Langue majoritairement parlée au Bénin, le fongbé se convoque désormais sur les réseaux sociaux. Par la conception d’un robot, Ricardo AHOUANVLAME donne la possibilité à toutes personnes désireuses, de découvrir et d’apprendre à lire, à écrire et à mieux parler la langue la mieux connue de l’aire culturelle Adja-Tado, juste en se connectant à Messenger. Allons ensemble à la découverte de RobotFɔn, cette innovation qui révolutionne une des langues des Agassouvis.

Présentez-vous à nos lecteurs !

Qu’il me soit d’abord permis de vous chanter ma vive reconnaissance pour cet intérêt à ma personne. Je suis Ricardo AHOUANVLAME, Web marketer béninois et concepteur de RobotFon (RobotFɔn).

Rien qu’à vous suivre sur les réseaux sociaux, on remarque que vous manifestez un grand intérêt aux langues africaines, surtout, le fongbé majoritairement parlé au Bénin. Pourquoi cet attachement ?

Pour moi, le fongbé n’est pas seulement une langue dont on pourrait se servir pour communiquer; elle est surtout une définition d’identité. Parce qu’en réalité, cette langue assez noble et très riche est ce qui définit l’origine de la quasi-totalité de la population béninoise: on pense en Fongbé et on s’exprime en Fongbé sur tout le territoire. Personnellement, ma débordante passion pour le Fongbé relève du fait que je suis admirateur de sa richesse syntaxique et morphologique et que je suis un natif Fon. Promouvoir le fongbé est donc pour moi l’expression d’un attachement profond à la chose culturelle et nationale.

Pensez-vous que les langues africaines évoluent au même rythme que les autres langues comme le français, l’anglais, le Chinois…?

Cette question fait réfléchir sur la réalité des langues africaines en comparaison avec celles occidentales. D’emblée et à considérer le croissant développement et la forte promotion des langues occidentales, on pourrait constater leur grande avance sur les langues africaines. Ces langues ont désormais une dimension internationale et s’inscrivent dans le vécu quotidien de tous les mondialisés. Cela découle du fait qu’elles sont les moyens d’expression des diverses puissances mondiales et coloniales. Il faudra donc avouer que les langues africaines n’évoluent pas au même rythme que celles occidentales; ces dernières ont su s’imposer d’une manière ou d’une autre.

Toutefois, il est obvie de remarquer le grand réveil des langues africaines; nombreux sont en effet, les pays africains qui œuvrent jour et nuit à la promotion effective de leurs langues: cette promotion peut se remarquer par l’informatisation, la traduction automatique, leur insertion dans le système éducatif ou autres. Tout se passe désormais de sorte qu’on pourrait affirmer, sans un risque de se tromper, que le temps où les langues africaines seront autant développées que celles occidentales est presque arrivé…il semble même déjà là.

Nous nous plongeons plus dans la digitalisation dans tous les secteurs d’activités et domaines de vie. Quelles sont les opportunités qu’offre le numérique aux langues africaines ?

Ces opportunités sont si nombreuses que quiconque les embrasse s’assure un développement imminent! Aujourd’hui, plus que jamais par le passé, le numérique fait partie intégrante de la vie de la moitié des habitants du globe. Comme cause, presque tout le monde a désormais accès à internet sans un grand effort. Et tout ce qui se faisait dans la vie active peut désormais se faire sur internet. Et les langues devront emprunter la voie du digital pour s’affirmer et se promouvoir; par leur informatisation, leur traduction automatique grâce à l’intelligence artificielle, leur enseignement par n’importe quel canal social ou virtuel. Pourquoi ne pas communiquer dans les langues africaines ? Qu’est ce qui pourrait réellement empêcher les littéraires ou écrivains de rédiger des livres ou documents dans une langue africaine, furent-ils virtuels sous forme de livre électronique? Tout porte à croire que l’informatique est désormais le moyen idéal pour une promotion effective des langues africaines.

