Congo Kinshasa, Grace Murhula ne se rend en Afrique que très peu, elle, qui s’est établie en France depuis plus de 20 ans. Son déplacement le plus récent sur le continent s’était fait en Côte d’Ivoire. Une Afrique pourtant riche au plan matériel comme historique. Et c’est ce qu’elle veut porter au cinéma, notamment la belle épopée d’héroïnes noires pour bâtir un féminisme panafricain franchissant les barrières.
De solides tresses bien visibles attirent avant tout l’attention quand on rencontre Grace Murhula. La jeune femme en est plutôt fière et cultive discrètement cette marque d’identité qui rappelle bien son appartenance au continent africain. Malheureusement, tout le monde n’a pas le même rapport aux origines, même chez les Noirs qui pouvaient se revendiquer pourtant d’un très riche passé. C’est fort de ce constat que Grace Murhula travaille à valoriser davantage l’histoire du continent et particulièrement l’épopée d’héroïnes ayant marqué son Afrique à elle. Madame a choisi le cinéma pour vanter ces récits au féminin. Une initiative heureusement bien comprise par la société de production de Florence Akoa. «Le coût de la production pour la première saison est de 2 millions d’euros », confie-t-elle. L’enthousiasme suscité par son idée est tel qu’une dizaine d’acteurs participent à cette production qui entend bientôt s’imposer au-devant de la scène médiatique. Aussi, certains grands producteurs connus du cinéma international se sont engagés à s’investir pleinement cette « affirmation de nos cultures et coutumes », comme elle le dit avec ses mots.
Etant donné que la majorité des fonds nécessaire manque encore au rendez-vous, Grace Murhula va pour le moment commencer par des actions très concrètes et très simples. Elle travaille actuellement à l’organisation d’un événement digital dénommé Africain Sprint Heroines qui se passera intégralement en ligne. Au cœur de cette initiative, le récit sur une certaine Condace, la première reine d’Afrique, comme elle l’appelle. Les défis sont énormes parce que l’idée, est «de créer en cinq jours le prototype d’une série animée», détaille la jeune future réalisatrice et qui entend le faire de manière totalement participative. Du dessin au graphisme en passant par l’animation 2 et 3D, rien ne sera laissé au hasard pour raconter l’histoire africaine au féminin. Le récit sur le parcours de son héroïne Candace, elle le doit, étonnamment à Nicolas Sarkozy, ancien président de la France, qui avait fait l’actualité en déclarant en juillet 2008 à Dakar que «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire».
Pendant que de brillants intellectuels africains occupaient les plateaux et les Unes des journaux pour fustiger un tel mépris de l’homme noir, Grace s’était replongée dans les recherches pour apprendre son histoire. «C’est ainsi que j’ai découvert l’histoire de Candace en parcourant des livres comme Reines d’Afrique et elle m’a rapidement captivé par sa force, sa discrétion et qui appartient à une dynastie de femmes», déclare-t-elle, non sas ajouter que « l‘accès à une imaginaire commun est décisif pour la construction d’identités fortes qu’on peut partager au reste du monde».
En ce qui concerne le tournage de sa future série, notre passionnée des récits féminins soutient n’avoir pas encore décidé sur quelle partie du continent elle devrait se jouer. Mais, une chose est claire. Elle compte utiliser tous les moyens pour mettre au-devant de la scène des histoires dignes des «reines d’Afrique nommées Candace» qui auraient régné dans l’actuelle Ethiopie pendant 500 ans et dont l’une avait clairement stoppé l’avancée d’Alexandre Le Grand dans la zone, à ses risques et périls. Mais plus près de nous, il y a de fortes personnalités qu’elle n’oubliera sûrement pas dans ses productions comme la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Originaire de l’Est de ce pays d’Afrique de l’Ouest, elle s’est installée aux Etats-Unis d’où elle écrit de grands romans dont le premier s’appelait L’hibiscus pourpre sélectionné pour l’Orange Prize et pour le Booker Priz, comme présenté sur le site de Babelio.
C’est à dix-neuf ans qu’elle débarque en Amérique et choisit tout de suite l’Eastern Connecticut State University pour ses études en communication et en Sciences Politiques. A côté d’elle, d’autres fils du continent se distinguent bien dans leurs domaines d’activités à l’instar de Denis Mukwege, «l’homme qui répare les femmes au Congo», devenu Prix Nobel de la Paix et à qui la réalisatrice sénégalaise, Angèle Diabang, avait consacré un long métrage en 2014. C’est toute cette diversité dans la richesse du continent que Grace Murhula se promet de mettre en valeur.
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