De nos jours, il est rare de voir des enfants regroupés autour d’un feu le soir pour écouter les contes et histoires inspirés des légendes africaines. Cette partie de la culture africaine renait peu à peu avec l’engagement sans ménage de ce jeune conteur béninois et de l’association Passion Culture Art (PCA).
Bonjour M Djossa ! A qui avons-nous l’honneur ?
Je me nomme Missigbèto Christian DJOSSA. Je suis Artiste comédien, conteur monologue, metteur en scène et directeur de l’association socioculturelle Passion Culture Art (PCA).
Un conteur à l’ère actuelle ? Qu’est-ce qui vous a motivé à embrasser cette activité ?
Pour moi, l’art est une passion. Tout a commencé depuis le cours primaire. En ce moment, j’étais en cours élémentaire première année (CE1) et je m’essayais au théâtre contre le gré de mes parents ; ceci, à travers des journées culturelles de fin d’année.
Une fois au collège, j’ai intégré la session théâtre du groupe culturel et artistique où j’ai joué sur plusieurs scènes. J’ai aussi intégré une troupe théâtrale professionnelle de ma ville et c’est là que j’ai eu la chance d’être bien formé dans le domaine de l’art. Des années plus tard, j’ai commencé à signer des mises en scènes dans les lycées et collèges et c’est ce qui a renforcé mon poids dans le domaine.
Aujourd’hui, je suis Promoteur culturel et Directeur Artistique de l’association Passion Culture Art qui est présidée par le Professeur Aimé B. AVOLONTO.
Quels sont les objectifs de l’Association PCA ?
Au sein de l’association Passion Culture Art, nous n’avons que des projets éducatifs et nous sommes engagés à la restauration et à l’enracinement de l’éducation artistique axée sur les valeurs culturelles et orales béninoises surtout dans nos écoles.
Ce sont des projets qui visent plus les enfants car, nous estimons que l’enfance d’aujourd’hui est la force de l’avenir. Nous allons donc à la rencontre de la population, surtout des enfants dans les écoles des régions, des quartiers, des villages…, pour leur démontrer toute la richesse impérissable des contes et panégyriques béninois.
Revenir à cette école aujourd’hui, c’est outiller nos congénères à inculquer à leur tour à leurs progénitures qui le feront aux leurs par la suite, les socles de raffermissement de notre « moi » d’Africain. Avec les enfants nous sommes sûrs d’avoir des résultats à long terme.
Parlez-nous des projets déjà réalisés par l’association
Nous avons au sein de l’association, piloté des projets culturels à vocation éducative. Alors, comme projets réalisés, et en cours de réalisation je peux citer :
• LA NUIT DES CONTES ET DES PANÉGYRIQUES
C’est une tournée de contes et des panégyriques dont la caravane a sillonné et continue de sillonner tous les départements du Bénin en essayant d’entrer dans chacune de nos communes. L’objectif est de contribuer à la restauration et l’enracinement de l’éducation artistique axée sur les valeurs culturelles et orales béninoises. Ayant ciblé la population en générale, ce projet nous a permis d’enregistrer à chaque passage, les contes et les panégyriques propres à chacune des régions parcourues pour des travaux scientifiques.
• « A L’ECOLE DE NOS CULTURES » TOURNEE SCOLAIRE DE CONTES ET DES PANÉGYRIQUES
Comme la nuit des contes et des panégyriques, ce projet va dans le même sens. Mais, la particularité est qu’elle ne vise que les écoles primaires publiques et privées des communes des département de l’Ouémé et de Littoral. De nos jours, les contes qui par le passé, occupaient une place de choix dans le retracement ou le rappel du parcours de nos aïeux, sont en voie de disparition. Alors, à ce niveau, nous expliquons aux enfants, ce que c’est que le conte, le rôle que le conte avait joué et celui qu’il peut continuer de jouer dans notre cité aujourd’hui. Et ensuite un spectacle de conte est offert aux enfants, suivi d’un échange qui amène chaque enfant à tirer et à garder une leçon du conte du jour.