Pourquoi RobotFon ?

RobotFon parce que justement, ce n’est pas au Fongbé de rester loin des prouesses actuelles et de s’empêcher d’embrasser les opportunités citées plus haut. Je l’ai trouvé comme le moyen idéal de robotiser ou d’automatiser l’enseignement et la promotion du Fongbé. Grâce à RobotFon, des milliers de personnes sont désormais informées de la richesse syntaxique et morphologique du Fongbé. Il s’est révélé efficace pour faire parvenir plusieurs histoires aussi bien africaines que béninoises à ses utilisateurs, les habituer à un lexique Fon-Français, leur enseigner l’orthographe, la conjugaison et la grammaire de cette noble langue. Grâce à lui, des milliers de personnes de par le monde entier peuvent désormais commencer par s’exprimer voire communiquer en Fongbé, se divertir en Fongbé, se laisser motivés par des proverbes Fongbé et tout cela de façon journalière, permanente et purement gratuite.

D’où vous est venue l’idée de la conception de robot au profit du fongbé ?

Comme je l’ai notifié plus haut, le Fongbé est pour moi beaucoup plus qu’une passion. Pour cela, j’assure sa promotion par diverses manières. Entre temps, j’avais juste lancé un canal par lequel je motivais les abonnés en me servant des proverbes Fongbé que je décortiquais de long en large. La réussite de ce projet m’a prouvé le grand désir des béninois à voir le Fongbé s’implanter sur les réseaux sociaux. J’avais donc besoin d’un moyen efficace et automatique pour continuer l’œuvre jadis entamée et pour la perfectionner davantage. Puisque je suis aussi passionné de l’intelligence artificielle et que j’ai une certaine maîtrise du management des communautés sociales en raison de ma profession du web marketing, je me suis tourné vers le développement de RobotFon, une intelligence artificielle consacrée au Fongbé et à son enseignement. RobotFon est donc conçu pour communiquer de façon automatique et permanente avec plusieurs milliards d’utilisateurs, tous, utilisateurs de l’application Messenger de Facebook.

Comment l’avez-vous matérialisée?

Au début du projet, je me disais qu’il était de mon devoir de concevoir quelque chose de sérieux et utilisable par tout le monde. Il est clair que cela n’a pas été facile, parce qu’il fallait trouver une structure judicieuse au robot et traduire les nombreux textes en Fongbé. Les difficultés étaient aussi accentuées par le manque de connexion à internet que je ressentais dans le temps et qui d’une manière ou d’une autre, me compliquait la tâche. Malgré les nombreuses veilles et toutes les autres contraintes, je le faisais avec passion ! Cela n’a évidemment pas été possible sans le grand et encourageant apport de certaines personnes avec qui je fais désormais équipe pour la promotion du Fongbé. Que ces personnes-là se sentent profondément remerciées. Qu’il me soit permis de faire allusion à IamYourClounon, à l’équipe de Kilibot, à l’équipe d’Afro.Num et de edAI et aussi à M. Anges AGRIKPE. Leur collaboration était aussi avec amour patriotique et passion.

Un tel instrument a besoin d’être vulgarisé. A quel niveau êtes-vous pour l’accessibilité du Robot au public visé ?

Il faut souligner que le public visé, c’est tout le globe ou du moins, tous les utilisateurs de Messenger. Tout est fait, en effet, pour que même un anglophone ou autre puisse utiliser RobotFon sans un souci majeur. Et il faut aussi remarquer que RobotFon n’a pas encore atteint son objectif, parce qu’il ne communique qu’avec quelques milliers de personnes alors que quelques millions ou milliards de personnes ne lui seraient pas de trop! Beaucoup reste donc à faire.

En êtes-vous tout au moins, satisfait ?

Bien sûr que oui!
Ma satisfaction est toute débordante face à la réelle promotion du Fongbé en cours et aux divers avis des utilisateurs qui trouvent RobotFon assez sympathique et courtois.

