Au Sénégal, un centre a été créé pour lutter contre l’exil des jeunes optant pour la traversée de la mer. Inauguré en février 2018, « Keur of Champions », une salle de boxe à Dakar au Sénégal a pour objectif principal de former l’élite de la boxe sénégalaise et aussi celle africaine. C’est également une plateforme de sensibilisation des jeunes tentés par l’exile. Parmi les pensionnaires de ce centre, certains se préparent pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2022 au Sénégal.
En Afrique plusieurs initiatives sont prises pour persuader les jeunes qui sont tentés de rallier l’Europe par tous les moyens jusqu’à en perdre la vie. A Dakar, une salle de boxe en plus de forger l’élite et professionnaliser un vivier de talents jusqu’alors inexploités, offre également aux jeunes une autre voie que l’exil. Dans ce temple de la boxe du noble art, créé sur fonds propre par Souleymane Mbaye, plusieurs jeunes comme Idrissa Gueye âgé de 24 ans, affûtent leurs armes sous la direction de celui-là même qui a inauguré le centre en février 2018.
« Keur of Champions ou Maison des Champions », selon Souleymane Mbaye le patron des lieux, veut éviter aux jeunes de prendre la pirogue pour regagner l’Europe au péril de leur vie. Il veut Donner un but, une éducation et un cadre à des jeunes en difficulté qui pensent que rien de positif ne les retient en Afrique. Pour lui c’est la promesse faite à l’ancien maire de la commune de Rufisque en banlieue de Dakar, Mbaye Jacques Diop, qui s’est réalisée. « En Afrique, il n’y a jamais eu de grand combat à part celui de Mohamed Ali contre George Foreman à Kinshasa en 1974, rappelle-t-il. Mais aujourd’hui, le Sénégal a toutes les infrastructures pour accueillir et organiser de tels événements. La Dakar Arena vient d’être achevée ainsi que le nouvel aéroport international. J’aimerais faire de Dakar un temple de la boxe comme Las Vegas. »
Ils sont quinze boxeurs à s’entraîner sur les deux rings que compte la salle, du matin au soir. Parmi eux, trois bénéficient d’un traitement particulier. Du fait de leur haut potentiel et parfois de leurs origines défavorisées, ils sont logés, nourris et rémunérés par le club, suivis par un kinésithérapeute et un diététicien. « Je veux les avoir à 100 %, savoir ce qu’ils mangent et quand ils dorment », déclare Souleymane Mbaye, qui a en ligne de mire les Jeux olympiques de la jeunesse à Dakar en 2022. Le plus visible dans ce groupe de trois est Idrissa Gueye, 1,78 m pour 61 kg. Il ne cesse d’encourager ses camarades à donner le meilleur d’eux sur le ring lors des séances.
« La boxe, c’est ma vie ! Je ne fais que ça », a-t-il laissé entendre. Le premier combat professionnel d’Idrissa est programmé pour le 12 octobre à Paris. Son coach place toute sa confiance en lui au point de lui imposer un rythme d’entraînement intense que le boxeur suit avec beaucoup de rigueur. «C’est un boxeur technique, longiligne et orgueilleux. Il sait qu’il peut réussir, assure Souleymane. S’il gagne son premier combat, il obtiendra peut-être un contrat en France, mais continuera à s’entraîner ici. Si on veut éviter de faire croire que l’eldorado est ailleurs, il faut leur montrer qu’on peut briller chez nous. »
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