• SE DISTRAIRE POUR S’EDUQUER
Ce sont des activités saines qui nous amènent à occuper les enfants pendant les vacances à travers des jeux d’enfance africains en voie de disparition.
Très belles initiatives ! Comment les enfants réagissent-ils aux spectacles ?
Ils réagissent très bien. Ils sont très attentifs au moment du spectacle et à la fin ils répondent aux questions posées sur le texte de conte. Ils sont contents et veulent encore écouter…Aujourd’hui je suis appelé par les Directrices et Directeurs pour des prestations après mon passage dans ces écoles.
Alors quelles sont vos perspectives d’avenir ?
La lutte de l’association PCA vise surtout l’avenir. Notre objectif est de ramener pour toujours, l’amour des contes et des panégyriques. Notre vision est de revoir les Béninois se comporter comme dans la vie de la période d’il y a trente ans en ce qui concerne nos contes et panégyriques malgré les avancés de la technologie.
Pour ce faire, nous pensons :
* Instaurer dans des régions déjà ciblées, des spectacles de contes tous les soirs sous l’arbre à palabre ;
* Former les enseignants sur les techniques de dire et d’enseigner les contes dans les écoles afin de relancer de façon réelle et pratique. L’enseignement de contes est prévu dans le programme scolaire ;
* Organiser de grands concours de contes et des panégyriques à l’endroit des enfants…et tout ceci à travers le projet RISAO qui sera lancé en 2019 – 2021. RISAO (Rencontres Inter Scolaires des Arts et de l’oralité) Ce projet est un gros projet qui nécessite beaucoup de moyen de financier et nous sommes à la recherche des partenaires techniques et financiers.
Quels sont vos principaux défis auxquels vous faites face ?
Dans l’entreprise humaine, les difficultés sont toujours légion. On en rencontre au quotidien.
D’abord, les difficultés liées au terrain. Il n’est pas aisé de mobiliser la population à cause de la méconnaissance ou du manque de considération aux contes et aux panégyriques. Ensuite, il y a le manque de matériel et surtout de moyens financiers.
Vues les difficultés que vous venez de citer, si vous deviez lancer un appel, dans quels sens irait-il ?
Oui ! Merci pour cette opportunité ! En effet, nous voulons demander à toutes les bonnes volontés de nous soutenir dans la mesure de leur possibilité. Nous avons besoin de gros moyens pour mobiliser les populations et faire comprendre aux gens l’importance des contes et des panégyriques dans la culture africaine en général et béninoise en particulier. Nous sommes également à la recherche de partenaires techniques et financiers. Une aide, aussi petite soit-elle, sera très appréciée.
Qu’aimeriez-vous dire à d’autres jeunes qui voudront emprunter vos pas ?
Seul, on ne peut rien faire dans cette vie. Alors, trouver des jeunes qui veulent faire comme moi, c’est être rassuré de l’atteinte de l’objectif final qu’est la restauration de nos valeurs culturelles axées sur les contes et les panégyriques. Je dirais donc aux jeunes qui pensent faire comme moi que c’est facile si on est vraiment passionné, prêt et engagé à travailler de façon désintéressée car le début est plus que difficile.
Avez-vous un message à l’endroit de la jeunesse en général ?
Jeune Africain, sois fier de toi, sois fier de ta culture et ne rejette jamais tes origines.
Quelques mots pour finir ?
Toute mon inspiration c’est l’Afrique qui m’a vu naitre. Je suis fier d’être noir, fier d’être du continent noir. Je suis fier d’être Africain et j’aime bien ma peau avec toutes ses richesses historiques basées sur l’oralité.
Avec PASSION CULTURE ART, sauvegardons et promouvons nos traditions orales.
Pour joindre M Christian M. Djossa et pour toute contribution au projet:
Téléphone : (+ 229) 97377673/ 95534437
E-mail : christian.djossa@gmail.com / passioncultureart@gmail.com / pca@rpcart.com
Facebook: Passion Culture Art
Site web: www.rpcart.com
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