Que direz-vous au lecteur qui voudrait avoir accès au robot afin de l’expérimenter ?

Tout simplement, je lui demanderai d’ouvrir un compte facebook ou s’il en a déjà, d’installer la vraie version de Messenger, pas Messenger Lite. Ensuite, de cliquer sur m.me/RobotFɔn et puis, l’aventure prendra corps.
Quel est votre plus grand rêve parlant du fongbé et les TICs ?
Voir le Fongbé disponible sur Google et utilisable dans n’importe quel système: voilà mon plus grand rêve. Cela se matérialisera d’ici-là, parce qu’une équipe de jeunes désormais dévouée plus que jamais est déjà à pieds d’œuvres.

Y-a-t-il d’autres projets en cours ? Lesquels ?

Oui, assez de projets en cours. Entre autres, on peut notifier la mise en place d’une bibliothèque virtuelle qui sera comme un creuset de livres ou d’histoires en Fongbé, une maison d’éditions de livres électroniques en Fongbé, la construction d’un site web de rencontre des natifs Fon vivant à l’étranger, la mise en place du clavier des langues africaines en application, la conception du dictionnaire Fongbé-Français en application, un système automatique de traduction du Fongbé dans n’importe quelle langue au choix. L’effectivité de ce dernier projet sera un grand pas pour tout le monde! Un système du genre n’existe pas encore; il permettra à tous ceux qui ne parviennent pas à communiquer en français ou autre de communiquer en fongbé et leur message sera traduit automatiquement dans la langue choisie. Comme quoi, un anglophone pourra désormais communiquer sans difficulté avec un Fonphone. Notre plus grand souhait est que tous ces projets soient réalisés…d’ici là.

Les langues africaines face à la mondialisation, quel appel lancez-vous aux africains, toutes catégories confondues ?

Ce que je peux dire est que tout le monde peut quelque chose et que tout le monde devrait faire quelque chose dans le développement de l’Afrique et de ses langues. Il faut le reconnaître; chacun est doté de potentiels requis ou de divers talents pour vraiment faire hâter le développement de Mama Africa. Il faudra aussi commencer par privilégier les langues africaines qui sont toutes aussi riches que celles occidentales dans les communications et les insérer dans le système éducatif de chaque pays. Voilà là des conditions sine qua non au développement réel qui est d’abord psychologique et mentale.

Amis lecteurs, rencontre de courte durée mais, très riche à coup sûr. Désormais, avec RobotFon, parcourez la majorité des villes et coins du Bénin sans la moindre frustration sociolinguistique. MyAfricaInfos vous promet plus d’explorations sur l’innovation en Afrique. Abonnez-vous à notre site et à nos diverses plateformes afin de devenir complices d’une Afrique en perpétuel mouvement vers le progrès.

Interview réalisée par Angelo Alapini


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6 Comments

  • Gérard, 13 août 2020 @ 7 h 56 min Reply

    Félicitations !!!

    • Essenam K², 13 août 2020 @ 10 h 57 min Reply

      Merci Gérard! Nous lui ferons remonter vos encouragements. Très bonne journée à vous!

    • Osé Maurel Capo-chichi, 24 août 2020 @ 7 h 19 min Reply

      Félicitations à vous.
      Et beaucoup de courage pour la suite.

      • Delali Adzika, 24 août 2020 @ 9 h 02 min Reply

        Merci d’avoir lu MyAfricaInfos. Excellente semaine à vous!

  • Donald, 24 août 2020 @ 7 h 53 min Reply

    waoo !!!
    Pour commencer je tiens à te remercier pour tes efforts jusqu’à ce stade. Voilà qui aime sa culture et qui aime la faire remonter au plan international…
    Du courage à toi jeune ambitieux !

    • Delali Adzika, 24 août 2020 @ 9 h 01 min Reply

      Merci pour votre commentaire M. Donald. Ensemble avec MyAfricaInfos portons l’Afrique plus haut.

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